De Nisha Ganatra
Avec Emma Thompson, Mindy Kaling, John Lithgow
Chronique : D’un pitch on ne peut plus classique, la scénariste, humoriste et actrice Mindy Kaling tire une jolie fable moderne, pertinente et plus maline qu’il n’y paraît.
Late Night raconte le crépuscule d’un talk show historique qui n’a pas vu le monde évoluer et de sa présentatrice « très vieille et très blanche », autoritaire et solitaire, déconnectée de son public, peu aidée par des auteurs en pilote automatique depuis des années.
Le récit de sa rencontre avec une jeune auteure issue des minorités qui va bousculer cet univers machiste et lui ouvrir les yeux a tout du cliché. L’aigreur, la prise de conscience, la rédemption… tout semble écrit d’avance. Quelque part, ça l’est un peu, mais…
Mais Mindy Kalling et sa réalisatrice Nisha Ganatra parviennent à subtilement contourner les chausse-trappes et les lieux-communs sur des sujets qui peuvent devenir rapidement soit bien-pensant soit casse gueule. En vrac le racisme, l’âgisme, la toxicité masculine, le népotisme et évidemment et principalement le féminisme. Ces sujets sont traités avec suffisamment d’ironie et de recul (et d’humour) qu’ils évitent la démagogie, parviennent à faire passer des messages sans manichéisme et en relevant souvent que tout n’est pas toujours aussi simple qu’un gros titre dans un journal.
Cela se traduit aussi dans l’évolution du personnage de Katherine Newbury, qui ne devient pas un ange du jour au lendemain mais opère sa transformation dans un but au départ très égoïste (et qui le restera en partie).
Une comédie charmante, avec de l’esprit, qui à défaut d’une mise en scène inspirée (la réalisatrice vient du petit écran et ça se voit), bénéficie d’une écriture fine et toute en vivacité et se reposant sur l’éclectisme d’une distribution impeccable (on adore John Early de Search Party) où rayonne Emma Thomson, jamais plus investie dans un rôle que quand elle peut faire passer un message qui lui tient à cœur. Petit coup de cœur.
Synopsis : Une célèbre présentatrice de « late show » sur le déclin est contrainte d’embaucher une femme d’origine indienne, Molly, au sein de son équipe d’auteurs.
Ces deux femmes que tout oppose, leur culture et leur génération, vont faire des étincelles et revitaliser l’émission.