Co-production franco-germano-israélien qui voit le retour du réalisateur israélien Yuval Adler après son premier long métrage "Béthléem" (2014) qui a été multi-primé. Pour son nouveau film le cinéaste adapte le roman "The English Teacher" (2013) de Yiftach Reicher Atir : "Lorsque j'ai lu The English Teacher de Yiftach Reicher Atir, ex-agent du Mossad devenu romancier, j'ai été captivé. Son soin à décrire les conséquences psychologiques du travail de l'espion, son extrême souci du détail et son exploration de l'aspect personnel du renseignement d'origine humaine m'ont fasciné. Le roman s'inspire de véritables agents et de faits réels, si bien qu'il a été fortement censuré à sa parution en Israël"... Pour créer son agent du Mossad l'auteur avoue s'être inspiré de deux femmes, Sylvia Rafael (tout savoir ICI !) agent du Mossad dans les années 60-70, puis de Erika Chambers (tout savoir ICI !) agent de la fin des années 70... On suit donc Rachel, jeune femme sans attache apparente qui est recrutée par le Mossad, d'abord à Leizpig en Allemagne avant d'être infiltrée en Iran...
Le scénario se focalise sur trois personnages, Rachel incarnée par Diane Kruger qui a déjà abordé ce genre de sujet avec les films "Forces Spéciales" (2011) de Stephane Rybojad et "Infiltrator" (2016) de Brad Furman, son supérieur incarné par Martin Freeman vu récemment dans le rôle de Everett Ross dans "Captain America : Civil War" (2016) de frères Russoo et "Black Panther" (2018) de Ryan Coogler, puis moins connu, la "cible" joué par le canadien d'origine iranienne Cas Anvar vu dans (2013) de Oliver Hirschbiegel et dans (2015) de Lenny Abrahamson... Yuval Adler a choisi une narration sous forme de flash-backs au début avant d'évoluer doucement vers un récit linéaire. Pourquoi pas, mais ça manque de fluidité et par moment c'est même un peu fouillis. Mais le style réaliste fonctionne bien, et on se prend à s'attacher à Rachel qui n'a pas le profil habituel de ce genre de film, ensuite on apprécie également la triangulaire qui évolue subtilement. L'équilibre entre la routine quotidienne d'une expatriée infiltrée et sa mission d'un point de vue plus pratique est parfaite. Sur ce dernier point les rares moments de tension sont efficaces.
Mais le film a un défaut de taille, à savoir le jeu de Diane Kruger (une fois n'est pas coutume !). Est-ce sa faute ou celle du réalisateur qui accepte cette performance ?! En effet l'actrice joue une Rachel aux traits fatigués mais surtout qui semble toujours apeurée, à l'affût de façon très peu discrète se retournant sans cesse, montrant ostensiblement ses peurs et ses doutes ce qui n'est pas super pro quand on est censé être infiltrer et jouer un rôle de prof d'anglais ! On le remarque d'autant plus que son partenaire Martin Freeman est lui d'une sobriété et d'une finesse qui jure avec les rôles similaires dans des films précédents du genre, il est un supérieur plus ou moins lié à Rachel mais il reste digne et pudique. De plus, on aurait aimé en savoir un peu plus sur Rachel, car le fait qu'elle soit recrutée par le Mossad est une chose, le fait qu'elle accepte en est une autre. Néanmoins, l'intrigue est bien ficelée et reste prenante avec une fin particulièrement bien amenée tout en restant cohérente. Dommage que Rachel ne soit pas plus pro dans l'apparence et qu'on n'en apprenne pas plus sur elle. On est pas loin du grand film d'espionnage, statut qu'il aurait atteint avec un autre réalisateur.
Note :