Après avoir déjà abordé la politique avec son premier, le thriller politique "Le Grand Jeu" (2015) sur la relation entre un écrivain râté et un homme politique de l'ombre, Nicolas Pariser revient avec à nouveau la politique comme sujet mais cette fois avec une comédie dramatique. Le réalisateur-scénariste a réuni deux de ses projets en un, une adaptation fictionnelle inspirée du documentaire "Le Président" (2010) de Yves Jeuland, puis un scénario qui racontait le parcours d'une étudiante qui ne savait pas quoi faire de sa vie. L'envie du cinéaste de travailler avec un certain Fabrice Luchini fit le reste... A Lyon, la jeune Alice spécialiste en philosophie, est embauché par la mairie afin d'aider le maire Paul Théraneau à reprendre pied suite à un passage à vide qui semble persister...
Le maire est logiquement incarné par Fabrice Luchini, après avoir joué dans "Le Mystère Henri Pick" (2019) de Rémi Bezançon et avant "Jeanne" (2019) de Bruno Dumont. Alice est interprétée par la charmante Anaïs Demoustier vue récemment dans "Deux Fils" (2019) de Felix Moati. On remarquera également Nora Hamzawi vue dans "Doubles Vies" (2019) de Olivier Assayas, et retrouve ainsi son partenaire Antoine Reinartz vu récemment dans "Roubaix, une Lumière" (2019) de Arnaud Depleschin... A Nicolas Pariser avoue s'être inspiré des films de Eric Rohmer et surtout de Sacha Guitry : "Comme le maire, les héros qu'incarne Guitry parlent beaucoup et jouent la comédie. Ils sont tout le temps en représentation mais, à un moment, leur intimité apparaît, comme par effraction, et c'est bouleversant. Dans ma description de la vie de la mairie, j'ai beaucoup pensé à la série "A la Maison Blanche" de Aaron Sorkin, j'aimais tous ces personnages qui parlent politique en marchant et qui travaillent tout le temps"... Le film repose avant tout sur le duo Luchini-Demoustier, sur leur relation unique. On constate évidemment la différence d'âge, d'expérience, de position sociale... etc... Et on se demande vite où veut nous emmener Nicolas Pariser avec cette histoire tant les différences entre les deux personnages principaux peuvent mener dans tous les sens. Mais très vite on s'aperçoit que cette relation entre le maire et sa conseillère n'est qu'un prétexte fumeux pour que Nicolas Pariser passe ses messages politiques de façon plus ou moins discrète. Les dialogues sont tout particulièrement lourd et pesant, car si il y a discussion philosophique on ne décèle pas un différenciation entre ces dialogues culturels entre le maire et Alice et les discussions politiques du quotidien professionnel. Un langage élitiste omniprésent qui empêche une immersion dans les coulisses tant c'est ennuyeux et peu réaliste.
Les dialogues passent finalement pour un grand monologue qui ne dit pas son nom, celui de Nicolas Pariser qui use de son film pour diffuser ses idées politiques (écolo, économiques... etc...) très démagos même si cela peut paraître ludique par moment. En tous cas c'est peu subtil, voir grossier comme stratagème, sous couvert de philosophie et d'une relation originale. Par là même, si on apprécie le jeu tout en sobriété de Luchini on sera plus réservé sur le personnage de Alice, jeune femme très intelligente, très cultivée et très seule, comme si (une fois de plus !) on ne voyait pas le réalisateur-scénariste se félicitant du parallèle tout aussi peu subtil entre le maire et sa protégée. Plus techniquement on sourira sur le fait que le RMI semble encore exister à Lyon en 2019 (Pariser prouve qu'il n'en a jamais eu besoin !). Pourtant on comprend les intentions, on apprécie quelques idées qui paraissent si logiques finalement, on aime la mise en scène classique et délicate à l'image de la relation Luchini-Demoustier. Dommage que le cinéaste n'ait pas ajouté une dimension plus ancrée dans la réalité, avec par exemple plus de nuance comédie-drame, et surtout en étant moins démonstratif dans sa thèse prétentieuse. Dommage... Note indulgente...
Note :