Pourquoi voir The Operative ?

Le cinéma israelien est un cinéma qui souffre de préjugés, peu connu du grand public, le cinéma israélien a pourtant livré des films comme Les Citronniers, Tu n'aimeras point, La Visite de la fanfare, The Bubble, Valse avec Bachir, Beaufort, Avanim et le récent Foxtrot.

Pour beaucoup, le cinéma israélien inonde de films de propagandes, il n'en n'est rien, c'est même tout l'inverse, le cinéma israélien est engagé, il décrypte la société israélienne tout en mettant en lumière les problème d'un pays en proie aux conflits.

The Operative est l'adaptation du roman The English Teacher de Yiftach Reicher Atir, l’ancien agent de renseignements israélien devenu romancier, raconte dans son livre l'expérience de plusieurs agents du Mossad infiltrés au Moyen-Orient.

Condensé de témoignages de femmes qui ont risqué leur vie pour leur pays, ce roman a attiré l’œil du réalisateur Yuval Adler, le cinéaste israélien livre ici sa deuxième réalisation après le remarqué Bethléem, son premier long métrage qui racontait l'histoire entre un agent des services secrets israéliens et son informateur palestinien, film qui a remporté le Grand Prix de la sélection parallèle "Giornate degli Autori" à Mostra de Venise en 2013.

Réalisateur mais également scénariste, il signe d'ailleurs le scénario de ses deux longs métrages, Yuval Adler a étudié la physique et les mathématiques à l’Université de Tel-Aviv et a obtenu un doctorat en philosophie à l’Université Columbia à New York, il est également passionné de photographie et de sculpture, il a d'ailleurs exposé ses œuvres dans plusieurs galerie avant de se consacrer au 7ème art.

The Operative encre sont histoire à la fin des années 2000, une période où le monde craignait que l'Iran se dote de l'arme atomique, le Mossad contact Thomas (Martin Freeman) pour retrouver Rachel (Diane Kruger), une ex-espionne infiltrée à Téhéran, en sa qualité d'officier traitant, Thomas connaît bien Rachel et va tout faire pour la ramener vivante mais l'ennemie n'est pas celui qu'il croit.

Thomas est un Juif anglais qui vit à Berlin, ne parlant pas hébreux, les autres agents du Mossad ne le considèrent pas vraiment comme l'un des leurs, il est l'officier traitant de Rachel, une jeune femme qui elle aussi une pièce rapportée, elle n'a pas d'attaches, ce qui en fait une parfaite recrue pour devenir agent secret mais également un électron libre.

Elle voit dans cette expérience très risquée d'infiltration en Iran, une opportunité de vivre une autre vie avant de se rendre compte que rien n'est rose dans un monde fait de secrets et de coup de couteau dans le dos.

Dans The Operative le spectateur suit les relations complexes entre Rachel et Thomas mais également entre Rachel et Farhad, homme d'affaires iranien qui est la source de Rachel sans le savoir.

The Operative ne doit pas être comparer à un volet de la saga James Bond, Jason Bourne ou encore Mission Impossible, le film de Yuval Adler est un récit d'espionnage qui tranche des célèbres longs métrages cités précédemment, réaliste voir quasiment documentaire, The Opérative s’intéresse aux agents infiltrés, leurs missions, leurs vies sur le terrains, leurs sentiments, leurs doutes, leur humanité.

L'interprétation de Diane Kruger est d'une grande justesse, elle retranscrit parfaitement toute la complexité du personnage de Rachel, une espionne tiraillée de toutes parts entre sa mission, ses sentiments et sa conscience, une performance qui montre que les espions ne sont pas des machines mais bien des humains.

Le reste du casting livre également de belles performances comme Martin Freeman qui incarne Thomas, lui aussi est tirailllé entre sa loyauté au Mossad et à Rachel, il devra faire un choix qui bouleversera à jamais sa vie, Cas Anvar est également parfait dans son role de playboy entrepreneur qui montre au monde une autre facette de la vie en Iran.

Dans The Operative les méchants ne sont pas ceux qu'on croit, ici les iraniens ne sont pas des terroristes en puissances au contraire, par contre certains agents du Mossad ne sont pas des saints et pour eux la loyauté est un mot inconnu, le cinéma israélien contrairement aux idées reçues les méchants sont très rarement les palestiniens ou d'autres voisins d’Israël mais bel et bien la politique du gouvernement, Yuval Adler dépeind ici le Mossad comme une organisation froide, sans âme et jusqu'au-boutiste.

Autre élément intéressant dans le film est le fait que certains personnages ne parlent pas la mêmes langues, ici se côtoient anglais, hébreu, arabes et allemand, un point qui renforce le coté réaliste du film car certains longs métrages oublient que l'anglais n'est pas la langue universelle.

Le rythme du film est très lent, il pose les fondements de cette intrigue qui nous livre le quotidien d’une agent infiltrée du Mossad, la musique du film composée par Haim Frank Ilfman (Ghost Stories, Big Bad Wolves) renforce le rythme du film et enveloppe le spectateur dans un voyage à travers les mensonges et les feux-semblants.

The Operative est un film sobre dénué d'effets grandioses, un film réaliste sur la vie d'espionne, une vie à mille lieues du célèbre James Bond, une vie rythmée par les rapports et l'angoisse, on pourrait reprocher au réalisateur quelques scènes qui font traîner le film en longueur mais l'ensemble de ce long métrage est une réussite.

Avec The Operative on ne sait plus où commence la réalité et où fini la fiction tant le film de Yuval Adler est réaliste, une plongée au cœur des services de renseignements.

Synopsis :

Anecdotes

The Operative est un film israélo-américano-germano-français.

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