Neil gaiman : trouver sa voix

Si je considère des motifs comme l’Annonciation ou la Nativité, les peintres les plus célèbres comme les plus discrets s’en sont emparés. Chacun d’eux a produit un tableau sur l’un de ces thèmes et pourtant, aucun de ces tableaux ne sont similaires. Certes, ils peuvent avoir quelques ressemblances. Nous pouvons malgré tout identifier certainement leurs auteurs.

Lorsqu’on commence à écrire, on ne se distingue pas véritablement. Il faut un peu de pratique (peut-être 1000 mots pour certains ou 100 000 mots pour d’autres) avant de trouver sa voix.
L’écriture est un apprentissage. Et pour Neil Gaiman, c’est une évidence que tout auteur trouvera sa voix parce qu’un écrivain ne peut s’empêcher d’écrire.

La voix de l’auteur

La voix se définit comme le propre style, la propre personnalité non pas d’un auteur mais de son écriture. Avec le temps et l’accumulation des mots que l’on écrit, il sera facile pour n’importe quel lecteur (ou spectateur d’une pièce de théâtre ou d’un film) de reconnaître avec seulement une page de texte celle ou celui qui l’aura écrite.

Comprenez bien que ce que vous écrivez n’est pas vous. On a beau mettre de soi dans les personnages que l’on invente, on peut vouloir recopier des situations que nous avons personnellement vécues, la personnalité ou voix d’un auteur est différente de la personnalité de l’être humain qu’il est.

Selon Neil Gaiman, les choix de nos mots, la tonalité émotionnelle dont ils sont capables, les personnages et les lieux que nous aimons décrire, le rythme que nous imprimons à notre récit, tout cela compose notre voix.

Si la maxime prétendument de Aristote que la somme des parties est différente du tout, alors l’effet cumulé de toutes ces choses sera unique à l’auteur et sera comme une reconnaissance par un lecteur/spectateur de la personnalité et de la disposition ou de la mentalité ou du point de vue d’un auteur.

L’histoire possède sa propre voix

Parfois, c’est l’histoire elle-même qui exige de posséder sa propre voix qui sera alors différente de celle de l’auteur.
Elle sera porté par le narrateur qu’il soit omniscient, à la troisième personne (dans la position de l’observateur en quelque sorte) ou bien à la première personne, dans l’immédiateté de l’action, dans l’intimité du personnage.

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Gaiman suggère néanmoins de ne pas être trop littéraire. Ne pas forcer sa voix dans des registres trop fabriqués. Par exemple, élaborer des structures de phrases trop complexes ou utiliser des mots qui ne sont pas nous ou encore se perdre dans des descriptions trop longues au détriment du détail.

N’ayez pas peur d’être vous-mêmes. Ne vous effrayez pas du regard porté sur votre étrangeté. Votre écriture est un lieu privilégié pour celle-ci.

Et même si chaque histoire possède sa propre voix, l’âme de toute histoire reflète celle de son auteur. Elle atteindra à coup sûr le lecteur s’il perçoit effectivement de la sincérité dans la voix de l’auteur.