Après avoir signé deux westerns spahettis, "Le Dernier Face à face" (1967) et "Colorado" (1967) tous deux avec Tomas Milian, le réalisateur italien Sergio Sollima se voit confier un film de commande. Un polar musclé qui doit mettre en scène le couple Bronson-Ireland qui se trouve dans une période française. En effet, mariés depuis 1968, le couple qui tournera pas moins de 15 films ensemble de "Pancho Villa" (1968) de Buzz Kulik à "Protection Rapprochée" (1987) de Peter Hunt, ont déjà tourné plusieurs productions françaises comme "Quelqu'un Derrière la Porte" (1970) de Nicolas Gessner et surtout "Le Passager de la Pluie" (1970) de René Clément... Mais surtout ce film ouvre la voie à Charles Bronson dans les purs films d'action qui vont façonner le mythe notamment avec ses 6 films avec Michael Winner dont le plus célèbre "Un Justicier dans la Ville" (1974)...
Bronson est Jeff Heston, un tueur à gages qui tombe dans un piège alors qu'il est avec sa fiancée. Survivant mais en prison, il décide de sa venger en sortant mais surtout de retrouver sa belle... Cette dernière est évidemment jouée par Jill Ireland. Ses "amis" (?!) sont entre autres incarnés par Telly Savalas qui retrouve Bronson après "La Bataille des Ardennes" (1965) de Ken Annakin et "Les 12 Salopards" (1967) de Robert Aldrich, puis le frenchy Michel Constantin qui retrouvera Bronson et Ireland pour "De la Part des Copains" (1970) de Terence Young ; pour l'anecdote, Constantin et Bronson deviendront très amis au point de faire un pacte de sang sur le tournage et de mourir en 2003 à seulement quelques heures d'intervalle !... On reconnaît très vite la musique d'un certain Ennio Morricone, compositeur génial s'il en est, mais qui cette fois faut bien l'avouer ne s'est pas franchement foulé... Le film débute avec une course poursuite à la mode seventies, façon (1968) de Peter Yates et porté au rang de mythe dans "French Connection" (1971) de William Friedkin, mais si la course est en elle-même prenante et sous tension, on ne peut qu'être surpris par l'inertie façon poisson rouge de la passagère interprétée par Jill Ireland (comment rester aussi muette et impassible ?!). Pourtant cette dernière incarne une vamp vénéneuse de belle façon.
Ensuite si on est toujours sous l'emprise du charisme animal de Charles Bronson, on s'amuse aussi de la relation avec Michel Constantin, et du face à face avec Telly "Kojak" Savalas. Le vrai soucis réside dans un scénario un peu fouilli, qui sème des flashbacks à tord et à travers, pas aidé par un montage cacophonique qui coupe et découpe de façon brutale et/ou aléatoire ce qui donne un récit saccadé et pas toujours digeste. Sollima a bien quelques élans de réussite, et le film offre son lot de passages icôniques inhérents au genre (amusez-vous par exemple à lister les points communs avec en 1989 de John Woo !), mais on constate surtout que le casting est l'atout majeur de ce film oubliable.