On peut dire que c'est avec ce film que Howard Hawks, célèbre réalisateur du chef d'oeuvre "Scarface" (1932), fait son entrée dans le genre difficile de la screwball comedy... Comme quoi il n'y pas que Franck Capra ! Le réalisateur réalise et produit ce scénario signé de Hagar Wilde qu'il retrouvera plus tard sur "Allez Coucher Ailleurs" (1949) avec également Cary Grant, puis surtout de Dudley Nichols, alors fidèle du grand et un des scénaristes les plus réputé de Hollywood. Hawks retravaillera d'ailleurs avec lui sur "Air Force" (1943) et surtout sur "La Captive aux Yeux Clairs" (1952)... On suit donc un zoologiste qui a rendez-vous pour obtenir un don de 1 million de dollars pour son musée d'histoire naturelle. Mais tout part à vau-l'eau après sa rencontre avec une jeune femme maladroite... Les deux personnages principaux sont incarnés par les monstres sacrés Katharine Hepburn et qui se retrouvent après "Sylvia Scarlett" (1935), "Vacances" (1938) et qui se recroiseront sur "Indiscrétions" (1940) tous de George Cukor. Cary Grant tournera encore pour Hawks à 4 reprises.
De nombreux seconds rôles sont tenus par de grands acteurs habitués à ce qu'on ne se souvienne pas de leur nom, néanmoins on notera la présence de la millionnaire jouée par May Robson dont le rôle majeur de sa carrière reste dans "Grande Dame d'un Jour" (1933) de Frank Capra... Si le duo star est en parfaite osmose la vraie réussite du film réside dans le scénario. Une comédie loufoque, une histoire dense et qui ne baisse jamais son rythme soutenu, et où les quiproquos se succèdent à grande vitesse. Entre les diverses sous-intrigues les raccords sont parfaits et la compréhension se fait naturellement. Du peps, la bonne humeur, et une bonne dose de folie presque enfantine... Enfantine car on peut se dire que tomber amoureux rend bêta et cette aventure joue cette carte à fond avec Susan/Hepburn qui court après David/Grant, lui qui court après un chien et son os puis après son million, et le tout avec un léopard qui n'en fait qu'à sa tête ! Hawks ne juge jamais ses personnages malgré leur immaturité qui peut parfois surprendre, mais les gags et les rebondissements vont si vite qu'on a pas franchement le temps de s'y attarder.
Afin de garder ce rythme infernal le cinéaste n'hésitait pas à réécrire le scénario pendant le tournage des scènes ! Il faut noter que si Susan semble retourner en adolescence avec une maladresse presque maladive elle est aussi une femme drôle et indépendante, David lui est surtout engoncé dans une routine professionnelle qui se retrouve dépassé par la furie Susan. Le film offre donc un déluge de gags à un rythme rarement atteint avec un duo d'acteurs au sommet. Hawks en profite aussi pour y placer des références, dont une jolie et judicieuse anti-thèse au film "Sylvia Scarlett" ; en effet, dans ce film Katharine Hepburn se faisait passer pour un homme et se fait manipuler par le lâche Cary Grant, alors que là elle est une femme émancipée (bien qu'amoureuse) mais c'est elle qui manipule Cary Grant pour lui mettre le grappin dessus ! Un parallèle plutôt savoureux. Le cinéaste place également une scène où Susan fait croire qu'ils sont tous des gangsters qui renvoie en fait au film "Cette Sacré Vérité" (1937) de Leo McCarey dans lequel jouait déjà Cary Grant et un certain Skippy the Terrier qui n'est autre que le chien George du film ! Plus anecdotique, le léopard est en réalité un jaguar (suffit de regarder sa robe) que Susan/Hepburn sous-entend en parlant d'un léopard du Brésil !... En conclusion un grand film comique qui va à 100 à l'heure avec des idées à chaque scène, un monument du genre à voir et à conseiller.
Note :