SYNOPSIS: Astoria est une modeste et paisible cité portuaire de la Côte Ouest. Trop paisible au gré de ses jeunes habitants... " Il ne se passe jamais rien ici ", soupira un jour l'un d'eux, mélancolique. Mickey Walsh, treize ans, venait de prononcer une de ces phrases fatidiques qui annoncent parfois les aventures les plus étranges, les plus folles et les plus amusantes.
Ah, Les Goonies. Véritable œuvre culte pour les gamins des années 80, l'amblinisation souvent médiocre du divertissement old school actuel, avec comme symbole prégnant la série Stranger Things dont la saison 3 vient d'être diffusée sur Netflix, l'a en quelque sorte remise au goût du jour. Alors que le film vient justement d'être ajouté à la plateforme, il est intéressant de se demander ce qu'un regard vierge et actuel pourrait apporter à l'œuvre. Si ce regard révélerait une idéalisation d'un divertissement un peu trop enfantin ou au contraire s'il affirmerait sa supériorité sur les nombreux films qui ont tenté de jouer sur sa nostalgie. Produit par Steven Spielberg et réalisé par Richard Donner en 1985, Les Gonnies représente au fond l'illustration évidente de la fabrique " Amblin ", comme en atteste ce teaser retrouvé qui compile plusieurs films de la boîte pour former les lettres G.O.O.N.I.E.S.
Loin de n'être que de la promotion, ces références se retrouvent également dans le film, entre les gamins à vélo qui rappellent ceux d' E.T. (malgré une banlieue un peu moins reluisante), une référence implicite à Gremlins lors d'un appel téléphonique et la présence au casting de Corey Feldman, une référence cette fois particulièrement explicite avec un t-shirt comportant le " S " reconnaissable entre mille de Superman (également réalisé par Richard Donner en 1978), ou encore quelques signes distinctifs rappelant Indiana Jones dont notamment l'emploi au casting de Jonathan Ke Quan qui jouait Demi-Lune dans Indiana Jones et Le Temple Maudit. Quel scandale, on fustige les références de Stranger Things alors que Les Goonies faisait déjà la même chose en son temps ?
Oui mais non, la différence étant que les référence employées dans Les Goonies sont contemporaines au film. Combien de films aujourd'hui font référence à des œuvres de notre époque ? Dans Les Goonies, la référence n'est pas tournée vers le passé (excepté l'apparition de quelques images d'un ancien film de pirates à la télévision), mais participe au bouillonnement d'un ensemble de films qui s'auto-alimentent et dialoguent entre eux.
Pour revenir au film en lui-même, l'ensemble est plutôt bien rythmé, mais il est presque décevant que l'aventure à proprement parler ne démarre qu'à partir d'1h10 de métrage environ. La découverte du passage vers les sous-terrains dans son référent Indiana Jones et le tempe maudit était certes tardive également, mais elle était précédée d'une suite prodigieuse de péripéties qui ne laissait aucun temps mort. Dans Les Goonies il y a davantage de personnages à présenter, mais leur caractérisation est à vrai dire un peu faible, avec quelques gags vieillots notamment autour de Chunk qui rappelleront quelques horreurs de Hook. Pourtant, son interprète Jeff Cohen est celui qui s'en sort le mieux avec le talentueux Sean Astin, le reste du casting n'étant pas particulièrement aidé par des dialogues peu marquants. La quasi-totale absence des adultes, dispositif déjà à l'œuvre dans E.T., permet malgré tout un attachement assez rapide envers la bande, d'autant plus que leur apparition à la toute fin du film sera une idée payante au niveau émotionnel.
Ainsi, la première partie du film consiste en l'exploration pas vraiment palpitante d'une vieille habitation dans laquelle séjourne une famille de petits malfrats assez caricaturaux. Le spectateur est tenu en haleine par la promesse d'une carte au trésor, mais difficile de comprendre pourquoi Richard Donner met tant de temps à faire découvrir à ses personnages le passage vers le sous-terrain, préférant visiblement malmener Chunk et faire hésiter ses protagonistes. Néanmoins, une fois passé le speech plein d'enthousiasme de Mickey (la relative pauvreté sur le plan économique des personnages étant pour le coup une bonne idée narrative), le film prend pleinement son envol et embrasse sa condition de sous-Indiana Jones mélangé à une atmosphère de piraterie savoureuse. Les péripéties ne sont pas très originales mais le rythme devient d'une efficacité redoutable, les moments de respiration sont utilisés à bon escient pour développer les personnages, et la photographie met joliment en valeur la majesté de ce bateau abandonné. Au final, Les Goonies se suit sans déplaisir du début à la fin mis à part quelques gags un peu lourds, et rattrape sa première moitié un peu bancale par un divertissement tenant malgré tout ses promesses. Le film de Donner a certes un peu vieilli mais reste, avec les années, un des meilleurs représentant de la chasse aux trésors pour enfants.