Après son premier long métrage "The Diary of a Teenage Girl" (2015), celle qui débuta comme comédienne, Marielle Heller revient en adaptant le roman autobiographique "Can You Ever Forgive Me ?" (2008) de Lee Israel. Cette dernière, auteure et surtout biographe qui a connu quelques succès, se voit plus ou moins contrainte d'user d'un talent unique pour vivre, à savoir imiter à la perfection le style épistolaire de grands écrivains (tout savoir ICI !). Le film relate donc la partie de la vie de Lee Israel où elle était au fond du gouffre et qu'elle s'est décidée, début des années 90, à arnaquer le monde élitiste des collectionneurs de correspondances épistolaires, mais aussi sa relation avec un ami gay peu regardant sur la légalité des choses.
Le film repose donc essentiellement sur ces deux personnages qui sont incarnés par la star Melissa McCarthy surtout connue pour des comédies notamment celles signées de Paul Feig avec "Mes Meilleures Amies" (2011), "Les Flingueuses" (2013), (2015) et "S.O.S. Fantômes" (2016), puis par Richard E. Grant excellent acteur vu de "Aux Sources du Nil" (1990) de Bob Rafelson à (2017) de James Mangold en passant par "Portrait de Femme" (1996) de Jane Campion et "Gosford Park" (2001) de Robert Altman... La première partie installe le personnage de Lee Israel, soit une auteure râtée misanthrope qui s'est réfugiée dans l'alcool et n'a d'amour que pour son chat. Elle rencontre ensuite un gay qui semble devenir le seul ami (et vice versa !) qu'elle n'a jamais eu, et dont le ciment reste refaire le monde sur fond d'alcool. On commence a se demander si il y avait vraiment matière à raconter quelque chose de vraiment intéressant dans la vie de Lee Israel, tandis qu'on remarque que la cinéaste use et abuse d'un décor et d'un photographie volontairement laid, presque anachronique puisqu'on pense surtout à du seventies sale et délavé comme pour bien insister lourdement sur le fait que Lee Israel est dans une phase de sa vie où la dépression rime avec alcoolisme et le manque d'hygiène.
On aura connu plus subtil. L'histoire repose sur des paramètres, la relation amicale et les falsifications/vols de courriers épistolaires. Il est évident que le second est ce qui rend le film intéressant mais malheureusement Marielle Heller semble plutôt focalisée sur l'amitié qui lie Lee Israel à cet espèce de dandy gay dépravé. Pourtant ce dernier est à peine développé alors même que l'arnaque littéraire se retrouve en second plan. Incompréhension totale... Le processus de falsification est survolé, le vol des lettres est résumé à une scène facile de 4mn, le FBI arrive tranquillement sans qu'on ait pu apprécier (ou non !) un soupçon d'enquête. Bref, le film est surtout composé de deux amis aigris qui se biturent et l'alcool ça coûte cher d'où l'apparition de quelques lettres par-ci par-là. Les deux acteurs sont très bons et forment un couple parfois savoureux mais ils ne sont pas aidés par une réalisatrice qui n'a pas les épaules nécessaires à la dimension du potentiel de cette histoire. Par exemple on aurait aimé plonger un peu plus dans le processus technique et artistique de l'arnaque, et surtout sentir de façon plus palpable le lien artistique et littéraire qui unit Lee Israel et les "lettres" (dans tous les sens du terme). Bémol également sur la musique, parfois pompeuse parfois simplement insignifiante. En conclusion un film pas dénué d'intérêt mais qui s'égare en chemin pour ne pas raconter ce qu'il y a de plus intéressant ce qui devient forcément ennuyeux.
Note :