Tourné avec peu de moyens, Tu mérites un amour est le premier film d'Hafsia Herzi. Si c'est Adbellatif Kechiche qui lui a donné l'envie de réaliser son premier film, il n'en demeure pas moins singulier. En effet, la réalisatrice filme avec une certaine candeur les corps qui embrasent la caméra.
Pour résumer l'histoire en deux mots, il s'agit d'une fille, Lila (Hafsia Herzi donc) qui, suite à l’infidélité de son petit ami vit difficilement la rupture amoureuse. Un jour, il lui annonce qu'il part seul en Bolivie pour se recentrer sur lui-même. Arrivé finalement là-bas, il lui laisse entendre que leur histoire n'est pas tout à fait finie. Pendant ce temps-là, Lila ne comprend plus son homme et s'égare dans des histoires sans lendemain.
La réalisatrice semble avec son film nous raconter l'amour 2.0. Lila, très belle, rencontre facilement des jeunes hommes que ce soit dans la vraie vie (dans un parc ou un café par exemple) ou sur des applis de rencontre mais une fois l'histoire passée : elle se retrouve seule face à elle-même. On retrouve par ailleurs l'excellent Anthony Bajon aperçu dans La prière de Cédric Kahn. C'est d'ailleurs lui qui lui offre un poème de Frida Kahlo titré Tu mérites un amour en référence à Lila qui ressemble à la peintre.
Solaire dans son ensemble, le film est au plus des visages et des corps. L'actrice-réalisatrice a recruté une épatante bande de jeunes comédiens qui sortent très bien leur épine du jeu. On retiendra notamment l'hilarant copain gay de Lila, Djanis Bouzyani, qui apporte au long-métrage son lot comique et léger.
Tu mérites un amour est alors ce film qui nous cueille au moment où s'y attend le moins. Avec cette chronique sur le désamour, Hafsia Herzi va désormais compter dans le cinéma actuel tant son film dépeint intelligemment les amours et la solitudes contemporaines. C'est bien simple, la jeune réalisatrice de 32 ans avec son tout premier film fait de l'ombre à son mentor Kechiche. Alors oui, Tu mérites un amour est peut-être moins sulfureux qu'un La Vie d'Adèle ou encore un Mektoub my love, il n'en demeure pas moins sensuel. Et d'ailleurs, il est toujours question du mektoub (destin), un mektoub allié au plaisir de la nourriture.
Pour finir, le film sélectionné à la Semaine de la critique à Cannes et nommé au Festival du film d'Angoulême cet été mérite le coup d'être vu ! Car oui Hafsia Herzi mérite à son tour aussi un amour, l'amour incontesté d'un public. Alors, nous souhaitons longue route à cette nouvelle réalisatrice qui a d'ailleurs commencé à penser à son prochain film dont le titre est Bonne mère.
Dépêchez-vous de le voir, il ne reste plus que deux séances au Dietrich !