Nouveau et troisième long métrage pour Amanda Sthers, qui signe une production franco-belge avec un casting international prestigieux. Après son premier film, "Je vais te manquer" (2009) qui n'a pas franchement rencontré le succès elle avait déjà signé un film français avec un casting prestigieux pour le film "Madame" (2017) avec Rossy De Palma et Harvey Keitel. Surprenant que d'avoir un casting si étoffé pour une réalisatrice française peu connue, mais il faut rappeler que Amanda Sthers est une cousine de Yann Quéffelec, elle est romancière, auteure, scénariste, qu'elle a écrit aussi pour la série TV "Caméra Café", qu'elle a écrit des pièces de théâtre et qu'après être parti vivre à Los Angeles suite au choc des attentats de Paris en 2015 elle a aussi été élu "écrivain la plus sexy du monde" par le magazine Vanity Fair... Bref, Amanda Sthers a plus d'une corde à son arc et en profite pour adapter son roman "Les Terres Saintes" (2010), qu'elle s'est décidé à porter au cinéma après avoir lu un article du Monde Diplomatique sur l'élevage de porc en Israël pour rebuter les terroristes islamistes : "Pour une fois, les musulmans et les rabbins étaient d'accord - enfin, ils étaient contre quelque chose, mais du moins étaient-ils d'accord sur le fait d'être contre. J'ai trouvé ça hilarant, et je me suis mise à réfléchir aux limites de la tolérance dont peuvent faire preuve les gens."...
On suit donc Harry, new-yorkais juif à la retraite qui décide soudainement de partir en Israël élever des porcs. Il laisse son ex-femme qui souffre d'un cancer, ses deux grands enfants tandis qu'il va devient ami d'un rabbin... Ce Harry est incarné par James Caan, le rabbin est joué par Tom Hollander vu récemment dans (2018) de Susanne Bier et "Bohemian Rhapsody" (2018) de Bryan Singer. L'épouse est jouée par Rosanna Arquette, un fils par Jonathan Rhys-Meyers. On reconnaitra des acteurs français dont Reem Kherici, Raphaël Mezrahi et un certain Patrick Bruel (qui fut l'époux de la cinéaste de 2004 à 2007)... Le tournage a eu lieu essentiellement en Belgique et en Israël, l'histoire se déroulant sur trois pays et impliquant cinq personnages principaux la réalisatrice a opté une lumière particulière pour chaque pays, ton chaud pour Israël, gris-blanc pour la Belgique et le bleu métallique pour New-York. Si le speech se focalise sur l'éleveur de cochon et son amitié avec le rabbin on comprend très vite qu'en fait il n'y a pas deux rôles principaux mais cinq, la famille entière est au centre du récit. Le film est donc, en vérité, un film qui relate le destin des membres d'une famille à une période bien spécifique ou chacun se retrouve à une porte charnière de sa vie quasi au même moment. C'est un peu gros les coïncidences, et ajoutés aux clichés à tous les étages le récit devient vite lourd et boursouflé. Un père qui ne parle plus à son fils gay et qui part élevé des cochons dans un pays religieusement hostile, un fils gay qui a un désir d'enfant qui vient d'écrire une pièce de théâtre dont l'inspiration est sa relation avec son père, une fille enceinte alors que sa mère tombe malade...
Finalement le seul qui sort du lot est le rabbin qui n'est pas, bizarrement, à l'image habituel qu'on a du rabbin israélien. Le scénario s'éparpille donc sur trop de sujets sans franchement développé, que ce soit sur la question gay ou sur la religion juive on ne sait jamais vraiment où veut nous emmener la réalistrice. Amanda Sthers signe un film très et trop posé, elle se regarde filmer pour une histoire familiale trop inégale jusque dans son rythme qui mène souvent à l'ennui. Les meilleures parties sont celles avec le rabbin, et de loin. Par ailleurs tous les acteurs ne semblent pas investis au même niveau, on pense surtout à l'excellent Jonathan Rhys Meyer qui semble se demander pourquoi il a accepté de faire ce film. Néanmoins, le film remporte quelques prix dont la meilleure adaptation et la meilleure photographie au Festival Downton de Los Angeles. En conclusion un film un peu vain à vouloir aborder trop de sujet sans approfondir.
Note :