(Critique - avec spoilers - de la saison 2)
La nouvelle série de Matt Groening, illustre papa des Simpson, avait pas mal divisé lors de la sortie de sa première saison l’année dernière, la faute à une partie du public s’attendant à une transposition de la fameuse série aux bonshommes jaune dans un contexte de fantasy médiéval. Ce que Désenchantée n’est pas, bien que la filiation aussi bien graphique qu’humoristique soit indéniable, la série a su dans ses dix premiers épisodes se forger une identité propre, développer sa mythologie et ses propres codes qui tout en reposant grandement sur l’absurde, s’alignent merveilleusement pour créer un univers dans lequel il fait bon se blottir. Et c’est avec bonheur qu’on revient s’y emmitoufler pour une seconde saison, malgré pas mal de faiblesses.
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La première saison avait su développer une intrigue en fil rouge, qui se résolvait dans les deux derniers épisodes avec la résurrection de la reine Dagmar et la mort d’Elfo, nous laissant sur un cliffhanger vraiment bon. C’était une des forces de la série, elle avait su allier un humour décapant avec un sens pointu de la dramaturgie, créant des enjeux et des personnages dignes d’intérêt et en faisant plus qu’une série ou on enchaine des épisodes sans aucun lien entre eux juste pour rigoler. La série perd un peu de ce côté-là. Elle commence par résoudre tous les évènements du final dans ses deux premiers épisodes, et par résoudre je veux dire qu’elle les annule tout bonnement. En deux épisodes de trente minutes, on se rétracte sur la totalité des évènements dramatiques survenus, pour revenir à un statuquo permettant le bon déroulement des épisodes suivants, plutôt générique. La suite de la saison se déroule sans vraiment qu’on sache où elle va, Elfo et Luci deviennent accessoires à l’intrigue et errent sans but au fil des épisodes. Quant à Bean, elle perd un peu de sa superbe disfonctionnalité qui en faisait un personnage subtil et vraiment intéressant auparavant, le traitement de sa relation avec son père n’évolue pas vraiment, devient redondant, et l’absence de sa mère qui était le moteur sous-jacent de ses comportements autodestructeurs s’est transformé en un classique et balourd « ouin ouin ma mère elle est pas gentille, franchement c’est pas chouette ».
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Cela dit, Désenchantée reste dans l’ensemble un vrai bonheur à regarder. Elle jouit d’une qualité graphique plutôt dingue, continuant de créer son univers avec soin : c’est toujours de la véritable fantasy produite avec attention, et ça va avec des décors somptueux, les visuels de l’enfer que l’on sera amenés à visiter sont par exemple vraiment inspirés. Ce qu’on y perd en dramaturgie, on y gagne en humour, la série démultiplie les gags tous plus poilant les uns que les autres et trouve vraiment sa tonalité sur ce plan, tout en continuant tout de même à traiter de sujets sérieux, le contexte médiéval allié à la comédie étant parfait pour forcer certains traits et les rendre saillants. Si on a parfois l’impression que la série ne sait ni quoi faire de ses personnages ni où emmener son intrigue, il y a quand même fort à parier que beaucoup d’éléments ont été introduits dans cette saison pour être utilisés ultérieurement, il y a sous la surface de Dreamland un univers de mystère et de questions encore sans réponses, et on a très hâte de démêler tout cela…
Kevin