Premier rendez-vous

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Gaumont pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Premier rendez-vous » de Henri Decoin.

« Il emploie parfaitement l’imparfait du subjonctif. Ce doit être quelqu’un de très bien. Peut-être même un noble ! »

Micheline vit dans un orphelinat. Cette jeune collégienne, à la recherche d’affection et de réconfort, répond à une petite annonce et se rend à un rendez-vous dans un café.

Elle y rencontre un professeur d’âge mûr. Celui-ci, timide et conscient de la déception de Micheline, se dérobe au profit de son neveu, Pierre, un jeune homme qui devient le prince charmant.

« J’ai écrit car c’est tellement triste de ne jamais recevoir de lettre, de n’avoir personne qui s’intéresse à vous »

La défaite militaire française du printemps 1940 a aussi pour conséquence la mise sous tutelle de l’industrie cinématographique française par l’occupant allemand. Sur décision expresse de Goebbels sera ainsi créée la Continental Films, société de production de films à capitaux allemands, dont l’objectif sera de produire des films en français pour divertir et endormir les consciences des spectateurs français. Mais en dépit de nombreux refus (Guitry, Prévert…), la Continental Films parvient à s’adjoindre les services de plusieurs réalisateurs expérimentés (André Cayatte, Christian-Jaque, Maurice Tourneur, Fernandel…) dont Henri Decoin, aventurier notoire (il fut tour à tour nageur olympique, journaliste, pionnier de l’aviation durant la première guerre mondiale…) devenu l’un des cinéastes en vue des années 30 (« Le domino vert », « Retour à l’aube »).

« Si c’était vous qui m’aviez attendu dans ce café, mon premier rendez-vous aurait été merveilleux »

Après des débuts plutôt placés sous le signe du drame mélancolique (« L’assassinat du Père Noël » de Christian-Jaque puis « Le dernier des six » de Georges Lacombe), « Premier rendez-vous » permet à la Continental Films d’aborder un registre plus léger. Et tandis que la France connait ses premières privations, Decoin divertit le public avec ce pétillant marivaudage, basé sur un délicieux quiproquo lié à l'identité des personnages (une jeune orpheline entretien un correspondance amoureuse avec un homme qui n’est pas celui qu’elle croit). Le cinéaste peut en cela s’appuyer sur des dialogues parfaitement ciselés, un rythme soutenu et des comédiens en tout point charmant, à commencer par sa jeune épouse Danielle Darrieux (qu’il avait déjà dirigé dans son précédent film « Battement de cœur » sorti juste avant la défaite), formidable en ingénue naïve et maladroite (scène très drôle quand elle essaye de jouer les grandes habituées dans le bar en commandant un « Mannatham »), et le tout jeune Louis Jourdan. Mais au-delà même de cette ambiance très joyeuse, appuyée par un scénario malin mais cousu de fil blanc, on s’étonne de voir les parisiens filmés comme si la guerre et l’occupation n’existait pas (les personnages se régalent d’un cassoulet, roulent de jour comme de nuit comme si l’essence n’était pas rationné et le tout sans jamais voir un soldat allemand). Toute juste regrettera-t-on ça et là les quelques scènes chantées, un peu trop désuète et finalement assez inutiles. Une agréable bluette au charme suranné donc, dans laquelle les spectateurs avertis reconnaitront les débutants Daniel Gélin et Georges Marchal.

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Le DVD : Le film est présenté en version restaurée dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale française (2.0) ainsi qu’en audiodescription. Des sous-titres français pour malentendants et anglais sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de « Battement de cinéma » : Documentaire inédit de Roland-Jean Charna.

Edité par Gaumont, « Premier rendez-vous » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 15 mai 2019.

Le site Internet de Gaumont est ici. Sa page Facebook est ici.