Piano Forest

Piano Forest
Dans la petite sphère du « #FilmTwitter », une photo a fait parler d'elle, celle de la bibliothèque du réalisateur espagnol Juan Antonio Bayona. Elle fait presque deux fois sa taille et elle remplie de DVD et de Blu-ray, ouvrant par la suite la porte aux commentaires sur la taille diverses et variés de la collection de ceux commentant ! Mais moi, je me suis surtout demandé s'il était comme nous tous, s'il achète des vidéos, en se disant sur certaine « Je la regarderai », alors qu'elle prend au final la poussière comme tant d'autre. Parce qu'a moi ça m'arrive, assez régulièrement même et dernièrement ce fut « Piano Forest » de Masayuki Kojima qui traînait de longue date sur nos étagères que nous avons enfin découvert avec Cécile.
« Destiné à un brillant avenir de pianiste, le jeune Shuhei apprend de ses nouveaux camarades de classe qu'au fond de la forêt se trouve un piano abandonné. Bien que cassé depuis de nombreuses années, plusieurs personnes affirment avoir entendu une mélodie envoûtante sortir des profondeurs de la forêt... »



Piano Forest
« Piano Forest » est un film inégal, avec un cœur énorme ! Hélas, il met un peu de temps pour le montrer, notamment au début, ou tout semble extrêmement cliché et attendu. Mais tel un film de Naomi Kawase, les éléments vont frapper, la lune révélera un talent et la forêt l'antre d'un génie, avec force, tranquillité et poésie.
« Piano Forest » ou « Piano no mori » est un manga (un seinen) avant d’être un film d'animation. Il fut crée en 1998 par la mangaka Makoto Isshiki. Publié en 26 tomes, dont le dernier sorti en 2015, avant de devenir quelques années plus tard un anime en 24 épisodes. Et le scénario du film doit à mon humble avis reprendre une partie de l'intrigue, étant donnée sa date de sortie et la date de publication du dernier tome. Ryuta Hourai se concentre sur la rencontre entre les enfants, leurs passions communes, mais surtout sur eux ! Car en effet, ce qui parle le plus dans le film, ce n'est pas l'histoire à proprement parler, mais le parcours de ces garçons.
D'un côté, on a le petit garçon bourgeois typique et de l'autre un enfant d'un milieu défavorisé. Tous les deux ne sont liés que par une chose, la passion du piano. Sauf qu'il ne pratique pas ça de la même façon, car le milieu social dans lequel ils ont grandi ne sont pas similaires.

Piano Forest
Shuhei Amamiya a un piano chez lui, il suit des cours et il fait cela depuis qu'il est tout petit, se destinant même à devenir pianiste professionnel. Il est ainsi dans le confort le plus absolu pour maîtriser cet instrument. Kai Ichinose est le miroir de Shuhei. Il n'a plus de père, sa mère est une prostitué et il vit dans le quartier le plus malfamé de la ville ou se déroule l'action. Pire il n'a jamais eu droit à des cours de piano et surtout il n'en possède pas un. Kai se contente du piano dans la forêt, voir de celui de l'école. Ils ne partent donc pas tous les deux sur le même pied d'égalité !
Sauf que Kai compense ça grâce à son oreille, celle qui fait qu'il n'a qu'à écouter un morceau pour le jouer. Mais surtout c'est pour lui un loisir, un plaisir simple, qui lui permet un temps de s'évader, de respirer et de ne plus penser qu'aux notes qui s'échappent du piano. Il compense l'acquis par l'innée, à la différence de Shuhei qui a pu apprendre la musique par la voie classique. Un talent qu'un ancien prodige stimule et qui permet à Kai de s'élever au-dessus de sa condition sociale, de participer à un concours auquel il n'aurait jamais pensé participer et de s'affirmer comme un pianiste hors normes. Et c'est cela qui va mettre du piment dans cette amitié fraîchement née, car Kai comme Shuhei vont voir l'autre d'un œil différent, comprendre malgré les tensions, ce qu'est l'autre, avec ces défauts, mais surtout ces qualités et que sa propre condition sociale n'est pas forcément une barrière immuable, mais aussi que ça ne conditionne pas le talent …
D'un point de vue personnel, je n'aime pas le chara-design des personnages, que je trouve beaucoup trop rigide par rapport à la chaleur et l'exubérance de certains d'entre eux. Toutefois, à part ça, je trouve que le film réalisé par Masayuki Kojima est vraiment bien exécuté, on sent toutes l'expertise d'un studio (Madhouse) derrière, qui est aussi bien à l'aise dans le domaine de l'anime, que dans celui du film d'animation. En terme de rythme, on ressent l'influence du manga, tant on voit que c'est certainement l'adaptation d'un arc narratif de l'oeuvre de Makoto Isshiki. C'est un léger défaut, parce que cela implique une certaine prévisibilité dans la caractérisation des personnages et surtout au niveau des divers rebondissements que comporte l'intrigue. Mais d'un autre côté, le réalisateur apporte de la magie, de la folie et une touche de poésie, qui sublime les instants clés du film, tout en provoquant l'émotion. Que ça soit par l'image, la leçon de piano au clair de lune par exemple est sublime, ou encore par les morceaux que les différents personnages jouent au piano.

Piano Forest