On y est, la fin du super-héros Invincible est bien là. Robert Kirkman conclue la meilleure histoire de super-héros de ces 15 dernières années de manière magistrale et inattendue et ça fait forcément un petit quelque chose.
Créé en 2002, apparu en France avec Delcourt depuis 2005, Invincible est la série de super-héros du papa de Walking Dead qui révolutionne le genre depuis donc plus de 15 ans et qui a donc pris fin l’année dernière aux états-unis et ce mois-ci en France avec un ultime 25e tome de ses aventures et 144 chapitres.
On en a déjà parlé à de multiples reprises sur le blog (dont lors de la centrale et épique guerre viltrumite) mais pour les lecteurs qui seraient passé à côté, rappelons donc le pitch on ne peut plus simple. A l’adolescence Mark Grayson s’aperçoit qu’il a des pouvoirs hérité de son père extra-terrestre. Il devient alors un super-héros et apprend que son père avait initialement pour but d’asservir l’humanité pour sa race de dictateurs spatiaux. Voilà pour le point de départ … puis les aventures de Mark Grayson explorent tout ce qui est possible dans le genre super-héroïque.
Groupe de super-héros (les gardiens du globe), ennemis multi-dimensionnels, savants fous, gouvernement qui cherche à contrôle ses super-défenseurs, clones, histoires d’amour, coalition de différents monde interplanétaires, guerre intersidérale … les enjeux n’ont pas manqué au fil des épisodes, mais une donnée essentielle est toujours restée, le coeur du super-héros.
Un super-héros qui évolue en permanence
Car l’écriture de Kirkman s’est toujours intéressée à ce qui vivait son héros et son entourage. C’est ainsi qu’il va perpétuellement et naturellement le faire évoluer tout en rendant à chaque fois plus fort ses convictions qui vont faire de lui un héros bien au delà de ses pouvoirs. Et quand on dit qu’il va le faire évoluer, il ne va pas y aller de main morte avec des situations qui changent en permanence.
En effet, là où les super-héros classiques sont toujours cantonnés à revenir à un certain statu quo, Invincible prend des virages régulièrement pour poursuivre sa route. Ainsi, on verra Mark passer à la fac puis adopter son job de super-héros, tomber amoureux puis avoir une véritable vie de famille, quitter la Terre pour habiter sur un nouveau monde, changer d’état d’esprit sur ses ennemis et faire évoluer ses convictions sans que cela ne contredise le chemin parcouru.
Bref, une écriture innovante pour le genre qui multiplie évidemment les coups de théâtre, les nouveaux personnages centraux et attachants, les morts douloureuses, les batailles épiques, mais aussi des instants de belles émotions familiales.
Un final épique et émouvant
Tout cela pour en arriver donc aux derniers épisodes, une conclusion bien amenée par Robert Kirkman qui voit donc évidemment nos héros affronter les viltrumites dans une dernière bataille qui va faire de grands dégats et pourrait bien changer l’univers. Le combat entre Mark et le fou Thragg au cœur du Soleil est proprement impressionnant et douloureux physiquement comme psychologiquement.
Mais l’auteur ne va pas forcément prendre la solution de facilité et tuer tout le monde pour marquer la fin de son histoire. Au contraire il va l’ouvrir sur de nouvelles perspectives inattendues avec beaucoup d’émotion. Et cela fonctionne d’autant mieux que chaque personnage, même secondaire, arrive à un certain aboutissement dans un monde nouveau.
Evidemment, Robert Kirkman n’est pas seul à la barre et Ryan Ottley fait toujours des miracles aux crayons avec des images toujours aussi fortes et dynamiques, des doubles pages épiques et fournies. Et même Corey Walker qui avait dessiné la série sur ses 8 premiers numéros revient apporter sa toucher à la partie la plus émouvante de la conclusion.
Ce grand final d’Invincible est donc parfaitement à la hauteur de la série, à la fois épique, évolutif, avec une bonne réflexion sur les questions de pouvoir et d’évolution du monde et surtout beaucoup de coeur, s’affranchissant du cynisme noir post-moderne épuisant des productions que l’on a depuis Watchmen. Oui, Invincible s’affirme donc bien jusqu’à la dernière case bien comme la meilleure série de comics super-héroïque de ses vingt dernières années dans le sens le plus pur du terme.