Les Rois du Soleil (1963) de Jack Lee Thompson

Ce film trop méconnu gagne pourtant à l'être tant son sujet est rare au cinéma. En effet, quoi de plus rare qu'un film racontant une histoire centrée sur un peuple précolombien ?! A la rigueur on peut citer le film muet "Wara Wara" (1930) de Jose Marla Velasco Maidana et surtout, plus récemment, le très bon "Apocalypto" (2007) de Mel Gibson... Et puis c'est tout ! Oubliez il n'y en a pas d'autres, les chefs d'oeuvres "Aguirre la Colère de Dieu" (1972) de Werner Herzog ou (1985) de Roland Joffé n'ont pas pour fil conducteur ou comme sujet principal la civilisation précolombienne mais sont centrés sur des colonisateurs occidentaux... Ce film est donc unique et il a donc déjà le mérite d'explorer une autre facette du film d'aventure. Le film est réalisé par Jack Lee Thompson qui vient de connaître ses plus grands succès d'affilée avec "Les Canons de Navarone" (1961) et "Les Nerfs à Vif" (1962) ce qui lui permet d'obtenir un budget très confortable. Le scénario est signé de deux auteurs réputés, Elliott Arnold connu pour "La Flèche Brisée" (1950) de Delmer Daves adapté de son roman "Blood Brother" (1947), et James R. Webb connu pour "Vera Cruz" (1955) de Robert Aldrich et "Les Nerfs à Vif" de Thompson...

Les Rois du Soleil (1963) de Jack Lee Thompson

A une époque qu'on devine antérieure à la découverte de l'Amérique par les européens, un peuple maya mené par le roi Balam fuit son pays et accoste sur une nouvelle contrée. Mais alors que les mayas apprivoisent ce nouveau pays et font connaissance avec des "indiens" un ennemi ancestral resurgit... Le roi Balam est incarné par George Chakiris encore tout auréolé du succès de "West Side Story" (1961) de Robert Wise, le chef "indien" est incarné par la star Yul Brynner habitué au fresque exorique et qui retrouve J.L. Thompson après "Tarass Bulba" (1962) de Jack Lee Thompson. L'atout charme a le corps de Shirley Anne Field remarquée dans (1960) de Michel Powell, "Samedi Soir, Dimanche Matin" (1961) de Karel Reisz et "Les Damnés" (1962) de Joseph Losey. En prime la musique est signée du compositeur Elmer Bernstein à qui ont doit notamment les B.O. des films "Les 10 Commandements" de Cecil B. De Mille et "Les 7 Mercenaires" (1960) de John Sturges tous deux avec Yul Brynner en tête d'affiche... Si on voit que le budget a servi surtout aux décors (Pyramide précolombienne !) et les costumes, on voit aussi qu'il a fallu compenser au casting, seul Yul Brynner est une grande star, Chakiris n'existe encore que pour peu de temps et la belle princesse Ixchel alias Shirley Anne Field n'est assurément pas une star. Historiquement le film est complètement fictionnel et repose entièrement sur l'imagination des scénaristes. Par contre se faire rencontrer les mayas (originaire du Yucatan au Mexique) et les indiens (qu'on devine être plutôt de Floride au vu de la traversée maritime) n'est pas si stupide ou si invraisemblable.

Les Rois du Soleil (1963) de Jack Lee Thompson

La vraie bonne idée du film réside justement dans cette rencontre des civilisations, entre les mayas à la fois savants (architecture, astronomie...) et barbares (sacrifice humain) et les "indiens" qui semblent surtout primitifs. Dans ce choc des cultures il y a pourtant quelques incohérences, comme le fait que le narrateur explique que les mayas de Balam soient encore aux armes en bois tandis que leurs ennemis, une autre tribu précolombienne, soient armés de fer ; on constate que durant le film il ne faut pas être très regardant. On tique également sur la coupe de cheveux peu précolombienne de Balam/Chakiris, une erreur de casting tout simplement. J.L. Thompson signe pourtant un film d'aventure épique et exotique qui ne manque pas de profondeur et d'enjeu. Un film parfois maladroit mais doté d'une sincérité et d'une ambition qui mérite qu'on s'y attarde. A voir.

Note :

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