Mort de Rutger Hauer !

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Nous apprenons bien tard (5 jours après ?!) la mort de l'acteur néerlandais Rutger Hauer qui nous a quitté le vendredi 19 juillet 2019 à l'âge de 75 ans.

Né en 1944 dans la province d'Utrecht au Pays-Bas, le jeune Rutger Oelsen Hauer est le fils de parents comédiens. Enfant il suivait ses parents sur leurs tournées théâtrales avec ses trois soeurs mais ils furent essentiellement élevés par leur nurse. Ado le jeune Rutger commet de nombreux délits et va jusqu'à fuguer à 15 ans et s'engage sur un cargo avec lequel il parcourt le monde. Mais il ne peut s'engager professionnellement car il s'avère daltonien et revient donc chez lui. Il travaille alors dans le bâtiment tandis que ses parents le pousse vers 1964 à suivre des cours de théâtre. En parallèle il rejoint une troupe itinérante de théâtre et obtient son diplôme en 1967.

Il obtient son premier rôle dans "Monsieur Hawarden" (1968) de Harry Kumel mais il est coupé au montage. Mais il a le pied à l'étrier et est choisi pour la série TV "Floris" (1969 - ci-dessous) de Paul Verhoeven, une sorte de Thierry la Fronde qui le fait connaître du public néerlandais.

Il devient un proche du réalisateur Paul Verhoeven qui lui propose son premier rôle principal dans ce qui peut être considéré comme son premier film, "Turkish Delices" (1973 - ci-dessous), un film à l'érotisme assumé qui reçoit un accueil critique excellent qui le fait remarquer au niveau international.

Il part ensuite tourner outre-Atlantique le drame "Le Vent de la Violence" (1975) de Ralph Nelson avec Sidney Poitier et Michael Caine avant de revenir pour "Keetje Tippel" (1975 - ci-dessous) de Paul Verhoeven.

A l'exception notable du film érotique français "La Donneuse" (1976) de et avec Jean-Marie Pallardy et le drame "Femme entre Chien et Loup" (1979) de André Delvaux, Rutger Hauer travaille surtout au Pays-bas où il retrouve régulièrement son ami Paul Verhoeven pour les films "Le Choix du Destin" (1977) puis "Spetters" (1980 - ci-dessous).

Il retrouve l'Amérique avec le polar "Les Faucons de la Nuit" (1981) de Bruce Malmuth, film mésestimé où il incarne un terroriste face à Sylvester Stallone. Dans la foulée il enchaîne avec le biopic franco-américain "Chanel Solitaire" (1981) de George Kaczender mais surtout il obtient le rôle du réplicant Roy Batty dans le chef d'oeuvre "Blade Runner" (1982 - ci-dessous) de Ridley Scott face à Harrison Ford. Le succès et la reconnaissance internationale arrive enfin, et entre à la postérité avec ce personnage mythique où il offre une improvisation pour une tirade cultissime (voir viédo en bas de l'article).

Cette fois il enchaîne sur ce qui reste et restera sa meilleure période avec "Eureka" (1983) de Nicholas Roeg, le film d'espionnage "Osterman Week-End" (1983) de Sam Peckinpah, le film heroic Fantasy sous-estimé et trop méconnu "Ladyhawke, Femme de la Nuit" (1985 - ci-dessous) de Richard Donner avec Michelle Pfeiffer...

Il tourne ensuite dans le sublime film médiéval "La Chair et le Sang" (1985 - ci-dessus) de Paul Verhoeven puis poursuite avec l'excellent thriller "Hitcher" (1986 - ci-dessous) de Robert Harmon sur lequel il retrouve sa partenaire Jennifer Jason Leigh incarnant ainsi deux fois de suite sa victime.

Rutger Hauer est alors au sommet de sa gloire...

Il joue ensuite dans le film "Mort ou Vif" (1987 - ci-dessous) de Gary Sherman où il incarne un justicier bourrin digne du Nanarland et qui émet l'idée qu'il est le petit-fils d'un certain Josh Randall alias Steve McQueen dans la série TV "Au Nom de la Loi" !...

