[CRITIQUE] : El Camino : Un film Breaking Bad

[CRITIQUE] : El Camino : Un film Breaking Bad
Réalisateur : Vince Gilligan
Acteurs : Aaron Paul, Jesse Plemons, Robert Foster, Jonathan Banks, Bryan Cranston,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h02min
Synopsis :
À la suite de sa tragique évasion, Jesse doit accepter son passé s'il veut se construire un avenir... ou quelque chose qui y ressemble plus ou moins.
Un film qui fait suite au final de la série Breaking Bad, suivant les aventures de Jesse Pinkman...

Critique :

Exit le film de trop gâchant une fin de série satisfaisante, #ElCamino, loin de l'épisode prétexte étiré sur la longueur, est un vrai bout de cinéma légitime, nostalgique et prenant, qui boucle joliment l'odyssée douloureuse d'un Jesse Pinkman + empathique et touchant que jamais. pic.twitter.com/EFed6jshoj— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 11 octobre 2019

Elles sont rares les séries récentes, à pouvoir se targuer d'avoir un final aussi satisfaisant et explosif que celui que s'est offert au forceps la cultissime Breaking Bad, cloturant avec cohérence les aventures criminelles de Walter White et du jeune Jesse Pinkman, tout en laissant suffisamment de mystère quand au destin de ce dernier, pour laisser jouer notre imaginaire.... jusqu'à aujourd'hui, et l'arrivée impromptue d'un film de complèment, s'inscrivant directement à la suite du clap de fin du show.

Revenir sur un maelstrom sanglant et furieux de gunfights à la mitrailleuse, de libération physique et cathartique (à la lisière de la rédemption) et d'un juste retour des choses (la chute sanglante de Walter, collaborateur et ami devenu némésis de Jesse, avant de légèrement se racheter en lui sauvant in fine la peau), était un pari osé, trop peut-être pour les puristes qui voyaient en ce come-back improbable, un aveu de faiblesse de la part d'un Vince Gilligan ne pouvant pas se défaire de son chef-d'oeuvre, tel un George Lucas qui prolongeait toujours un peu plus son rêve à travers les galaxies.

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Copyright Ben Rothstein / Netflix


Mais à la différence de Sex and The City, qui n'aurait jamais vraiment dû étirer les aventures de Carrie Bradshaw et sa bande sur grand écran (le premier opus se laisse regarder, le second est une purge absolue), Gilligan avait déjà réussi avec brio, à briser le sortillège de la malédiction de l'opus de trop, en offrant une série spin-off qui n'a rien a envié à son illsutre ainé, la merveilleuse Better Call Saul, élargissant de manière fascinant un univers qui l'était déjà grandement.

Et si l'on pourra toujours en discuter autant sa nécessité que sa légétimité, El Camino : A Breaking Bad Movie n'en est pas moins un satisfaisant prolongement de la série mère, se payant le luxe de ne pas jouer la carte de la redite pour croquer un épilogue magnifiquement conçu pour l'histoire de Jesse Pinkman.
Reprenant la piste esquissée juste après le final de la saison 5, on retrouve un Jesse totalement lessivé, qui a échappé au complexe néo-nazi de Jack, ou il avait été réduit en esclavage et contraint à cuisiner de la méthamphétamine en masse pour alimenter leur business.
Après la mort de Walter White, la police le recherche pour mettre un point final à l'enquête sur son empire de la drogue déchu, et il se lance alors dans une fuite en avant pour autant échapper au représentant de la loi, que tenter de s'offrir un nouveau départ... si cela est encore possible.

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Copyright Ben Rothstein / Netflix

Ne cherchant pas plus loin que l'odyssée de conclusion simpliste - mais pas dénué de complexité pour autant - visant à combler les blancs laissés par le serie final, lançant de gros clin d'oeils nostalgiques pouvant paraître pour du fan service maladroit (les nombreux retours en arrières sont surtout un prétexte pour revoir, et dire au-revoir, aux personnages clés de la série), s'ils ne s'inscrivaient pas pleinement dans une écriture soignée plombant tout sentiment putassier de gratuité, El Camino ne bouleverse pas fondamentalement notre compréhension du show (pas de grandes révélations ni même de rebondissements fous), mais se veut comme un épilogue léger, qui en décevra sensiblement plus d'un qui recherchait plus de substance à ce revival attendu.

Répondant à certaines questions tout en en posant quelques autres, jouant sensiblement trop l'épure d'un point de vue substance (l'écriture reste trop en surface et semble hésitante à en donner plus à son auditoire, de peur, sans doute, de décevoir), mais rattrappant le coup par son ambition louable d'offrir un adieu gratifiant à Jesse, et une propension à incarner un vrai régal visuel pour tous les amoureux de paysages désertiques (la mise en scène de Gilligan imprime décemment plus la rétine que sa plume cette fois, c'est une certitude), le film, qui reprend l'ambiance mélancolique du show tout autant que sa gestion brillante de la tension, vaut avant tout et surtout pour la partition fantastique d'Aaron Paul, qui retrouve sans la moindre peine le costume et la psyché brisée de Jesse, dont il exploite avec brio ses cicatrices du passé et son état d’esprit tourmenté.

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Copyright Ben Rothstein / Netflix

Frustrant sur certains points (on en voulait plus, c'est évident), tout en étant intelligent dans sa manière de ne pas se perdre dans le bigger and faster inhérent à toute suite Hollywoodienne, El Camino est un dernier adieu contemplatif à un personnage ayant vécu l'enfer (et son chemin de croix n'est pas totalement clôt non plus), et qui se voit offrir un ultime éloge méritoire après s'être fait un peu volé le final du show par Walter White et sa mort " Tony Montana-esque ".

Un dernier tour léger dans le monde de Breaking Bad, qui divisera assurément, mais qui saura aussi en séduire plus d'un... comme nous.


Jonathan Chevrier


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