Critiques en séries de l’été, de Stranger Things à The Boys

Par Fredp @FredMyscreens

Ce n’est pas parce que c’est l’été que les producteur mettent en pause leurs séries. Au contraire, vu qu’il ‘y a moins de blockbusters au ciné, ils en profitent pour nous laisser scotchés au petit écran. On parle donc des nouvelles saisons de Stranger Things, Pose, MindhunterBig Little Lies, Glow et Handmaids Tale, de la conclusion d’Orange is the new black, de la relecture netflix des chevaliers du zodiaque et surtout les nouveautés the Loudest VoiceEuphoria et The Boys.

Stranger Things 3

Passé de petit phénomène inattendu à gros blockbuster de la plateforme Netflix, Stranger Things a donc dévoilé une nouvelle saison le 4 juillet. L’occasion pour les gamins de Hawkings de toujours faire face aux monstres de l’upside down.  Et si les parcours des gamins sont plutôt sympas (en particulier le sympathique petit trio Dustin-Steven-Robin), que la réalisation est bien travaillée avec un monstre particulièrement horrible, il serait tout de même temps que tout le monde admette que la série tourne à vide sur ses références amenées de manière de plus en plus grotesques. Bon, les 8 épisodes se regardent sans déplaisir, mais il serait temps de boucler l’histoire.

The Boys

Ça y est, Amazon Prime Video tient peut-être enfin sa locomotive avec la série de super(héros décalés adaptés du comics de Garth Ennis. Et si l’on sent parfois encore des limites de budget, c’est bien compensé par une écriture subversive à souhait. Oui, les créateurs mettent un bon coup de pied dans la fourmilière super-héroïque avec cette histoire de renégats de la CIA qui vont tenter de révéler les dessous d’un groupe qui rappelle fortement la Justice League. Ça commence avec du harcèlement sexuel pour faire partie du groupe et un équivalent de Flash drogué, ça finit par un simili-Superman complètement cinglé. Donc oui, c’est une petite réussite qui correspond parfaitement à l’ère cynique dans laquelle nous nous trouvons avec une violence qui fait réfléchir sur notre monde. On a hâte de voir la seconde saison.

Euphoria

HBO n’en finit pas avec les séries de qualité cette année. Et même lorsque la chaîne s’attaque au teen show, elle met les meilleurs sur le sujets. C’est donc Sam Levinson (fils de Barry) qui adapte pour la chaîne une série israelienne en y apportant sans touche. On y suit donc Rue, lycéenne paumée après une cure de désintox, et ses camarades qui naviguent tous entre sexe, drogue, réseaux sociaux, violence et fausses histoires d’amour.

Mais ne vous attendez pas pour autant à un Skins, car ici les curseurs sont encore plus poussés. La série porte bien son nom tant les épisodes entraînent aussi chez le spectateur une atmosphère assez planante qui arrive à faire passer les horreurs que l’on voit tout en méditant dessus, et à rendre aussi certains instants purement poétiques. La réalisation est pour cela assez fabuleuse et Zendaya dans le rôle principal déjoue tous les pronostics dans sa performance. Encore une série immanquable chez HBO.

The Handmaid’s Tale – saison 3

Après une formidable première saison à glacer le sang, et une deuxième saison qui commençait déjà à ne pas savoir où aller sans base littéraire sur laquelle se reposer. Si l’espoir semblait permis cette troisième saison avec une June plus remontée que jamais mais aussi une vision de l’extérieur de Gilead, on désenchante vite. A nouveau la série tombe dans ses travers en insistant plus que de raison sur les tortures faites aux femmes, et surtout perd de plus en plus en crédibilité quand les autorités passent si aisément toutes les incartades de June. Même la réalisation pesante n’est plus aussi impactante en multipliant les gros plans face caméra de l’héroïne. Attention, la série risque bien de devenir son propre cliché et de ne plus servir son propre propos.

Mais heureusement, les derniers épisodes permettent enfin de débloquer la situation en explorant les fragilité du couple Waterford et surtout en montrant enfin une June qui agit non plus égoïstement mais pour une cause qui la dépasse. Certes, c’est avancé parfois avec de gros sabots, mais a fait bien avancer l’histoire et la dramaturgie de la série avec l’émotion dont elle avait besoin. Enfin !

Big Little Lies – saison 2

Ce devait être une mini-série, mais là aussi, malgré l’absence de suite au livre, HBO a tout de même lancé une suite à sa vision des desperate housewives. Si la première saison mettait un peu de temps pour que nous accrochions aux personnages, c’est maintenant chose faite et elle permet de plonger tout de suite aux coeur du sujet, soit les remords et le deuil suite aux tragiques événements et révélations du final précédent. En allant à l’essentiel (suite à un remontage évacuant la réalisatrice Andrea Arnold), la série gagne en rythme sans trop se perdre dans le fond, à l’image d’un procès tendu. Alors effectivement, on sent tout de même toujours que les actrices ne sont là que grappiller des Emmys (n’est-ce pas Meryl Streep) et le discours sur les mères à l’origine du comportement violent de leurs enfants est assez mal venu. Cependant tout cela se fait voler la vedette par la seule qui sort de sa zone de confort : Laura Dern, qui mériterait presque un spin-off.