Etonnament, ce dernier choix sonne déjà le glas des magnifiques années 80 pour lui. En effet l'acteur va ensuite surtout jouer dans des films mineurs, des téléfilms, films de séries B et/ou de seconde zone.

Il joue encore dans quelques bons films comme "La Légende du Saint-Buveur" (1988) de Ermanno Olmi ou le film de guerre "Le Sang des Héros" (1989) de David Webb Peoples mais on constate que certains de ses meilleurs rôles sont pour des téléfilms avec le très réussi "Les Rescapés de Sobibor" (1987 - ci-dessous) de Jack Gold et "Le Crépuscule des Aigles" (1994) de Christopher Menaul.

Le reste des années 90 sonnent clairement un déclin qu'on préférera omettre pour revenir à sa renaissance même si elle reste discrète et qui reste qualitativement bien en-deça de ses années 80.

Il apparaît d'abord dans "Confessions d'un Homme Dangereux" (2002) de et avec George Clooney, mais surtout il participe au sublime (2005 - ci-dessous) de Robert Rodriguez suivi de "Batman Begins" (2005) de Christopher Nolan. Ces deux super-productions ne lui offrent que des seconds rôles mais lui permettent de se réveiller au bons souvenirs du public et surtout à la nouvelle génération.

On peut citer "Minotaur" (2005) de Jonathan English, "Spoon" (2008) de Sharlto Copley, "Barberousse, l'Empereur de la Mort" (2009 - ci-dessous) de Renzo Martinelli... Il va ensuite tourner de plus en plus en multipliant les expériences et retrouve pour nombre d'entre eux des premiers rôles...

Il tourne coup sur coup "Le Rite" (2011) de Mikael Hafström, le film grindhouse "Hobo with a Shotgun" (2011) de Jaosn Eisener, "Bruegel, le Moulin et la Croix" (2011) de Lech Majewski, "Ingrid Jonker" (2011) de Paula Von Der Oest, "Le Village de Carton" (2011) de Ermanno Olmi et "Dracula 3D" (2012) de Dario Argento.

Pour sa fin de carrière il renoue pourtant avec le seconds rôles dans des productions très diverses avec (2015 - ci-dessous) de Roel Reiné, mais surtout il tourne pour la France avec la nanard "Gangsterdam" (2017) de Romain Lévy, pour le space opera "Valerian et la Cité des Mille Planète" (2017) de Luc Besson et, surtout, son dernier rôle sera pour "Les frères Sisters" (2018) de Jacques Audiard.

Rutger Hauer a toujours été très impliqué dans l'écologie, notamment il s'est battu pour la libération de Paul Watson président de l'ONG Sea Sheperd Conservation Society. Il a créée la Rutger Hauer Starfish Association pour la lutte contre le SIDA.

Il a sorti son autobiographie "All Those Moments" en 2007.

Il a eu une fille née en 1966 de son premier mariage, puis a épousé en seconde noce sa compagne depuis 1968 jusqu'à sa mort.

Rutger Hauer aura écumé les écrans depuis 4 décennies pour environ 170 rôles dont une moitié pour le cinéma. Il a été l'interprète de quelques personnages devenus mythiques auxquels il aura prêté son charisme extraordinaire. Il est dommage que sa carrière ait été autant en dents de scie au vu de sa présence et de son talent gigantesque.

Il aura marqué ç jamais le Septième Art, et sera à jamais l'amant Eric Vonk, le terroriste Reinhartd Heymar Wulfgar, le réplicant Roy Batty, l'espion John Tanner, le chevalier Etienne Navarre, le brigand Martin, le psychopathe John Ryder, le rescapé de Sobibor Alexander Pecherski, le SDF Andreas, le Cardinal Roark, Barbarossa, le clochard avec un flingue, le peintre Bruegel, le chasseur Van Helsing puis le Commodore...

Rutger Hauer, géant du Septième Art qui aurait mérité un peu plus de lumière, est mort ce vendredi 19 juillet 2019 à l'âge de 75 ans des suites d'une courte maladie, chez lui dans une petite commune de la province de Frise au Pays-Bas.