Zatoichi est un guerrier aveugle, héros d'une saga littéraire de Kan Shimozawa qui a déjà connu plusieurs adaptations notamment une série 26 films entre 1962 et 1989 avec l'acteur Shintaro Katsu. Après une longue pose, c'est madame Chieko Saito qui désire relancer la franchise après la mort de Shintaro Katsu en 1997 dont elle était une intime. co-productrice elle veut le réalisateur renommé Takeshi Kitano pour réaliser mais aussi pour être le nouveau visage de Zatoichi. Si Kitano était intéressé par la réalisation il a fallu toute la ténacité de Chieko Saito pour qu'il accepte de le jouer, à ses conditions néanmoins ! Kitano explique donc : "Zatoichi de Katsu avait les cheveux sombres, était habillé dans un kimono très coloré et portait une canne-épée marron. Cette apparence physique avait très bien fonctionné en son temps mais je tenais à m'en éloigner de manière ostentatoire. Mon Zatoichi est un homme plus coquet et excentrique. ses cheveux sont blond platine et sa canne-épée d'un beau rouge sang. De même, en terme de caractère et de mentalité, il est nettement plus détaché des autres personnages sur le plan émotionnel. Le Zatoichi de Shintaro Katsu avait un côté réconfortant dans les relations qu'il avait avec les villageois. Le mien ne se mêle pas vraiment aux gentils. Il se contente de pourfendre les méchants."...
Donc Takeshi Kitano assume les casquettes réalisateur-acteur comme sur ses précédents films comme "Violent Cop" (1989), "A Scene at the Sea" (2001) et "Aniki, mon Frère" (2000). A ses côtés on notera les présences de Tadanobu Asano qui retrouve ainsi Kitano avec qui ila joué dans "Tabou" (1999) de Nagisa Oshima et qui connait le succès aussi avec "Ichi The Killer" (2003) de Takashi Miike, puis le cinéaste offre un second rôle de geisha à sa compagne Yuko Daike. Au début on a bien du mal à saisir où veut nous mener Takeshi Kitano. Le scénario est un peu alambiqué, tentant sans doute de noyer le poisson avec entre autres trois autres personnages centraux, un ronin et deux geishas. Mais il faut un certain temps avant de remettre les choses dans le bon ordre. Ces interrogations sont amplifiés à cause d'un rythme monotone et saccadé qui est entrecoupé (pour ne pas dire chapitré) par des scènes de combat plutôt ennuyeux.
Un des gros défaut sont les effets spéciaux "sanguins", où on remarque les sabres et leurs blessures créés en images de synthèse, c'est tout simplement maladroit et râté ! Par là même, trop de coups de sabre sont bien mal intégrés dans les chorégraphies se qui crée une sensation trop irréaliste voir même ridicule. Et pourtant, bien que la construction narrative ne soit pas des plus singuliers l'intrigue et sous-intrigues permettent une belle densité avec une pléïade de personnages. Mais surtout la photographie est magnifique et kitano signe une mise en scène inspirée dont un bel hommage à "Les 7 Samouraïs" (1957) de Akira Kurosawa. Le pire réside dans cette idée saugrenue d'ajouter des séquences musicales de claquettes ! Un charivari complètement hors sujet, dans le fond comme dans la forme, qui nous rappelle surtout l'Irlande de surcroît ! Incompréhensible... En conlusion une renaissance du mythe qui ne manque pas de charme et d'idées mais qui est aussi parfois bizarre et/ou maladroit. Un râtage dû à une trop forte ébullition malgré le potentiel. Dommage...
Note :