La naissance de James Bond est le fruit du travail de Terence Young à la mise en scène et de Sean Connery dans le rôle phare. Tous deux ont magnifié les romans de gare d’Ian Fleming pour en faire un divertissement cinéphilique novateur. Aucun studio ne voulait suivre ce projet porté par un réalisateur de série B et un comédien inconnu du grand public après le refus de Roger Moore (starifié par la série « Le Saint ») qui y reviendra plus tard. Le film fût monté avec un petit budget et le tour de force de Young est de faire un film spectaculaire avec peu de moyen en rendant chaque dollar dépensé visible à l’écran. Les scènes d’action sont donc peu nombreuses, peu dispendieuses ; mais font leur effet par leurs chorégraphies ramassées mais brillantes. Sean Connery, pour sa part, s’est investi comme jamais pour donner corps à ce personnage au tempérament si caractéristique ; il déclara même : « C’est comme demander à un petit garçon qui adore les voitures si il voulait qu’on lui offre une Jaguar. Lorsqu’on m’a proposé de jouer Bond, je n’ai pas dormi pendant des jours ! ». Et il créa pour Bond une façon de se mouvoir dans l’espace, de se battre, d’accrocher le regard qui fait de son « Bond » un modèle ; ce personnage guidé uniquement par l’instant présent soit dans un plaisir à prendre (charnel, gustatif, ludique) soit dans un objectif professionnel à réaliser. C’est un épicurien et un homme d’action, pas un cérébral. Rien que sur ce film, tous les éléments distinctifs de Bond sont en place : le Vodka-Martini, le Walter PPK, le costume élégant, le célèbre thème musical de John Barry, le canon de la scène d’ouverture, les décors luxueux, les voyages magiques autour de la planète (là Jamaïque ici), l’enchainement des péripéties, la James Bond girl (Ursula Andress) en petite tenus sexy et plus largement les belle femmes,… Les personnages récurrents principaux dans des fonctions bien précises sont tous en place : M son supérieur avec lequel il entretient des rapports houleux mais respectueux ; Miss Moneypenny qui sur une seule séquence donne le ton (célibataire, folle amoureuse de Bond avec lequel les dialogues à double sens sont souvent savoureux) de ce que sera leur relation, platonique et tout en flirt ; Q qui lui remet son Walter PPK mais qui n’est pas encore le pourvoyeur de gadgets divers et variés à destination de Bond qu’il deviendra dans les prochains opus ;… Donc ces fameux gadgets viendront plus tard tout comme ces fabuleux pré- génériques qui font la renommée des Bond, mais aussi les magnifiques voitures et la chanson du film. Donc les bases sont solides, mais des nouveautés arrivent dans les suivants ; nouveautés permises par le succès de ce premier opus ouvrant la voie aux gros budgets à venir. Au-delà de cette mise en place solide de la franchise Bond ; ce film n’a pas pris une ride car porté par un scénario, quoique linéaire, rythmé et sans faille. Un pur produit d’efficacité et de glamour opérant autour d’une certaine idée du luxe, de l’action et sens du tempo. A revoir avec plaisir.
Sorti en 1963
Ma note: 15/20