Scènes, chapitres & dan brown

Par William Potillion @scenarmag
La raison du chapitre

Vous avez planifié votre histoire. Il est temps maintenant d’en écrire les chapitres. La question qui se pose alors à l’auteur est de savoir ce que doit contenir ce chapitre.

Une ligne de conduite est de se fixer un objectif pour ce chapitre. Qu’essayez-vous de dire dans ce chapitre ? Qu’est-ce que ce chapitre essaie d’accomplir ?

Comme Dan Brown nous explique le thriller, il nous donne comme exemple que dans ce chapitre en particulier, je révélerai tel secret ou bien dans ce chapitre, je ferais tué tel personnage.
Ce sera l’une ou l’autre des situations. Chaque situation sera expliquée dans son propre chapitre.

D’où l’intérêt de consacrer le temps qu’il faut à planifier son histoire. Chaque moment important décelé lors de la planification deviendra l’objectif du chapitre censé le décrire.

Quelques lectures sur la planification :

Il est relativement aisé d’écrire un chapitre lorsque vous avez compris ce que vous cherchez à atteindre avec lui. Qu’il soit essentiellement axé sur une description ou qu’il soit chargé de dialogues, ce qui doit se produire dans ce chapitre sera le guide à suivre, ce à quoi il est destiné.

Dans un scénario, on ne dira peut-être pas chapitre. On parlera davantage de scènes. C’est la même chose. Pour écrire une scène ou un chapitre, il suffit de savoir à quoi elle servira.
Peut-être sera t-elle la scène où vous introduirez votre héros. Cette scène sera alors entièrement consacrée à sa présentation.

Ou encore, cette séquence sera celle d’une course-poursuite. Chaque chapitre, scène ou séquence possède sa propre accroche. Et selon Dan Brown, on doit prendre du plaisir à écrire un chapitre ou une scène. Ce qu’il entend par plaisir est que vous devez compliquer les choses.

Par exemple, dans un thriller, lorsqu’un personnage doit être tué, l’assassin pourrait l’attendre sur le pas de sa porte et lui tirer dessus. Trop simple pour Dan Brown. Aucun plaisir à décrire une telle scène.

A contrario, il faut prendre le temps de réaliser cet horrible acte. La victime se sentira menacée. Elle va fuir pour rester en vie. Le tueur la poursuivra. Ce qu’il faut, c’est de tenter de rendre les choses intéressantes et passionnantes pour le lecteur. C’est le divertir. Profitez-en pour explorer les lieux de la poursuite par exemple. Relevez les détails qui dépayseront votre lecteur. Le plaisir qu’il prendra à lire votre chapitre équivaudra celui que vous avez pris à l’écrire.

Musicalité

La montée en tension et le relâchement, le rythme sont des expressions et des effets que l’on trouve en musique comme en littérature. En musique aussi, il est question de structure.

Dan Brown compare l’écriture à la musique non pas tant par les effets que ces deux media communiquent au lecteur mais principalement parce que chacun de ces medium est capable d’apporter au lecteur ce qu’il veut.

Et ce que veut le lecteur, c’est effectivement par le moyen de la tension, du rythme, de la structure… que se crée un besoin que le morceau de musique ou l’écriture se chargera ensuite de satisfaire.

Un espace en creux

En musique comme en littérature, il doit exister une dynamique. Cette dynamique consiste essentiellement dans les variations d’intensité que la musique ou l’écriture sont capables de générer et de communiquer au lecteur ou à l’auditeur.

Concernant la tension par exemple, tout ne peut être fortissimo. Car cela éprouverait trop durement le lecteur ou l’auditeur qui lâcheraient alors prise.
Pour créer cette dynamique nécessaire, il faut des moments de montée en tension qui reviennent certes régulièrement mais comme il y a montée, la seconde nécessité ou l’effet de cette montée est de relâcher la tension inhérente aux situations décrites.

