Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « L’enfer des tropiques » de Robert Parrish.
« Je viens de nulle part illicitement et je vais ailleurs de la même manière »
Aux Caraïbes, Felix Bower et Tony Finn, deux aventuriers, vivent de petits trafics. Moyennant une jolie somme d’argent, ils acceptent d’emmener clandestinement Irena, ex-danseuse au passé mystérieux, jusqu’à l’île de Santa Nada. Tony tombe amoureux d’elle. Les rapports entre les deux hommes dégénèrent.
« Je n’ai pas la cote avec les services de l’immigration. Ils s’imaginent qu’une femme de mon genre se fait entretenir. Et ils préfèrent que ce soient des citoyens d’autres pays qui s’en chargent »
Le cinéma, Robert Parrish y tomba dès son plus jeune âge. Enfant acteur, il apparait ainsi dans le célèbre « L’aurore » de Murnau (1927) avant d’enchainer les apparitions au cours de la décennie suivante chez Milestone (« A l’ouest rien de nouveau », 1930), Chaplin (« Les lumières de la ville », 1931), DeMille (« La loi de Lynch », 1933) et dans une dizaine de films de John Ford. Abandonnant finalement à la fin des années 30 une carrière d’acteur qui ne décollait pas, Parrish se reconvertit comme monteur, d’abord chez son ami John Ford avant de travailler pour Robert Rossen (il décroche l’Oscar du Meilleur monteur pour « Sang et or » en 1947) ou George Cukor. Promu réalisateur au début des années 50, il tournera une vingtaine de films au cours des trois décennies suivantes dont on retiendra quelques westerns (« Libre comme le vent », « L’aventurier du Rio Grande », « Les brutes dans la ville »), une incursion dans le domaine de la science-fiction (« Danger, planète inconnue ») et surtout sa participation à la comédie chorale « Casino royale ».
« Un jour on gagne, un jour on perd »
Tourné en 1957 d’après le roman « Fire down below » de Max Catto (romancier dont les écrits inspireront des films comme « Trapèze », « Les sept voleurs » ou encore « La guerre de Murphy »), « L’enfer des tropiques » est un film d’aventures à l’ambiance exotique construit à la manière d’un film noir. Soit l’histoire de deux marins désabusés, tuant le temps d’une île à l’autre entre contrebande et beuverie, et dont l’amitié sera mise à mal par l’intrusion d’une mystérieuse femme qu’ils devront faire passer clandestinement à travers les Antilles. Sensuelle mais vénéneuse, elle poussera les deux amis dans une spirale autodestructrice qui trouve son climax dans la cale d’un bateau en feu prêt à exploser. Seulement voilà, à la base le film devait être construit en flashback à partir de cette fameuse séquence du bateau en flammes, pour expliquer comment le personnage s’était finalement retrouvé dans cette terrible situation. Mais les producteurs ont finalement imposé un montage chronologique dont la conséquence sera de déséquilibrer totalement le déroulement du récit et d’altérer sa charge dramatique. Avec le sentiment quelque peu frustrant d’être ainsi passé à côté d’un potentiel grand film. On retiendra néanmoins de cet « Enfer des tropiques » la belle interprétation générale de ses acteurs (Robert Mitchum, Jack Lemmon, Rita Hayworth, Herbert Lom…), ses ébouriffantes scènes de carnaval et de danse (dont celle très sensuelle qu’offre Rita Hayworth à Robert Mitchum) ainsi que son dernier quart d’heure, où le flegme de Lemmon parvient à compenser la perte d’intensité dramatique due au montage. Il film d’aventures plutôt mineur et un peu bancal, qu’il convient de redécouvrir pour son exotique ambiance caribéenne et pour le charme de ses acteurs.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de « Robert Parrish, l’enfant d’Hollywood » : entretien avec Jean-François Rauger (15 min.).
Edité par Rimini Editions, « L’enfer des tropiques » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 16 juillet 2019.
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