Pose – saison 2

La première saison de Pose nous permettait de découvrir l’univers des ballrooms des années 80 et des difficultés pour les personnes transsexuelles. Elle permettait aussi de découvrir Blanca et de voir comment elle allait fonder une famille, ce qui en faisait clairement un . Dans cette seconde saison, nous allons voir comment elle continue d’éduquer ses enfants adoptifs et comment elle va apprendre à les voir voler de leurs propres ailes alors que le voguing devient tendance et le que Sida fait des ravage.

Encore plus engagés mais avec aussi encore plus de bienveillance pour ses personnages, les 10 épisodes ne se regardent pas sans verser quelques larmes. C’est bien normal, les sacrifices sont nombreux mais nous permettent de nous attacher toujours plus à une galerie de personnages vulnérables mais avec une grande force intérieure qu’on ne peut qu’admirer. Sans conteste, la série maintient son niveau jusqu’à une superbe conclusion même si on espère toujours les retrouver pour une 3e saison.

Mindhunter – saison 2

Il y a un peu moins de 2 ans, nous découvrions la nouvelle série de David Fincher. Il aura donc fallu du temps pour découvrir la suite le l’immersion dans l’esprit des serial killers de Mindhunter. L’unité spéciale du FBI décortique donc toujours au travers d’interviews les esprits meurtriers de la fin du XXe siècle avec toujours un bon casting (oui, Charles Manson fait une apparition) ce sont moins les interviews que les conséquences et la notion du « mal » intimement liée à la solitude qui intéressent ici les créateurs.

En effet, nos trois agents du FBI voient leur quotidien se déliter, la famille de Tench se décomposant petit à petit, l’identité de Wendy Carr se révéler pour aller tout de même vers l’isolement, et Ford cherchant à faire amende honorable tout en se trompant sur une administration qui est elle aussi contaminée par le mal et la corruption. Est-ce alors pire que les meurtres sur lesquels ils doivent enquêter ? Clairement la série, en plus de son côté vénéneux fait toujours réfléchir sur les instituions et le rapport des tueurs en séries avec la société. Passionnant.

Orange is the New Black – saison finale

Voilà, cette fois, c’est la dernière pour les prisonnières de Netflix. Les ex compagnes de taule de Piper continuent leurs aventures derrière les barreaux au rythme habituel dans une saison qui rattraper certains errements des saisons passés pour redonner de la valeur aux personnages. Et c’est réussi, on se sent à nouveau concerné par ce qui leur arrive à toutes et par l’engagement politique de la série sur le traitement des migrants et sur la réinsertions. Oui, il y a des hauts, des bas, toujours de l’émotion. Et si on pourrait presque déplorer une fin relativement positive pour la plupart des personnages, il n’empêche que cette dernière saison est une belle porte de sortie pour la série.

Glow – saison 3

Saison après saison, les catcheuses 80’s de Netflix gagnent toujours en profondeur. Les voilà maintenant en train de se produire à Vegas et voilà que de nouvelles problématiques vont être traitées. On y retrouve toujours la touchante histoire de paternité de Sam, la volonté de fer de Debbie qui doit assumer plusieurs casquettes et gagne plus de pouvoir, la vieillesse de Tammé, l’homosexualité vue par différents protagonistes. Et avec en plus cette année Geena Davis en invitée exceptionnelle dans un rôle inattendu, la série devient toujours plus dense, touchante et passionnante à suivre.

the Loudest Voice

En 7 épisodes, nous revenons ici sur l’histoire du fondateur de la controversée Fox News, chaîne d’actu du câble US connue pour ses prises de position républicaine souvent extrême (rappelez-vous les no go zones parisiennes, c’était eux) qui a conduit à l’élection de Trump. Le premier épisode nous fait découvrir les coulisses de la création de la chaîne par Roger Ailes puis d’épisodes en épisodes nous découvrirons comment il en a fait un réseau puissant, comment il a manipulé son entourage et menacé des journalistes sans oublier comment il en a profité pour harceler des collaboratrices.

Oui, ce n’est pas le portrait d’un ange mais bien d’un diable des médias qui est fait, même si la dénonciation est plutôt bordée par rapport à un film comme Vice. Non, en fait on sent bien que la série serait plutôt un véhicule pour que son acteur principal, Russell Crowe tout grimé et grossi soit nommé aux Emmy, et ça saute tellement aux yeux que ça ne fonctionne qu’à moitié.

Les Chevaliers du Zodiaque – version Netflix

On la redoutait, elle est arrivée, la vision américaine par Netflix des cultissimes Chevaliers du Zodiaques. Et qu’on se le dise, la pire trahison n’est pas forcément le fait d’avoir transformé Shun en femme. Non, ici toute la mythologie est bafouée, toute subtilité retirée, tout dimension poétique évacuée, toute violence expurgée. La 6 premiers épisodes reviennent donc sur le tournoi pour l’armure du Sagittaire et son interruption par Ikki et les chevaliers noirs. Sauf que l’on en retire toute subtilité pour y ajouter en plus des militaires inventés pour l’occasion.
Ajoutez à cela que l’ensemble est graphiquement du platitude lamentable, tellement pauvre que l’on a l’impression de se retrouver devant des cinématiques de PS2, et vous vous direz alors que le film sorti il y a quelques années n’était finalement pas la pire adaptation.