Gors succès à l'époque, souvent considéré comme un des premiers films abordant le SIDA, le film qui se focalise sur un procés sera, ironie du sort, au centre d'un autre procès après sa sortie en salle... D'abord rappelons qu'il existe au moins une dizaine de films abordant le SIDA avant celui-ci, on peut citer entre autres "Un Compagnon de Longue Date" (1990) de Norman René, "Mensonge" (1992) de François Margolin, "The Livind End" (1992) de Gregg Araki et le plus connu "Les Nuits Fauves" (1992) de Cyril Collard. Le scénario est signé de Ron Nyswaner, gay et militant, il s'inspire de sa vie mais surtout de deux affaires judiciaires réelles, l'affaire de Clarence B. Cain puis surtout l'affaire de Geoffrey Bowers tous deux avocats licenciés abusivement. Précisons que la famille Bowers attaquera la production parce que le film n'indiquait pas clairement que le film était tiré de l'histoire de Geoffrey Bowers. Résultat, il y a eu accord à l'amiable dont certaines clauses précises qu'au moins 54 scènes selon la conciliation légale étaient directement inspirées de la vie de Geoffrey Bowers... A la réalisation on retrouve Jonathan Demme qui venait de trompher avec le thriller "Le Silence des Agneaux" (1991)...
On suit donc Andrew Beckett, un avocat licencié après que ses supérieurs aient appris qu'il était atteint du SIDA. Il décide de se battre et attaque son ancien cabinet pour licenciement abusif... L'avocat sidéen est incarné par Tom Hanks, qui était alors surtout abonné dans les comédies comme "Splash" (1984) de Ron Howard, "Big" (1988) de Penny Marshall et "Turner et Hooch" (1989) de Roger Spottiswoode, et que le succès et la reconnaissance va définitivement offrir un nouveau statut à la star. Son amant est joué par Antonio Banderas alors surtout connu pour ses films avec Pedro Almodovar dont "Attache-moi" (1990). Son avocat est interprété par Denzel Washington qui est déjà au sommet "Cry Freedom" (1987) de Richard Attenborough, "Glory" (1989) de Edward Zwick et "Malcolm X" (1992) de Spike Lee. Tandis que le patron sur le banc des accusés est joué par Jason Robards connu pour ses rôles dans "Il Etait une fois dans l'Ouest" (1969) de Sergio Leone et "Un Nommé Cable Hogue" (1970) de Sam Peckinpah... Le film débute avec un avocat en plein succès professionnel, pour bien insister sur la déchéance qui va arriver, professionnelle avant d'être physique. Le scénario s'avère extrêmement linéaire, pour une mise en scène particulièrement sobre. Le récit est limpide, sans fioriture mais aussi sans surprise et cousu de fil blanc. Sans connaître les affaires en référence, on devine bien l'issu du procès comme de la santé du personnage principal. Par contre le film permet une ouverture loin d'être anodine sur les différentes problématiques d'un individu qui attrape cette maladie. Ainsi le film passe en revue les séquelles dues à la maladie, aborde aussi le traitement et ses conséquences, montre les préjugés... etc... C'est sans doute un peu didactique par moment mais les performances d'acteurs et la réalisation font que tout reste fluide et cohérent. Et pourtant, des choix montrent aussi qu'il y avait encore des soucis ou des gênes, par exemple le fait que les scènes intimes du couple sont occultées jusqu'à couper une scène de lit (qu'on peut aujourd'hui retrouver sur le DVD).
Les acteurs sont tous impeccables, mais c'est évidemment Tom Hanks qui attire l'attention, lacteur ayant perdu jusqu'à 12kg pour son rôle avant de faire pire quelques années plus tard avec moins 22kg pour "Seul au Monde" (2001) de Robert Zemeckis. Le film offre en prime d'une B.O. qui sera également un succès considérable avec une musique siognée Howard Shore, une bande-son pop-rock de qualité et surtout un tube planétaire "Streets of Philadelphia" signée Bruce Springsteen. Outre son succès critique et public, dont 2,8 millions d'Entrées France, le film obtient deux Oscars pour Tom Hanks et Sprinsteen. Pour l'anecdote, 53 personnes séropositives apparaissent dans le film et presque toutes décèderont avant la fin de la décennie... En conclusion un film qui était à l'époque nécessaire, sa dimension ludique et émotionnelle en fait un drame déchirant même si on tombe parfois dans le pathos facile. Ca reste un film important et charnière qui se doit d'être vu et conseiller, malheureusement encore aujourd'hui...
Note :