Dans un petit village de province, Paul Braconnier, interprété par le formidable Michel Simon, ne supporte plus sa femme qu’il juge acariâtre et alcoolique, mais il le lui rend bien. Un soir, il entend une interview radiophonique d’un avocat qui vient d’obtenir son 100èmeacquittement. Ni une ni deux, il va le rencontrer prétextant d’avoir tué sa femme et en profite pour récolter des informations en vue de commettre le crime parfait. Rien que le pitch est à la fois drôle, choquant, très noir et très immoral. Dans cette période d’après-guerre, tout le film montre la bassesse de l’Homme. Guitry en profit ici pour régler ses comptes avec la justice, lui qui fit 60 jours de prison à tort pour collaboration prétendue. Donc son film est un pamphlet quasi anarchiste sur les systèmes judiciaires humains et l’intégration de la morale à la justice. Aussi ça ne serait pas du Guitry si une misogynie frontale n’était pas au rendez-vous. Paul Braconnier domine le récit en présentant sa femme comme une atroce mégère, le film lui donne moralement raison de commettre un meurtre en toute impunité, et même lui donne le droit de se faire passer pour une victime. Un humour noir fin porté par de superbes dialogues balancé avec talent par Simon jalonne tout le film jusqu’à l’apothéose du procès final. Et dire que le film ne fut tourné qu’en seulement 11 jours, Simon ne voulant faire qu’une prise à chaque plan ; ayant le sentiment de surjouer dès la seconde. Donc Guitry eût la fabuleuse idée lors du 12èmede tournage de faire un générique d’une originalité folle ; il présente toute l’équipe aux spectateurs, techniciens et comédiens, un à un avec un petit mot pour chacun. Un très grand film français d’après-guerre.
Sorti en 1951
Ma note: 20/20