Le pitch est ce moment de la vie de votre projet où vous le présentez à travers une idée. Shonda Rhimes nous dit par exemple que la série qu’elle propose est un medical show à propos de 4 jeunes internes…

Vu le nombre de séries télévisées qui se situent dans le monde médical, il est facile de voir que l’idée exposée en quelques paragraphes ne doit pas se contenter de préciser qu’il s’agit d’un medical show.
Une attention particulière sera donc de mise dans l’élaboration du pitch car ce petit texte (habituellement oralement communiqué) décidera de la concrétisation ou non de votre projet en série ou film.

Le pitch n’est pas la note d’intention. La note d’intention est votre profession de foi. La toute première chose à présenter à d’éventuels investisseurs (ou même à ceux à qui vous souhaitez faire lire votre scénario) est le résumé de votre idée (et votre idée n’est pas votre histoire).

Le pitch est différent de la prémisse. Celle-ci consiste en une ligne (parfois deux). Elle présente l’idée et une même idée peut s’exprimer avec des mots différents. Par exemple, la prémisse de Roméo et Juliette pourrait être que l’amour véritable défie même la mort ou bien encore que la haine conduit à la destruction. Chacune de ses prémisses emporte avec elle une puissante promesse.

Ce qui impose de savoir structurer son pitch parce que si vous échouez déjà à cette étape, vous n’aurez pas l’occasion de présenter votre prémisse, votre note d’intention et votre projet.

La structure du pitch

D’abord, comme toute communication qui veut se faire entendre, le pitch doit être structuré. Pour Shonda Rhimes, un écueil serait de perdre son interlocuteur, qu’il ne comprenne pas où l’auteur cherche à l’emmener.
Un pitch doit être concis mais l’alchimie consiste à en dire suffisamment sans jamais en dire trop.

Shonda Rhimes insiste sur les personnages. Le pitch doit mettre en avant les personnages parce que nous sommes humains et que ce qui nous intéresse est de savoir ce qu’il peut arriver à des gens qui pourraient être nous.
Une situation n’attirera pas l’attention d’un interlocuteur. Dire qu’un détective privé va résoudre une affaire difficile, c’est exposer des circonstances.

Expliquez que ce détective verra sa vie totalement bouleversée par une enquête de routine et vous capterez immédiatement un intérêt d’en savoir plus à propos de ce personnage.

Cet intérêt consistera à prendre votre interlocuteur en le sollicitant émotionnellement. Et un personnage est un vecteur d’émotions.
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Le pitch incite le lecteur à imaginer

Le pitch, ce sont vos mots. Si vous dites à votre interlocuteur que l’histoire que vous souhaitez lui vendre est incroyablement drôle ou romantique, l’interlocuteur rebondira aussitôt sur les mots drôle ou romantique.

Cela soulèvera en lui des images ou des représentations de ce qu’il conçoit comme drôle ou romantique (d’où l’importance de bien savoir à qui l’on s’adresse).
En provoquant ainsi votre interlocuteur, en lui donnant une certaine nourriture à son esprit (ou à son imagination), vous le mettez déjà en dispositions favorables à votre égard. Vous n’aurez même pas besoin de lui fournir des exemples.

Car si vous l’abreuvez de détails maintenant, vous allez contre son imaginaire qui est en fait actuellement en train de travailler pour vous. Et les détails sont partie intégrante du processus d’écriture du scénario, non pas du pitch, pas plus de la note d’intention. Ce sont des discours différents.

Lorsqu’on écrit son scénario, on a tendance à se référer à des personnes (des comédiens par exemple ou des personnalités historiques) pour nous faciliter la création de nos propres personnages. C’est une habitude qui ne nuit pas à la créativité.

Par contre, ce n’est pas très vendeur de mentionner des noms lors du pitch. D’abord, parce que vous ne connaissez pas la relation qui pourrait éventuellement exister entre le nom que vous donnez et votre interlocuteur. Par exemple, vous vous référez à un homme politique pour décrire un personnage dans votre pitch en espérant donner à votre interlocuteur une idée du ridicule dont vous souhaitez recouvrir votre personnage.

Mais si le mépris que vous affichez pour cet homme politique n’est pas partagé par votre interlocuteur, vous allez vous mettre celui-ci à dos.

Dans le même ordre d’idée, Shonda Rhimes préconise de ne pas mentionner non plus tout ce qui a trait à la musique. Parce qu’apprécier une musique relève de l’intime. La musique que vous aimez n’a pas être partagée par d’autres.

Lors du pitch, ne misez pas sur des hypothèses. Car ces tentatives de tomber juste avec votre interlocuteur peuvent se retourner contre vous si vous faites erreur. Et une erreur lors du pitch vous coûtera votre projet.

Le conseil que donne Shonda Rhimes est de prendre conscience que ce qui fonctionne pour vous ne fonctionnera pas forcément pour quelqu’un d’autre.
Ce n’est pas par exemple parce que vous pensez que votre projet est commercialement viable que votre interlocuteur le verra de la même manière (ce n’est pas une question de budget).

Il y a aussi un dernier conseil que donne Shonda Rhimes. Effacez-vous devant votre projet. Ne parlez pas de vous (même si en tant qu’auteur, vous hantez de grandes parties de votre projet).
Votre scénario est devenu un objet parmi d’autres qui sont dans la même pièce que vous lorsque vous direz votre idée (la plupart du temps un pitch est oral, c’est ce qui le distingue de la prémisse en fin de compte).

La chose qui compte et c’est pour cela qu’un projet peut aboutir, c’est le contenu. Quelle que soit la manière dont vous présenterez ce contenu (vous pourriez être par exemple très mal à l’aise lors d’une rencontre avec un investisseur), persuadez-vous que cet interlocuteur est capable et de comprendre ce manque de confort en sa présence et d’évaluer correctement le potentiel d’un projet.

Ce sont vos idées qui l’intéresse. Cet investisseur potentiel sait que vous vivez dans un autre monde que le sien. Et il ne vous en tiendra aucune rigueur.