Music of my Life (2019) de Gurinder Chadha

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Le projet date de 2010, la réalisatrice Gurinder Chadha et l'auteur Sarfraz Manzoor croisent Bruce "The Boss" Springsteen sur un tapis rouge pour la présentation du documentaire "The Promise : making of Darkness on the Edge of Town" (2010) de Thom Zimny, le chanteur les salua en précisant qu'il avait adoré le roman autobiographique "Greetings from Bury Park" (2007) de Sarfraz Manzoor dont le titre est justement un clin d'oeil à l'album du Boss "Greetings from Asbury Park". La réalisatrice raconte : "Sarfraz n'en revenait pas. Je suis alors intervenue et je lui ai dit : 'Je m'appelle Gurinder Chadha, je suis réalisatrice, et on aimerait vraiment adapter ce livre au cinéma, mais on a besoin de votre soutien'. Et il m'a répondu : 'C'est parfait, adressez-vous à Jon' en désignant Jon Landau, son fidèle manager."... L'auteur a adapté lui-même son roman avec la cinéaste en co-scénariste et son fidèle collaborateur Paul Mayeda Berges qui a co-signé tous films de Gurinder Chadha à l'exception de "Une Balade à Blackpool" (1997) et "It's a Wonderful Afterlife" (2010)... En 1987, Javed vit au sein d'une famille pakistanaise stricte. Alors qu'il vit mal son adolescence il découvre Bruce Springsteen qui le chamboule et le libère au grand dam de sa famille et surtout de son père...

D'emblée, sans avoir encore vu le film on constate que le film est multi-référencé, le titre en V.O. est "Blinded by the Light" soit la chanson qui ouvre le premier album du Boss "Greetings from Asbury Park", l'affiche est un clin d'oeil à la pochette de l'album "Born in the USA"... etc... Le film est évidemment semé de chanson de Springsteen, car outre le musique originale signée du compositeur A.R. Rahman, le chanteur a autorisé l'utilisation de 12 chansons dont certains titres jamais commercialisés !... Une seule star dans ce film, un second rôle jouée par la belle Hayley Atwell célèbrer depuis son rôle de Peggy Carter dans "Captain America : First Avenger" (2011) de Joe Johnston. Le personnage principal est interprété par l'inconnu Viveik Kalra, mais son père est incarné par Kulvinder Ghir qui était déjà dans "Joue-la comme Beckham" (2002) de Gurinder Chadha, amusant quand on sait que la cinéaste considère que "Music of my Life" compose un dyptique avec "Joue-le comme Beckham" : "il évoque l'équilibre délicat qu'on doit trouver à l'adolescence en se battant pour ses rêves sans pour autant provoquer une rupture avec ses parents qui font tout pour nous qui sommes leurs enfants. C'est très difficile, avec un sujet pareil, de trouver le bon dosage entre l'émotion, les moments déchirants et lespassages plus légers. (...) En tant que metteur en scène, j'ai le sentiment que ce film est plus réfléchi que "Joue-la comme Beckham", mais je ne considère pas que ce soit une suite à proprement parler"... Une suite thématique mais non narrative en quelque sorte...

Si le livre autobiographique à l'origine du film est bien antérieur on pense forcément beaucoup au tout récent (2019) de Danny Boyle à la thématique similaire. Mais là Boyle en fait une fable sentimentale fantastique, ici il s'agit avant tout d'un chronique adolescente à forte connotation sociale, à la mode british. Le premier soucis est qu'il faut aimer à minima Sprinsteen pour apprécier ce film tant tout repose sur ses chansons qui sont la ligne directrice du récit. Une histoire vraie, certe, mais comme on en a vu beaucoup d'où un scénario sans surprise et cousu de fil blanc. Fils d'immigré qui en a beaucoup bavé autant vis à vis du racisme ambiant qu'en s'usant au boulot, fils au sein d'une famille musulmane stricte et qui ne demande qu'à grandir comme la majorité des occidentaux et surtout en étant libre de faire ce qu'il veut et surtout d'aimer qui il veut... Bla bla bla... Une trame éculée et mainte fois évoquée au cinéma. La cinéaste en profite pour insister sur quelques messages politiques faciles et d'insister sur la dure vie de monsieur paki, le film insiste aussi sur l'amour, la tolérance, l'amitié des sujets universels qui font le job de nous titiller émotionnellement sans prise de risque. Par contre on aura le plaisir de savourer une mise en avant des arts de la langue (!) et donc de la poésie ce qui est déjà plus rare, surtout dans le rock. Rien d'extraordinaire donc mais les chansons du Boss sont parfaitement incorporées au récit, le rythme ne faiblit que pour le final un poil trop larmoyant, les acteurs sont excellents avec une mention spéciale pour Hayley Atwell, et finalement même sans grande originalité on passe un très bon moment.

Note :