Havana

Un grand merci à Elephant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Havana » de Sydney Pollack.

Havana

« Tout cela pourrait être contre mes principes, mais je n’en ai aucun »

Cuba, années 50. Jack Weil doit disputer une partie de poker à haut risque. Arrivé sur place, il tombe éperdument amoureux de Roberta, une fougueuse jeune femme partageant les idées révolutionnaires de Fidel Castro. Les engagements de Roberta à l’aune de la révolution cubaine viennent bouleverser la vie de Jack.

« Je sais l’essentiel de Cuba : qui gouverne et qui il faut éviter »

Havana_Lena_Olin

Tout au long de sa carrière, le réalisateur Sydney Pollack aura donné l’impression de naviguer entre deux eaux. Comme s’il était profondément tiraillé entre le réalisme social et les sujets contestataires portés par le Nouvel Hollywood, mouvement avec lequel il aura un peu flirté, et un héritage formellement plus classique qu’il n’aura eu de cesse de cultiver. Dans tous les cas, il aura laissé une œuvre d’une grande homogénéité, peuplée d’antihéros désabusé mais flamboyant, en rupture de ban avec une société qu’ils jugent souvent écrasante, corruptrice et castratrice. A l’image de « Jeremiah Johnson », le trappeur retiré du monde, du champion de rodéo indocile du « Cavalier électrique » ou de l’aviateur de « Out of Africa ». Une thématique de l’individu contre la société particulièrement prégnante dans son œuvre, qu’il aura souvent pris soin d’insérer dans un contexte historique complexe tel que la Grande dépression (« On achève bien les chevaux », « Propriété interdite »), le Maccarthysme (« Nos plus belles années ») ou la paranoïa de la guerre froide (« Les trois jours du condor »).

« Au poker, il est parfois plus intéressant de perdre avec un bon jeu pour ensuite gagner avec une mauvaise main »

Havana_Robert_Redford

Reprenant à son compte un scénario écrit quinze ans plus tôt par Paul Schrader, il nous plonge avec  « Havana » dans la Cuba effervescente de 1958, qui vit alors les dernières heures de la dictature de Batista au rythme de l’avancée des barbudos de Fidel Castro. La Havane est alors le lieu de villégiature préféré (et la salle de  jeu) des américains fortunés, attirés par l’exotisme, le soleil et le luxe des casinos et des cabarets. Un contexte d’incertitude politique et sociale qui ne semble pour l’heure rien gâcher de la grande débauche festive à laquelle se livrent les touristes. Pourtant, le cinéaste filme bien un monde en train de s’effondrer sur lui-même, qui sert de décor à une grande fresque romantique et romanesque à l’ancienne. Tel le mythique « Casablanca » de Curtiz dont il reprend en partie la trame, Pollack se laisse donc aller à une grande histoire d’amour impossible, petite histoire de passion humaine prise au piège des tourments de la grande histoire. La romance entre les deux personnages a beau être d’emblée assez improbable, on se laisse néanmoins séduire par l’ambiance du film, son exotisme bon teint, et ses personnages. Ainsi, si Alan Arkin et Tomas Milian campent de savoureux seconds rôles, c’est surtout Robert Redford, dans son rôle de prédilection de séducteur tranquille, qui irradie l’écran. De quoi s’offrir une belle évasion durant un peu plus de deux heures.

Havana_Sydney_Pollack

***

Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.1 et 2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’un Making of, d’une Bande-annonce et d’une Galerie photos.

Edité par Elephant Films, « Havana » est disponible en DVD ainsi qu’en combo blu-ray + DVD depuis le 28 mai 2019. A noter qu’un livret « Sydney Pollack, homme de cinéma » : entretien avec le réalisateur, introduction exclusive de Dave Grusin (24 pages) complète avantageusement cette édition.

Le site Internet de Elephant Films est ici. Sa page Facebook est ici.