La flèche brisée

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La flèche brisée » de Delmer Daves.

La_fleche_brisée

« De cette rencontre, j’appris deux choses : les mères apaches pleurent leurs fils et les guerriers apaches sont loyaux »

Arizona, 1870. La guerre fait rage entre blancs et Apaches. Fatigué par les incessants et sanglants combats, l’ancien éclaireur Tom sauve un jeune apache de la mort. Son action lui permet de rencontrer le chef Cochise et de jouer les entremetteurs pour proposer la paix. Un traité est signé, mais dans chaque camp, des voix se font entendre pour mener la guerre…

« Peut-être qu’un jour tu me tueras ou je te tuerais. Mais nous ne nous mépriserons jamais. »

La_fleche_brisée_James_Stewart

Genre phare du cinéma américain des années 30 jusqu’aux années 60, le western fut initialement un moyen pour le peuple américain d’exacerber le sentiment national en revisitant la folle histoire de la conquête de l’ouest et en rendant hommage au courage des pionniers qui participèrent par leur action à agrandir et contrôler l’immense territoire national. Partant de cette vision des choses, le western était alors construit de façon assez basique, sur la base d’une opposition entre la bravoure des colons apportant la civilisation et la méchanceté de ceux qui les empêchaient de s’installer : trappeurs, mexicains et bien évidemment indiens. Esprit colonialiste oblige, ces derniers furent alors le plus souvent représentés comme des sauvages cruels et sanguinaires, toujours prompts à s’en prendre aux pauvres femmes et enfants sans défense.

« Parler de paix est facile. La faire respecter est autrement plus dur »

La_fleche_brisée_Jeff_Chandler

Mais en 1950, Delmer Daves bouleverse tous les codes établis avec « La flèche brisée », un western qui relate le difficile accord de paix négocié entre les Etats-Unis et les Apaches dans le contexte des guerres apaches (avec la rivalité entre Cochise et Geronimo), rendu possible grâce aux amicales relations entretenues entre le Chef Cochise et l’américain Tom Jeffords. En effet, pour la première fois, un film adopte le point de vue des indiens (qui se battent pour se défendre de l’expansion des blancs et non par cruauté) et présente l’indien non pas comme un sauvage mais comme un être humain doué de sentiments (le jeune indien secouru par le héros craint que sa mère s’inquiète s’il ne rentre pas) et capable de clémence (Jeffords sera épargné du fait de son caractère pacifique). Dans le même temps, il donne le rôle de méchant aux blancs qui tenteront par tous les moyens de faire échouer la paix par des moyens sournois. Mais plus encore, par le biais de la romance entre Jeffords et une jeune indienne, le film aborde la possibilité (alors encore tabou) du métissage et de l’union du sang. Réalisateur de westerns aguerri et connu pour ses positions progressistes, Delmer Daves (bien aidé en cela par le scénariste blacklisté Albert Maltz), signe là un formidable plaidoyer humaniste et pacifiste alors même que l’Amérique s’entredéchire (chasse aux sorcières, guerre de Corée). Si on pourra toujours regretter que les principaux personnages indiens soient interprétés par des acteurs blancs, « La flèche brisée » demeure un jalon essentiel dans l’histoire du western qui ouvrira la voie à de nombreux films réhabilitant les indiens (« Bronco Apache », « Les Cheyennes », « Little big man »…). Forcément indispensable.

La_fleche_brisée_Debra_Paget

****

Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition, en version originale américaine (1.0) ainsi qu’en version française (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de deux présentations respectivement signées Bertrand Tavernier et Patrick Brion.

Edité par Sidonis Calysta, « La flèche brisée » est disponible en édition collector silver blu-ray + DVD depuis le 20 juin 2019.

Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.