Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 13 Octobre au 19 Octobre
Dimanche 13 Octobre.
Les gouvernements soviétique et britannique sont sous pression. On leur a dérobé des sous-marins nucléaires. L’agent 007 et Anya Amasova, charmante espionne soviétique, tentent de déjouer les noirs plans du mégalomaniaque Stromberg, fasciné par les fonds marins. Une course contre la montre s’engage pour éviter une troisième guerre mondiale...
Alors que Roger Moore occupe le rôle de Bond depuis deux volets, c’est avec L’espion qui M’amait qu’il parvient — enfin — a s’approprier le personnage. Le film renoue avec les codes farfelus de la saga, il n’est dès lors pas étonnant de revoir Lewis Gilbert à la tête du projet, lui qui avait signé le décomplexé On ne vit que deux fois. L’espion qui M’amait est un joyau à la fois extravagant et délicat, ubuesque et raffiné, un mélange qu’incarne à la perfection Moore qui se fait plus fantasque que jamais. Un renouveau qui puise son inspiration dans le On ne vit que deux fois du même Lewis Gilbert, en allant encore plus loin, l’aventure est ici spectaculaire, dantesque, iconique. Un des must-see de la saga.
Mais aussi... W9 propose Papa ou Maman 2 de Martin Bourboulon. Après un premier volet sympathique, le duo de scénariste Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière offre une suite bien meilleure. C’est rare, c’est encore plus rare dans le domaine de la comédie, le dernier exemple — français — doit être Les Bronzes vont du ski. Tout fonctionne à merveille dans cette suite, le duo Fois/Lafitte, l’arrivé triomphante de Jonathan Cohen, des dialogues parfaitement désopilants et un rythme hérité de la screwball comedy vient parachever l’excellence de cette grande comédie.
On poursuit la soirée… avec France 4 qui après L’espion qui M’aimait propose On ne vit que deux fois, toujours de Lewis Gilbert mais avec Sean Connery. Un James Bond décomplexé qui pose de façon involontaire les codes de l’ère Roger Moore. Autrement dit, une aventure drôle, menée tambour battant qui dégagerait presque une atmosphère de bande dessinée. Le départ de Sean Connery aurait pu donner lieu à un opus plus prestigieux, il est tout de même un bon moment de divertissement à l’efficacité redoutable.
Lundi 14 Octobre. Max et les Ferrailleurs de Claude Sautet sur France 5.
Traumatisé d’avoir dû libérer un prévenu dont il était convaincu de la culpabilité, Max abandonne sa carrière de juge d’instruction pour devenir flic. Un flic obsédé par le flagrant délit. Après un nouveau braquage meurtrier qui l’a vu arriver quelques instants trop tard, il décide de créer son propre flagrant délit. En manipulant la séduisante Lily, une jeune prostituée, il va tendre un piège à une bande de petits délinquants en leur donnant l’idée de braquer une banque...
Avec Max et les Ferrailleurs, Claude Sautet offre son film le plus sombre, l’un de ses plus atypiques et indéniablement l’un des plus personnels. Œuvre d’incarnation, Max et les Ferrailleurs ne se sert de son contexte policier que comme un prétexte pour scruter l’humain. Sautet observe ce personnage de mec sur de lui, cet idéaliste qui s’enferme dans une sorte de solitude qui extirpe tout le vivant, l’amitié, l’amour, les plaisirs aussi simple qu’un bon repas. Lily, incarnée par une Romy Schneider magnétique, devient pour Sautet la tentation, loin de n’être qu’une pute, elle est présentée comme une femme libre, indépendante qui se retrouve au centre d’un jeu pervers que Max pense contrôler. Sautet offre ainsi une manipulation filmique, mais surtout une orfèvrerie d’émotion.
Mais également... C8 continue son exploration de la saga Rambo avec Rambo 3 de Peter MacDonald. Un opus clairement en déca des deux précédents puisqu'il expurge le personnage de Rambo de toute substance. Que reste-t-il ? Un film d’action toujours efficace qui fait son nid dans l’humour, car oui, Rambo est devenu une mitraillette a punchlines.
Autre possibilité... Chérie25 propose Populaire de Régis Roinsard qui reconstitue avec amour le charme des 50’s. Le réalisateur signe un film à l’énergie virevoltante. Empruntant le sentier de la romcom, le film s’extirpe des convenances pour se faire une petite place aux carrefours des influences les plus opposées, comme si une Audrey Hepburn rencontrer Rocky. Originale dans son fond et sa forme, le film parvient à être léger sans être inconsistant, charmant sans être naïf.
Mardi 15 Octobre. L’Évadé d’Alcatraz de Don Siegel sur 6Ter.
En 1962, quatre hommes essaient de s’évader de la prison de haute sécurité établie sur l’ile d’Alcatraz au large de San Francisco. Trois y parviendront. Ils creusent chacun un trou dans leur cellule, montent sur les toits, descendent le long de gouttières, franchissent des grilles de 4 m, partent sur un radeau gonflable de leur fabrication. La découverte de leur échappée est faite le lendemain matin. Les recherches restent vaines, aucun corps n’est retrouvé.
Basé sur une histoire vraie, L’Evadé d’Alcatraz est l’ultime film d’une collaboration — Siegel/Eastwood — ayant donné quelques belles heures au cinéma américain, Les Proies notamment, L’inspecteur Harry évidemment. Pour ce dernier tour de piste ensemble, Siegel offre à Eastwood un rôle dont il s’empare avec une présence inouïe. Le réalisateur quant à lui opte pour une approche viscéralement concrète. Sa caméra est directe, brutale, crue, donnant à la pellicule un aspect quasi documentaire. Sous l’image, un récit à double vitesse, d’abord exploration des conditions de vie — sans tomber dans les clichés du genre, créer un lien entre les personnages et le spectateur; pour dans un second temps narrer l’évasion dans un suspens des plus Hitchcockien. Si Siegel réalisera deux autres films, L’Évadé d’Alcatraz est pourtant son seul et véritable testament.
Mais aussi... M6 propose avant la sortie du nouveau volet, Maléfique de Robert Stromberg. Une relecture du dessin animé Disney, La Belle au bois dormant. Contrairement à des films comme Le Roi Lion, Aladin ou encore La Belle et la Bête, simple copier/coller des dessins animés, Stromberg avait un réel point de vue. Faisant de l’antagoniste le personnage principal, Maléfique offre quelque chose de nouveau dans l’histoire que l’on connait tout en étant respectueux de son héritage. Un exemple qui ne sera malheureusement pas suivi par ses successeurs.