Réalisatrice : Marielle Heller
Acteurs : Melissa McCarthy, Richard E.Grant, Dolly Wells, Ben Falcone,...Distributeur : Condor Distribution
Budget : 10 million $
Genre : Biopic
Nationalité : Americaine
Durée : 1h47min.
Synopsis:
Ancienne auteure à succès aujourd’hui sans le sou, Lee Israel se découvre par hasard un don exceptionnel : celui d’imiter à la perfection le style de grands romanciers. Avec l’aide de son ami Jack, elle monte une arnaque imparable: rédiger de fausses correspondances entre auteurs célèbres, que Jack revend à prix d’or aux collectionneurs new-yorkais. Grisés par le succès, les deux faussaires ne voient pas que le FBI commence à s’intéresser à eux…
Critique :
Sous ses attributs de film d'arnaque, #LesFaussairesdeManhattan dépasse le stade de la simple anecdote, le duo Melissa McCarthy/Richard E.Grant nappe la pellicule Allenienne de sa cinéaste d'une belle mélancolique ou rampe avec grâce la solitude d'une existence. (@Thiboune) pic.twitter.com/ShdN96r4eB— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) July 31, 2019
Si vous êtes attentif, Les Faussaires de Manhattan intitulé en VO Can You Ever Forgive Me devrait éveiller un - sans doute - vague souvenir. Le film réalisé par Marielle Heller était bel et bien en compétition lors de la dernière cérémonie des Oscars — meilleure actrice, meilleur acteur dans un second rôle et meilleur scénario adapté; mais dans ce monde mystérieux qu’est la distribution cinématographique le long-métrage ne sort que maintenant. Autant dire que sa carrière en salle sera - certainement - éclair et - probablement - peu flamboyante, et quand on voit le résultat on peut raisonnablement pester.
Cette adaptation des mémoires d’une falsificatrice donne corps à un film s’appuyant sur un récit prenant la forme d’un thriller d’arnaque. Dès lors, Les Faussaires de Manhattan s’amuse à cocher avec précision les codes du genre; entre la scène de « braquage » qui s’apparente ici a un vole de lettres ou encore la mise en place de son plan, l’exécution de son arnaque et les accrocs qui vont avec. Tout cela tend ainsi une toile de fond, car ce qui intéresse Marielle Heller n’est pas tant l’escroquerie à proprement parler, mais bien les personnages qui lui donne vie.
On pourrait définir Les Faussaires de Manhattan comme un Woody Allen dépressif. N’y voyait en rien un propos péjoratif, au contraire, on est comme happé par cet univers ou le jazz raisonne ou New York palpite, mais au milieu de cela la cinéaste scrute deux laissés pour compte, Lee Israel et Jack Hock. Sous une étonnante légèreté se cache pourtant une solitude rampante dessinée avec une belle élégance. Lee Israel, interprétée par une Melissa McCarthy n’ayant pas déméritait sa nomination aux Oscars, est une femme seule. Rongée par l’échec de sa carrière, elle n’a pas un physique réellement avantageux, boit beaucoup trop et n’a que faire d’être sympathique. Dans cette vie morose, elle n’a d’amour que pour son chat, en lisant ses lignes on pourrait croire que le personnage n’est qu’une accumulation de cliché, mais la délicatesse du trait fait toute la différence et fini par toucher. C’est peu ou prou la même chose pour Jack Hock, campé par un Richard E. Grant qui lui aussi ne déméritait pas sa nomination; homosexuel à la rue qui use de son empathie et trouve en Lee une sorte de miroir de lui-même.Ainsi, ce duo donne toute sa force du métrage qui parvient à dépasser le stade de l’anecdote. Les Faussaires de Manhattan peut ainsi s’émanciper des carcans du film d’arnaque pour se métamorphoser en une œuvre mélancolique qui s’imbibe de la solitude de ces êtres. Rien que pour cela, le film aurait mérité autre chose qu’une banale sortie en plein mois de juillet.
Thibaut Ciavarella