Les personnages chez shonda rhimes

Il est important que l’ensemble des personnages s’harmonisent. Tout élément dramatique et non seulement les personnages participent au tout, c’est-à-dire à l’histoire.
L’harmonie ne signifie pas une bonne entente. Les différentes personnalités travailleront de concert afin de supporter l’histoire. Et ce peut être des personnalités tout à fait opposées dont la seule articulation est une opposition marquée. Ou bien ce peut être encore une relation de dépendance d’un personnage envers un autre.

Deux personnages peuvent exister simplement pour présenter un contraste afin d’expliciter encore davantage l’intrigue.

Un contraste

Attardons-nous un instant sur le contraste. Contraste signifie différence. Et cette différence est souvent manifeste. Par exemple, le héros et le méchant de l’histoire. En effet, le protagoniste et l’antagoniste n’ont pas être forcément dans une relation d’opposition, dans un conflit direct pour que l’intrigue continue à faire sens. Ils peuvent avoir le même but mais utiliser des moyens différents pour y parvenir. La différence devient alors singulièrement significative du message de l’auteur.

Par exemple, les personnages des Simpsons se construisent sur le contraste. Homer est particulièrement stupide alors que Lisa est intelligente. Physiquement, Homer est à l’opposé de Lisa. Alors que Homer est quelqu’un de plutôt indolent, Lisa est manifestement ambitieuse.
Ces détails physiques et psychologiques sont le fruit d’une recherche de contraste pour satisfaire aux exigences de l’histoire.

Les relations entre les personnages sont ce qui permet au lecteur de comprendre qui ils sont. Concrètement, lorsque vous envisagez une relation entre deux personnages, posez sur le papier en quelques lignes la nature de cette relation. Cela peut vous aider à éclairer quelque peu la nature profonde d’un personnage parce que l’on n’est jamais mieux défini que par le regard de l’autre.

Des personnages dans le monde

Vous avez créé un monde. Dans ce monde, il y a les personnages qui se plient aux règles et normes imposés par le monde. Et puis il y a ceux qui ne les accepteront pas. Habituellement, le personnage principal est de ceux-là.

Pour Shonda Rhimes, en quelque sorte vous posez une morale. Cela implique que vous ayez un personnage qui oriente le lecteur sur ce qui est bien et sur ce qui est mal dans votre monde. Rhimes prend l’exemple de Grey’s Anatomy.

personnages Miranda Bailey est la Chef de chirurgie. Cette autorité lui confère un ascendant sur les autres personnages. Tout ce qu’elle fait et dit est accepté sans réserve à la fois par les personnages mais aussi par le lecteur/spectateur. On ne met pas en doute Miranda Bailey.

Ce n’est évidemment pas le cas de Alex. Chez lui, le doute est permis. Et cet effet est bien sûr recherché.

personnages

La relation entre Alex et Meredith est importante aussi dans la définition de ces deux personnages. Meredith se confie à Alex. Entre elle et lui, il y a une relation de dépendance dont Meredith a besoin.
Dans sa relation à Bailey, nous aurons une opposition parce que Miranda par sa position même dans la hiérarchie des personnages peut proclamer ce qui est bien ou ce qui est mal et qui doit être accepté pour que l’histoire fasse sens. L’auteur n’attend pas la critique du lecteur sur cet aspect du personnage mais il a besoin de la relation entre, dans cet exemple, Meredith et Miranda afin d’exposer au lecteur son monde.

Vous pouvez donc dans un premier temps survoler rapidement la personnalité de vos personnages mais ce sera essentiellement lorsque vous travaillerez les relations qui existeront nécessairement entre eux que vous apprendrez à les connaître intimement.

Des personnages proactifs

Pour Shonda Rhimes (et elle n’est pas la seule à penser cela), ce sont les personnages qui font que les choses arrivent. Ils ne les subissent pas. Ils agissent.

Pourtant, l’auteur aura tendance à protéger ses personnages. Il hésite à les mettre en danger. Il a une attitude protectrice envers eux.

