Pour Neil Gaiman, le plus important est de s’ouvrir à toutes choses. Car toutes choses peuvent être une source d’influence.
Les allusions : instrument de l’inspiration
Une allusion est une courte référence à une autre histoire. Si vous parlez de lapin blanc dans votre projet, vous faites évidemment référence à Alice au pays des merveilles.
Selon Gaiman, les allusions sont un important outil pour augmenter l’intérêt du lecteur parce qu’elles fournissent un contexte pour l’histoire qu’il est en train de lire tout en le faisant réfléchir aux ressemblances et différences des deux œuvres.
Les allusions peuvent être aussi vastes que les sujets qui intéressent habituellement l’auteur. Mythologie, Bible, Contes, Shakespeare, Tolkien, le cinéma moderne ou post-moderne… Lorsqu’un thème vous interpelle ou mieux vous fascine, les allusions que vous y ferez nourriront votre imaginaire.
Et puis, depuis les débuts de l’humanité, tout a déjà été dit et écrit. On ne peut décidément pas fermer les yeux sur ceux qui nous ont précédés.
S’inspirer du travail d’auteurs que nous apprécions, qui nous inspirent justement, et leur rendre hommage avec notre propre œuvre, voilà quelque chose qui est inspirant. Les auteurs que vous appréciez peuvent vous mouvoir bien plus que vous le pensez si seulement vous les laissez faire.
Une nouvelle approche
Gérard Genette parlait d’un hypotexte et d’un hypertexte. Un hypotexte serait le texte d’origine, celui qui sert de référence ou d’inspiration et l’hypertexte, le texte que l’auteur actuel est en train d’écrire et dans lequel il fait référence au texte d’origine ou dont il s’inspire.
Il m’est difficile de m’étendre davantage sur ce sujet qui demande une recherche approfondie. Reprenons simplement l’exemple donné par Neil Gaiman qui préconise un nouveau point de vue pour redire une ancienne histoire : Foe de J.M Coetzee en 1986 comme récriture du Robinson Crusoe de Daniel Defoe de 1719.
Un thème revisité
Par exemple, L’Odyssée de Pénélope de Margaret Atwood. A l’origine de ce projet est la volonté d’un éditeur à proposer à plusieurs auteurs de réécrire les mythes.
Cette revisitation peut prendre la forme d’une autre perspective sur le monde originel comme Margaret Atwood le fit avec Pénélope qui devient la narratrice dans le monde imaginé par Homère.
Un déplacement
L’inspiration peut consister à déplacer un élément dramatique comme par exemple changer le lieu d’une histoire comme le fit Marissa Meyer dans le tome 1 de ses Chroniques Lunaires : Cinder où l’héroïne Cinder est une réécriture du personnage de Cendrillon.
Tout élément dramatique d’une histoire classique ou même contemporaine peut être source d’inspiration pour créer sa propre histoire.
Un aspect particulier nous interpelle et nous pourrions le retravailler en en changeant le genre par exemple comme en faisant d’un conte de fée une dystopie.
L’appropriation
Les histoires que vous avez lues sont évidemment de grandes inspiratrices. Peut-être sont-elles même des tentatrices. La chose qui compte est de vous approprier cette histoire et de la retravailler en y incorporant vos propres expériences ou votre point de vue sur le monde dont la représentation est personnelle et comme unique à chaque auteur.
C’est précisément ce qu’a fait Mario Puzo avec Le Parrain dans lequel il a incorporé des éléments de Henry IV de Shakespeare dans un monde qu’il connaissait bien : les immigrants italiens de l’après-guerre en Amérique.
Pour Neil Gaiman, il est important de se constituer au fur et à mesure un acquis constitué de tout ce que vous avez lu, de ce que vous avez écrit (tels les exercices d’écriture que nous proposons sur Scenar Mag même s’ils ne prennent que quelques paragraphes ou quelques lignes), des choses que vous avez entendues ou vues (votre perceptibilité est un bel instrument d’inspiration. Bien que nos sens y participent aussi activement, l’intuition est encore un moyen d’inspiration), vos rencontres (qu’elles prennent lieu dans le cadre de votre recherche autour d’un projet ou bien simplement celles de votre quotidien), tout ceci mûrira malgré vous la plupart du temps ou bien les circonstances vous remémoreront ce que nous pouvons considérer comme des expériences (votre réflexion peut aussi vous ouvrir de nouveaux horizons sur des événements).
Vous êtes certainement possesseur de tout le matériel dramatique plus ou moins avancé pour vous autoriser à écrire des histoires que la théorie narrative Dramatica considère comme complète (essentiellement parce que ce matériel dramatique s’ordonne dans une structure qui permettra de l’exposer hors du chaos de votre pensée).
Idées et inspiration
Il serait osé de tenter une définition de l’inspiration. Selon Neil Gaiman, c’est une problématique de confluence. Il pose que l’association singulière de nos expériences et de nos pensées (la confluence ou convergence de nos expériences et de nos pensées) nous sont uniques.
Nos idées et notre inspiration viennent de ces deux choses ou plus précisément de la confrontation de choses que nous avons vues et pensées avec d’autres choses que nous avons vues et pensées.
La réalisation (c’est-à-dire lorsque l’inspiration nous frappe) peut alors surgir de nos rêves, d’idées fulgurantes, de nos activités quotidiennes, de nos lectures.
Nos rencontres, ceux qui nous sont proches, nos propres réflexions, tout devient alors apte ou prétexte à un projet personnel.