Nouveau film du prolifique Woody Allen, qui collabore pour la 3ème fois avec le concurrent de Netflix (ça change !) Amazon Studios après "Cafe Society" (2016) et "Wonder Wheel" (2018). Ce projet a malheureusement connu une première sortie difficile puisque la sortie américaine en 2018 a été tout simplement annulée après que les scandales sexuels touchant Woody Allen ont été remis au goût du jour suite au mouvement #MeToo et consorts. A tel point qu'ensuite plusieurs acteurs ont renié le film et affirmé qu'ils regrettent et qu'ils ne retravailleront plus avec le cinéaste, allant jusqu'à reverser leur salaire à des associations de luttes contre les agressions sexuelles.
On passera sur l'hypocrisie totale de ces revirements et de ces déclarations (il est emps de réagir sur des faits qui datent de 1992 et sans qu'il y ait jamais eu aucune condamnation ou preuve tangible)... En tous cas, en France nous avons la chance de pouvoir voir son film qui continue une sorte de trilogie thématique sur le cinéma avec ses précédents films. Allen a voulu évoquer les comédies romantiques de l'Âge d'Or : "J'ai toujours adoré ces films-là. Je les trouve merveilleux. C'est une histoire d'amour et j'avais envie de la situer dans un New-York romantique sous la pluie."... On suit deux jeunes étudiants qui arrivent à New-York pour un week-end en amoureux. Mais au mauvais temps succèdent des rencontres imprévues... Allen réunit comme à son habitude un casting quatre étoiles, mais dans le même temps il choisit de nouveaux venus dans son univers et quelques stars de la nouvelle génération, à l'exception notable de Rebecca Hall qui (semble donc se réveiller en 2019 !) était déjà dans "Vicky Cristina Barcelona" (2008). Le jeune couple amoureux est incarné par les toutes nouvelles stars hollywoodiennes Timothée Chalamet vu récemment dans "My Beautiful Boy" (2019) de Felix Van Groeningen et Elle Fanning vue récemment dans "Teen Spirit" (2019) de Max Minghella. A leurs côtés on a aussi la charmante Selena Gomez qui surprend encore à être là où on ne l'attend pas forcément comme dans "The Dead don't Die" (2019) de Jim Jarmush, la star Jude Law qui revient à un genre plus calme après plusieurs blockbusters dont "Captain Marvel" (2019) de Anna Boden et Ryan Fleck, puis Liev Schreiber surtout pris par sa série TV "Ray Donovan" (2013-...), ainsi que les acteurs Diego Luna et Suki Waterhouse qui se retrouve après "The Bad Batch" (2017) de Ana Lily Amirpour... Allen revient chez lui, on se retrouve donc à New-York avec ses personnages qui ont toujours des phobies ou des soucis plus ou moins psychologiques, dépressions et crises d'angoisse mais aussi et surtout l'amour sous toutes ses formes. On suit donc ces chassés-croisés dans Manhattan avec délectations mais aussi, parfois, avec agacement tant le narcissisme est omniprésent dans presque chacun des personnages. Le jeune étudiant est plus ou moins un surdoué, le scénariste est un génie, le réalisateur est un génie, même la maman offre une révélation qui démontre une ambition qui explique son côté aristocratique, la jeune étudiante en journalisme est sans doute l'intruse du lot, à priori génie du journalisme elle s'avère surtout une ado retardée maniérée et inconséquente.
La seule qui semble sortir du lot est la plus discrète, incarnée de façon sobre et malicieuse par Selena Gomez. Si on s'amuse de ces atermoiements new-yorkaises dans une sorte de canevas allenien on s'aperçoit que le tout est assez vain, les personnages sont beaucoup trop antipathiques (la pauvre Ashleigh/Elle Fanning est carrément insupportable, seule Chan/Selena Gomez s'en sort) pour qu'on s'y attache malgré quelques moments de grâce. On apprécie surtout les scènes avec Selena Gomez (seule donc à ne pas exploser d'un ego surdimensionné), le piano-bar et surtout le côté romantisme suranné (dont les clichés ont assurément leur charme). Woody Allen signe un 50ème film sympathique mais sans prise de risque, auquel il manque des personnages attachants. Un Allen de base ni plus ni moins.
Note :