Le réalisateur-scénariste breton Christophe Honoré a déclaré vouloir "retrouver un plaisir de cinéma plus immédiat. Et surtout revenir à Chiara Mastroianni" après une trilogie artistique sur la mémoire homosexuelle du Sida qui regroupe son livre "Ton Père" (2017), sa pièce de théâtre "Les Idoles" (2018) et surtout son dernier film "Plaire, Aimer et Courir Vite" (2016). Le cinéaste explique : "Je ne crains pas la légèreté, j'en suis très heureux. Ici, comme dans "Plaire, Aimer et Courir Vite", "Dans Paris" ou "Les Chansons d'Amour", je n'ai aucune crainte à me frotter au mélodrame mais je suis attentif à ne surtout pas verser dans le solennel. Si la fantaisie est envisagée comme un enchantement, ça me va. L'enchantement fait irruption, d'une manière littérale, dans les comédies musicales ; ce film-là, sans l'être, y ressemble. On peut s'attendre parfois à ce que les personnages se mettent à chanter. Je suis fan de Woody Allen, je ne pense pas que "Hannah et ses Soeurs" soit moins profond que "Le Sacrifice" de Tarkovski. C'est formidable d'être profond et drôle à la fois."... Une nuit d'hiver Maria quitte le domicile conjugale après une dispute avec son époux Richard. Elle se réfugie dans un hôtel juste en face de chez elle où elle peut épier son mari, mais aussi où elle peut se souvenir et convoquer les protagonistes de son passé...
Elle se retrouve chambre 212, référence à l'article 212 du Code Civil : "Les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours et assistance."... Evidemment, dans le rôle de Maria le cinéaste retrouve sa muse Chiara Mastroianni (faut-il rappeler que ses parents sont Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni !) avec qui il a déjà tourné 5 des ses films, à savoir "Les Chansons d'Amour" (2007), "La Belle Personne" (2008), "Non ma Fille tu n'iras pas Danser" (2009), "Homme au Bain" (2010) et "La Bien-Aimée" (2011). Honoré retrouve également Vincent Lacoste après "Plaire, Aimer...". Les autres personnages principaux sont incarnés par Benjamin Biolay (qui a été le conjoint de Chiara en 2002-2009 avec la naissance d'une fille) qu'on avait pas vu au cinéma depuis (2017) de Emmanuel Finkiel, Camille Cottin qu'on n'arrête plus de voir avec pas moins de six films sortis en 2019 dont le prochain "Les Eblouis" de Sarah Suco, puis enfin Carole Bouquet qui se fait rare et vue la dernière fois dans "Voyez comme on Danse" (2018) de Michel Blanc... Précisons que le film a la particularité de faire revenir des personnages à un âge différent, ainsi Camille Cottin incarne une Irène plus jeune que Carole Bouquet, et Vincent Lacoste incarne un Richard plus jeune que Biolay... Le film débute avec une scène amusante qui donne le ton avant la dispute du couple. Décor minimal et presque passe partout, on remarque bien vite qu'il n'aurait pas fallu grand chose pour en faire un huis clos en temps réel. Mais Christophe Honoré en fait une sorte de vaudeville allenien, mais on peut aussi penser à Bertrand Blier un chouïa sans son mordant. On suit donc les aventures nocturnes de Maria, ses rêveries sentimentales du passé mais on suit aussi et surtout une remise en question, une réflexion qui va toucher également les protagonistes qui entoure et ont entouré le couple Maria et Richard. Une comédie romantique qui ne dit pas son nom.
Une comédie sentimentale qui n'est jamais mièvre, qui a du fond et qui aborde toutes les problématiques qui touchent au couple avec le passif amoureux, les secrets, l'infidélité, la routine, les enfants, et le temps qui passe trop vite... Il manque surtout un peu de rythme, c'est un peu trop monotone, il manque un peu de peps et de souffle malgré un scénario qui n'arrête jamais de virer d'un côté puis de l'autre. Niveau interprétation on ne sera pas ébloui, surtout pas un manque d'émotion de la part des acteurs ; si à la rigueur on peut comprendre un choix délibéré pour ceux qui sont fantasmes, on ne peut que constater une fois de plus la médiocrité de Benjamin Biolay qui semble s'ennuyer. Tout repose donc sur Chiara Mastroianni, lauréate touchante du Prix d'interprétation au dernier Festival de Cannes dans la section Un Certain Regard... En conclusion, Christophe Honoré signe une petite fantaisie exquise et inspirée mais à laquelle il manque néanmoins un peu de folie.
Note :