Après le triomphe de Ça en 2017, il était bien indispensable de revenir à Derry (sans attendre 27 ans) pour voir la conclusion de l’histoire du club des ratés. Avec cette fois 2h50 de film à tenir, l’adaptation du livre culte de Stephen King va-t-elle tenir ses promesses ?
Pour cette seconde partie il lui faudra plus d’audace puisqu’il doit enfin mêler le retour de nos héros adultes à Derry et certains de leurs souvenirs restants lorsqu’ils étaient enfants, tout en mettant en place l’affrontement final contre le clown dansant alors qu’il nous pourra clairement pas adapter tel quel le final du livre.
Le film débute donc par un coup de fil, 27 ans après les événements du premier film et une horrible attaque homophobe. Mike, qui était resté à Derry, appelle chacun de ses camarades pour qu’il reviennent tenir le serment qu’ils avaient oublié. Si l’entité maléfique qui possède la ville réapparaît, ils reviendraient mettre fin une bonne fois pour toute à son cycle. On découvre alors ce que chacun est devenu, leurs retrouvailles qui tournent à la folie, puis leurs chemin pour accepter cette nouvelle confrontation, faisant alors appel à leurs souvenir et montrant autant leurs peurs d’adultes que d’enfant.
Le club des ratés au top !
Et pour véhiculer tout cela, en prenant la relève d’une équipe d’enfants auxquels on s’est formidablement attachés dans le premier film, le réalisateur s’est entouré d’un casting parfait, mené par Jessica Chastain et James McAvoy. Les adultes se révèlent aussi touchants que leurs souvenirs d’enfants et retranscrivent bien les personnages blessés qu’ils incarnent. A ce titre, Bill Hader qui reprend le rôle de grande gueule de Richie est certainement le mieux servi non seulement parce qu’il a les répliques les plus cinglantes mais aussi parce que son arc narratif est le plus subtil et délicat.
A côté de ce trio les personnages de Ben, Eddie, Mike et bien sûr Stan sont plus en retrait, alors que la presque totale disparition de la femme de Bill et du violent mari de Bev auraient pu permettre de les explorer. Même la folie du retour d’Henry Bowers n’est pas utilisée à son plein potentiel. Cependant la dynamique de groupe qui se dégage reste tout de même unique et nous permet de nous emporter dans les 2h50 de film.
La peur oubliée
Mais cette durée reste tout de même trop longue pour le film qui s’étire beaucoup en se répétant. En effet, alors qu’il avait évacué les peurs des enfants dans le chapitre précédents, le réalisateur avait tout le loisir d’explorer les peurs adultes et il n’en fera pas grand chose. Il reprend ici la mécanique des apparitions cauchemardesques de Grippe-sou dans les souvenirs enfantins des adultes qui parcourent alors chacun Derry de leur côté. Une mécanique répétitive et lassante, d’autant plus que ces séquences de peur ne fonctionnent que très peu.
En effet, en insistant sur le spectacle, le montage charcuté, les gros bruits tonitruants et les effets grossiers et numériques qui arrivent avec des gros sabots, toute tension est bien trop vite évacuée pour vraiment nous effrayer. La terreur qui fonctionnait dans le premier film est ici oubliée pour des effets attendus et balourds. Et comme cela repose toujours sur les mêmes mécaniques c’est même lassant sur la longue durée du film.
Ne pas aller au bout du délire
Heureusement, la qualité de réalisation de Muschietti repointe tout de même régulièrement le bout de son nez, que ce soit dans des transitions d’une fluidité désarmante entre les époques, dans la première attaque qui fait mal au coeur car très réaliste et relevant d’un actualité proche, dans séquence de fête foraine bien trouvée ou dans le malaise causé par une personne âgée.
Enfin, il y a le final inadaptable du livre avec d’un côté cette communion poussée entre les enfants qui ne peut être montrée mais qui trouve son répondant dans une séquence assez émouvante. Et de l’autre côté l’aspect mystique et psychédélique du rituel de Chüd qui est ici agencé différemment, bénéficiant de quelques bonnes idées (dont une assez sanglante pour Jessica Chastain) et mais n’allant pas au bout du délire métaphysique et psychique que cela aurait pu donner.
La déception devant ce second chapitre est donc à la hauteur de la bonne surprise qu’était le premier. Handicapé par une terreur qui ne fonctionne très peu à cause d’effets grossiers et répétitifs il y a heureusement le charme et l’attachement profond que l’on éprouve pour les membres du Club des ratés qui nous emporte à Derry.