La 16e édition du Festival Court Métrange a ouvert ses portes le mardi 15 octobre dernier. Qu'est-ce que c'est ? Le Festival Court Métrange est un festival international de court-métrage insolite, horrifique ou fantastique, basé à Rennes. Pendant cinq jours, nos amis bretons auront donc la chance de se réunir autour de la thématique du fantôme et de l'invisible dans les salles obscures. 72 films sont en compétition cette année, et de nombreuses autres activités. Après une première journée incroyable, retour sur une deuxième journée incroyablement dense.
Une grande journée de compétition
Si les animations autour du festival sont légers aujourd'hui, avec tout de même une très belle conférence sur Poltergeist par Kévin Cappelli et Hubert Blanchard à la Maison Internationale de Rennes, force est de constater que l'organisation a tout donné dans une journée de cinéma tout bonnement incroyable.
En effet, en ouvrant les séances à 18h30 avec Déraisons d'y croire, Court Métrange nous offre d'entrée une sélection aussi belle que terrible. Ainsi, A Estranha casa na bruma de Guilherme Daniel, qui ouvre cette séance, est un court tout en pureté et voluptés, où l'étrange s'offre à nous dans une nappe intriguante du réel. Incroyablement mis en scène et filmé, on sent qu'il y a du Lovecraft dans cette œuvre ; pas surprenant donc de voir parler de l'auteur à la fin du court. On peut également citer Leuki de Julien Leconte, une oeuvre pixarienne tout en légèreté, porté par une animation soyeuse et par de vraies intentions artistiques. Tharon-Plage California de Matthieu Vigneau prend la suite et se dresse comme un digne héritier spirituel de Quentin Dupieux, avec une comédie dans le pur style du réalisateur français, où la croisée des mondes américains et français nous offre un absurde savoureux. Enfin, on ne peut pas ne pas parler de l'excellent Chowboys : An American Folktale des Astron-6, une comédie horrifique qui surprend par son rythme incessant, sa créativité permanente et la qualité de sa mise en scène et de son casting.
A peine remis de nos émotions, nous avons pu enchaîner à 20h15 avec la dramatiqueséance Boulevard des allongés, où nous avons notamment pu voir The First Days de Nina Knag, une oeuvre singulière en forme de drame fantastique, où, dans une poésie macabre destructrice, Nina Knag nous touche en plein coeur avec ce portrait voilé de la mort, de sa gestion personnelle. Si on a malheureusement vu le pire avec Morning Wormhole de Michael Vasquez, on a aussi pu voir le meilleur, avec le merveilleux Le Silence des Poissons Mourants de Vasilis Kekatos, où dans une noblesse cinématographique, on assiste à un délicat et sobre portrait de la mort, traitant tout ce qui y attrait avec un œil qui n'est pas sans rappeller Yorgos Lanthimos.
Après avoir pleuré, nous fûmes terrifiés avec le Décalage Horreur à 22h. On peut citer venant d'Espagne, A Little Taste de Victor Català, une pastille à l'humour décapant ou bien Limbo de Daniel Viqueira, portrait glaçant de la folie d'un homme, le contrepied moderne de l'expression d'un Shining, où l'horreur est dans la détresse d'un homme torturé par ses actes. Si Retch de Keir Siewert et Jeu des enfants de Ekin Koca constitue également des belles surprises, la grosse claque nous vient de Maw de Jasper Vrancken, qui nous semble en ce vendredi soir le mieux armé pour ramener un prix. Quelles limites au pouvoir de l'inconscient ? C'est ce que Maw semble vouloir nous demander, avec une horreur organique d'une force universelle, où la bizarrerie trouve finalement une certaine logique.
C'est ainsi qu'une nouvelle journée de compétition extrêmement dense qui s'achève, alors que l'on se projette déjà vers un samedi prometteur, avec en point d'orgue une rencontre avec les réalisateurs dans l'après-midi, de nouvelles séances et surtout la remise des prix demain soir. A demain !