SYNOPSIS: C'est un grand jour à Lusagne : l'équipe locale de hockey sur glace est en demi-finale et tout le village est là pour la soutenir. Au même moment dans la montagne une jeune femme noire, traquée et blessée par balle, chute au fond d'un ravin. Lorsque le lendemain Alex Hugo et Angelo découvrent un adorable bébé noir dans son couffin devant la police rurale, les ennuis commencent. Le bébé d'une migrante qui a fui son pays et traversé les Alpes à pied en venant d'Italie ? Alors qu'Angelo craque sur le bébé et repousse le moment de le confier aux services sociaux, Alex Hugo est le seul à croire que sa mère est en danger dans la montagne et qu'il faut la retrouver. Mais des décès mystérieux et fulgurants rendent les villageois paranos : un virus mortel ? Une maladie contagieuse venue d'Afrique ? A Marseille Dorval et Renart, qui enquêtent sur des morts par overdose, reçoivent une lettre anonyme accusant Alex et Angelo d'aider les migrants à franchir la frontière...
Chaque saison, il y a toujours ce moment où l'on en vient à parler d'un sujet de fond qui rejoint l'actualité, et dépasse largement le cadre grandiose des Hautes-Alpes, aussi préservé de la frénésie humaine puisse-t-il paraître à l'écran. Si cet épisode fait écho à celui qui avait ouvert l'espérée saison 2 avec Les Amants du Levant, la scénariste Lorène Delannoy a élaboré une trame volontairement trouble, qui brouille habilement les pistes autour de la disparition suspecte d'une migrante supposée, alors qu'à Marseille les morts s'enchaînent autour d'une nouvelle drogue et qu'à Lusagne, un mal mystérieux emporte les habitants et engendre la paranoïa. La pluralité des nœuds dramatiques est bien dosée, soutenue par la réalisation efficace d' Olivier Langlois. On suit avec effroi l'échappée douloureuse, véritable leçon de courage et de survie, de Sowa ( Prudence Maidou), blessée, traquée à la fois par son infatigable sauveur, Alex ( Samuel Le Bihan), et par son agresseur, non moins déterminé. On est enchantés du numéro de Mary Poppins donné par Angelo ( Lionnel Astier) et Leblanc ( Fabien Baiardi), attendrissants en nurses improvisées (big up à Sophie la Girafe !). Et on découvre avec plaisir une nouvelle facette de la communauté de Lusagne : ce microcosme qui se dévoile au fil des épisodes, par petites touches, est rassemblé ici autour de son équipe de Hockey. Un petit air américano de plus pour le village, dont le shérif a décidément fort à faire, malgré quelques instants volés de légèreté.
En filigrane, on le disait, un sujet d'actualité qui divise, passionne, effraie, et ne mettra (jamais) personne d'accord : celui des migrants. Si les personnages donnent clairement leur opinion, la série se garde bien de trancher, en confrontant les points de vue de chacun sur une question épineuse, qui laissera chacun libre d'interroger sa conscience. Pourtant, et c'est salutaire, l'intrigue emprunte des directions très diverses, voire très éloignées de l'épicentre des évènements qui vont pourtant, étonnamment, finir par converger autour d'un épilogue que l'on n'attendait pas, en forme de pied-de-nez particulièrement savoureux. La Tendresse reprend face à L'étrangère son rôle de gardien de troupeau, quand bien même ses brebis, nombreuses et dissipées, continuent de lui mener la vie dure. Une belle conclusion à cette cinquième saison très introspective, brillamment écrite, qui n'en finit pas de nous attacher à l'indomptable Alex Hugo, dont on espère mériter le retour encore, et encore.
Crédits: France 2