Ce projet de film date de 1997, il était d'abord proposé à Tony Scott et Curtis Hanson avec Harrison Ford et Chris O'Donnell dans les rôles jumeaux, mais finalement rien ne valait le rajeunissement numérique qui ne pouvait être alors concrétiser pour des raison technologiques évidentes. Il aura donc fallu deux décennies pour que ce projet ressorte des tiroirs, repris par le nabab Jerry Bruckheimer à la production. En effet, en ce qui concerne le paramètre du rajeunissement numérique la technologie a fait un bon en avant avec des films comme "L'Etrange Histoire de Benjamin Button" (2009) de David Fincher et "Captain America : First Avenger" (2011) de Joe Johnston. Le projet a été confié à l'excellent Ang Lee qu'on avait pas vu depuis "Un Jour dans la vie de Billy Lynn" (2016) et qui revient ainsi à l'action après y avoir goûté dans d'autres univers avec "Chevauchée avec le Diable" (1999), "Tigre et Dragon" (2000) et "Hulk" (2003)...
Dans un futur proche, un tueur à gage s'apprête à prendre sa retraite quand on essaie de le tuer. Il va alors faire face à son adversaire, lui en plus jeune d'une vingtaine d'années. Il va apprendre qu'il s'agit en fait d'un clône chargé de l'éliminer... Ce double rôle est tenu par la star Will Smith qui est depuis quelques années pas loin de franchir la ligne jaune du "has been", bien qu'il ait cartonné en génie dans "Aladdin" (2018) de Guy Ritchie et qu'on est ravit de ses futurs projets qui démontrent toute son originalité et sa prise de risque avec "Bright 2" et "Bad Boys 4". Dans le rôle du méchant on a Clive Owen qui poursuit dans la SF après "Valerian et la Cité des Mille Planètes" (2017) de Luc Besson et (2018) de Andrew Niccol. L'atout charme revient à la délicieuse Mary Elizabeth Winstead sublime girl de "Boulevard de la Mort" (2007) de Quentin Tarantino et bientôt de l'aventure "Birds of Prey" (2020) de Cathy Yan, penchant 100% féminin/féministe à "Suicide Squad" (2016) de David Ayer... Le clonage a déjà été abordé de nombreuses fois au cinéma, et un tueur à gages pris pour cible par ses anciens employeurs est éculé depuis des lustres. Ce film repose donc essentiellement sur sa star et son rajeunissement numérique, en espérant qu'en prime le choix de tourné en 120 images/seconde soit un atout. Précisons alors que Will Smith n'est plus un gage bankable et que la technique à 120 images/seconde n'a pas encore franchement acquis ses galons. 1er paramètre important donc, le rajeunissement, sur quoi le superviseur des effets spéciaux Bill Westenhofer (déjà sur "L'Odyssée de Pi" en 2012 de Ang Lee) précise : "Il ne s'agit pas de régénération, ni de substitution d'image. Junior est intégralement créé en numérique et guidé à 100% par la performance capture. (...) chacune de ses larmes, chacun de ses coups, absolument tout ce qu'on voit est du pur Will Smith..."...
Mais si on est scotché la plupart du temps c'est qu'on voit Junior dans des scènes d'action, dès que l'image se fige on constate qu'effectivement, le visage de Junior est aussi figé ; la fin est en cela flagrante, Junior a un visage qui ne fait pas naturel, on aura vu mieux... A part ce point technique le film est plutôt divertissant même si le scénario est convenu et sort tout droit du canevas habituel du genre. Pas de surprise, pas de twist, tout y est cousu de fil blanc. On notera tout de même une séquence musclée de course poursuite avec une partie moto que la production a survendu en la qualifiant même du terme "Bike-Fu" (?!), notamment le producteur Jerry Bruckheimer : "Ang Lee a fait un bon en avant qu'aucun autre réalisateur n'a même tenté d'effectuer à ce jour"... Il aurait dû attendre et offrir la surprise aux spectateurs, car maintenant on peut dire qu'on s'attendait encore à plus fort ! L'autre atout promotionnel serait le 120 images/seconde, comme la 3D ou les salles 4DX et consorts, du gadget. On pourrait se reposer sur le fond, ce message humaniste du méchant digne des grands méchants qui ont finalement un bon fond mais c'est tout aussi peu original et donc déjà vu. C'est finalement un film d'action basique, rythmé et efficace à défaut d'être surprenant.
Note :