Il faut résister à cet instinct maternel. Cela ne signifie pas que vous manquerez de compassion envers eux. Il faut simplement les laisser s’exprimer selon leur nature. Et vous devez faire attention à qui ils sont. Parce que leur destinée est de progresser dans le monde dans lequel vous les avez jetés.
Ils évolueront et pour cela ils doivent prendre des risques. Ne laissez pas un personnage dans l’ombre de votre monde.

Mettez-le dans la clarté des événements auxquels ils participent activement s’il ne les initie pas personnellement. Et comme son action aura un prix à payer, soyez prêt à l’assumer. Ne sur-protégez pas vos personnages.

Une évolution naturelle

Shonda Rhimes est scénariste de séries télévisées. Pour elle, un personnage doit évoluer soit au cours d’un même épisode ou bien à mi-saison ou encore à la fin de la saison (ou au fil des saisons).
Mais ce changement progressif de la personnalité de ce personnage ou de son point de vue sur le monde est inévitable.

Pour qu’il soit naturel, ce changement doit être progressif. C’est l’accumulation de ses expériences qui font qu’un personnage devient autre. Même si par manque de place, un personnage n’a que quelques lignes de dialogue lors du pilote de la série, cela n’impose nullement que ce personnage n’aura pas une grande destinée par la suite. Notez aussi que ces expériences seront par nature conflictuelles.

C’est définitivement dans la relation à l’autre que le développement des personnages peut s’énoncer. Les différentes étapes du changement seront aussi indiquées au fur et à mesure de l’avancée des choses (d’épisodes en épisodes par exemple).

Sinon, je vous renvoie à la théorie narrative Dramatica pour les notions de Signpost et autres Benchmarks qui sont vraiment utiles à l’auteur une fois maîtrisées. Non seulement les personnages doivent évoluer mais le lecteur/spectateur doit en être conscient et s’apercevoir des moments où ils changent et pourquoi ils changent maintenant et pas avant.

La mort des personnages

Au cours des saisons ou au fil d’une saison, la mort d’un ou de plusieurs personnages s’imposera d’elle-même. L’auteur aura l’intuition de la nécessité de cette mort selon Shonda Rhimes. Contrairement aux fables ou autres contes moraux, la mort est partie intégrante de la fiction. Comme dans la vie réelle, elle est omniprésente. L’homme est mortel.

La mort n’est pas un choix. L’auteur doit s’y résigner et au fil des saisons, il doit connaître d’abord ceux de ses personnages chéris qui devront mourir. The show must go on.

Vous constaterez souvent aussi que l’évolution d’un personnage passe par la mort d’un autre.

Seul compte le voyage du personnage

Pour chacun des personnages, il est crucial de savoir ce qu’ils veulent et ce dont ils ont besoin. Un personnage est fait de matières. Il est tout empli de croyances, de besoins, d’opinions, de souffrances aussi qui sont autant des forces que des faiblesses.

Toutes ces matières que d’aucuns nomment des couches psychologiques participent activement au parcours des personnages au fil de l’histoire. Gardons en tête cependant que ce que veut un personnage est ce qu’il pense qu’il veut. Ce dont il a besoin est ce qu’il pense dont il a besoin.
Il existe un nécessaire angle de vue pour chaque personnage. Chacun d’entre eux voit le monde à sa manière et aussi selon la portée dont il se sent capable.

Prenons un croyant par exemple. S’il se retrouve dans la fournaise de l’épreuve, il peut vouloir tenter Dieu en lui demandant pourquoi il l’a abandonné.

Une autre attitude est cependant possible aussi pour ce même croyant. L’épreuve peut renforcer sa foi en Dieu. Les Cathares par exemple n’attendaient que la délivrance. L’intolérance terrible dont ils ont souffert n’a en rien affaibli leur croyance.

Plus vous connaîtrez intimement vos personnages et plus il sera facile de connaître leur comportement en toutes circonstances. Cela semble évident mais c’est loin d’être chose facile à atteindre. Mais cette exploration est passionnante.