La tension peut se décrire en effet par fortissimo suivi de pianissimo. Après l’épreuve de la montée en tension, le lecteur a besoin de reprendre son souffle. Ce temps ménagé dans l’action est comme un espace en creux dans lequel le lecteur et l’auteur peuvent faire le point sur ce qu’il vient de se passer dans l’intrigue.

Ce sont ces moments de calme qui permettent de mettre en évidence, de justifier les moments où l’action, où l’intensité émotionnelle sont les plus forts.

C’est au cours de ces moments de calme que l’auteur peut décrire les détails plus intimes d’une relation ou encore permettre à son personnage d’exprimer son monologue intérieur (qui ne consiste pas seulement à dire ce qu’il a en tête mais aussi à dépeindre un comportement, une attitude, une posture face à un événement).

Ce qui illustre le mieux la personnalité d’un personnage ou qui explique pourquoi il agit comme il le fait ne peut prendre place dans le cours d’une action plus vive, plus rythmée.
Ces moments intimes doivent être partagés avec le lecteur pour que se crée entre lui et le personnage un certain sentiment d’attachement.

Il est bien de prévoir ouvertement des moments destinés à résonner chez le lecteur c’est-à-dire en lesquels le lecteur peut plus ou moins reconnaître des choses qu’il a vécues. Il faut lui donner ce temps du partage car dans l’action, son attention est toute entière orientée vers l’action justement.

C’est comme dans la vie réelle. Parfois, on prend le temps de regarder quelqu’un droit dans les yeux et on a alors ce sentiment que l’on connaît un peu mieux cette personne. Il n’en est pas autrement avec des personnages de fiction.

Cet espace en creux consiste à poser les personnages hors du chaos, pour leur permettre de se rencontrer en quelque sorte.

Chaque chapitre débute différemment

L’ouverture d’un chapitre ou d’une scène (c’est plus important s’il s’agit d’un chapitre ou d’une séquence que d’une scène dont le début est préférablement in media res, dans le cours d’une action déjà commencée) doit apporter quelque chose de nouveau.

Pour l’auteur, cette innovation consiste à se demander ce qu’il va apprendre à son lecteur au cours de ce chapitre. Est-ce le moment d’un nouveau conflit ? Est-ce une rencontre avec un nouveau personnage ? Est-ce la découverte d’un nouveau lieu où prendra place l’action décrite dans ce chapitre ? Un lieu dont les ramifications pourraient d’ailleurs s’étendre jusqu’à d’autres chapitres.

Pour Dan Brown, le début d’un nouveau chapitre doit surprendre le lecteur d’une manière plus ou moins marquée. L’idée est que le lecteur ne s’installe pas dans une sorte d’habitude parce que l’ennui ne tardera pas et l’envie d’en savoir plus, de continuer à tourner les pages, se tarira.

Le personnage dans ses retranchements

Selon Dan Brown, la recette est assez simple finalement. Poussez votre personnage jusque dans ses retranchements les plus déprimants et forcez-le à trouver le moyen de remonter la pente.
Du point de vue de l’inspiration, ce peut être aussi un bon exercice. Ne pas être tendre avec ses personnages peut aider l’auteur à trouver des solutions aux problèmes qu’il dépeint dans son histoire.

Enfin, Brown reconnaît que cela ne fonctionne pas à coup sûr mais quoi qu’il en soit, le personnage doit vraiment se sentir pris au piège d’une nasse apparemment si bien serrée que tout semblera perdu.

L’épreuve est la conséquence. La cause en est l’obstacle. Il pourrait paraître simple de poser un obstacle au pied de vos personnages. Cela vous barberait rapidement en tant qu’auteur.

Il faut de l’adversité. La vie des personnages ne devrait pas être facile.

Choisissez cependant des obstacles qui vous parlent, qui vous intéressent. Épreuves et défis qui vous passionnent, dont vous avez envie de parler, seront probablement ceux que votre lecteur aura envie d’entendre parce que vous allez les lui présenter d’une manière si chaleureuse, si passionnée que vous l’entraînerez avec vous.