Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 20 Octobre au 26 Octobre
Dimanche 20 Octobre. X-Men Days of Future Past de Bryan Singer sur TF1.
2023. Les Sentinelles mènent contre les mutants une guerre sans merci. Le professeur Charles Xavier et Magnéto renvoient alors l’esprit de Wolverine dans son propre corps, en 1973, afin que celui-ci puise changer le cours du futur.
X-Men Days of Future Past s’appréhende tout autant comme une fin que comme un début. Le volet lie le prequel de Matthew Vaugh avec la trilogie originale, une rencontre au sommet pour ce qui s’avère aussi le dernier grand film X-Men. Œuvre ample, ambitieuse et puisant son inspiration dans le Watchmen de Moore et Gibbons, Days of Future Past offre un spectacle flamboyant, sophistiqué, ahurissant, qui réserve quelques scènes devenues cultes — Quicksilver sur du Jim Croce. Mais, derrière l’étincelante machine, Singer dote son long-métrage d’une noirceur inédite. De cette ouverture tout en désolation, jusqu’à sa fin qui se gorge de mélancolie, Days of Future Past se présente comme un blockbuster singulier, tout en exaltation et émotion.
Dans le genre saga cinématographique... France 2 propose le premier volet du triptyque autour du Hobbit. Toujours portée par Peter Jackson, la trilogie autour de Bilbon Saquat n’égale jamais celle autour de Frodon Saquet. C’est un fait qu’il faut reconnaitre, loin d’être mauvais, le film est entravé par l’esprit conte de l’œuvre de base que Jackson tente de malaxer avec des apports plus sombres devant permettre de lier les deux sagas.
Mais aussi... TF1SeriesFilms programme la comédie d’Alain Chabat RRRrrr !!! Une farce préhistorique qui illustre un fait : l’humour c’est intime. Bon nombre de critiques n’ont guère apprécié les sketchs peuplant le long-métrage, pourtant aujourd’hui une quantité non-négligable de répliques se sont imposent dans la pop-culture. En vieillissant RRRrrr !!! serait-il devenu une bonne comédie ? Personnellement, je n’en ai jamais douté.
Lundi 21 Octobre.
Les Temps Modernes de Charlie Chaplin sur France 5.
Charlot travaille à la chaine dans une grande usine. Sa tâche quotidienne consiste à serrer des écrous. Très vite aliéné par ces conditions de travail et la cadence infernale qu’on lui impose, il sombre dans la folie allant jusqu’à resserrer tout ce qui lui passe sous la main et asperger les gens avec sa burette d’huile. Cet épisode l’entraine dans une aventure rocambolesque ou il rencontrera une jeune femme abandonnée avec qui il va essayer d’affronter les pièges de la ville…
Dés son ouverture, Les Temps Modernes affiche ses ambitions, Chaplin filme l’époque dans sa mécanique la plus inhumaine. Les hommes se font engloutir par ces machines comme l’illustre l’une des scènes centrales du long-métrage. Une critique sans fard, sans concession pour le cinéaste qui capte les dérives de l’époque, toujours aussi d’actualité aujourd’hui avec un ton fortement caustique comme pour mieux faire passer la pilule. Au milieu de tout cela, Chaplin narre l’amour avec délicatesse, en faisant d’une rencontre la naissance d’une amitié qui par les signes du destin se transformera en un amour réhumanisant la machine. À partir de là, peu importe ce que réserve le futur, ils seront là l’un pour l’autre.
Mais aussi... Du western sur Arte avec L’homme de la Plaine réalisé par Anthony Mann. Un film en collaboration avec James Stewart, la dernière entre les deux hommes, que certains considèrent comme la moins bonne. Je ne suis pas réellement d’accord avec cela, Mann délaisse un certain humour présent dans ses films, il épure, il mute lui-même en un cinéaste plus tragique, plus désespéré, indéniablement plus pessimiste, plus hanté. Autant de mots qui raisonnent en moi comme des qualités.
Dans le registre culte... TF1 propose Asterix et Obelix : Mission Cléopâtre. L’inégalé volet des aventures de nos Gaulois mené par un Alain Chabat circulant avec impertinence dans l’héritage d’Uderzo et Goscinny. Un récit à l’humour dévastateur donc chaque visionnage permet de choper une référence qu’on n’avait pas encore eue, le tout emballé dans un sens du spectacle, du rythme, de l’inventivité qui manque cruellement a ses successeurs.
Mardi 22 Octobre.
SOS Fantômes de Ivan Reitman sur NRJ12.
Renvoyés par le doyen de leur faculté, trois experts en parapsychologie fondent une agence destinée à chasser les revenants. Sur un simple coup de fil, ils accourent pour éliminer les spectres menaçants. Rapidement, le standard de l’agence menace d’exploser : les fantômes déferlent sur toute la ville de New York.
Né dans l'esprit de Dan Aykroyd et John Belushi, SOS Fantômes est dès lors habité par l’humour du Saturday Night Live — émission dont émanent Aykroyd et Belushi. Doté d’un scénario bourré d’esprit et de précision, SOS Fantomes s’inscrit dans une époque de totale liberté pour les blockbusters, loin de la rigidité actuelle des studios. Dans la même veine que Retour Vers le Futur, le film de Ivan Reitman est impeccablement rythmé, drôle, spectaculaire et furieusement cartoonesque dans ses outrances visuelles et la créativité du cinéaste. Mais surtout, le boulot que fait SOS Fantomes il le fait humblement, sans vouloir se prétendre être autre chose et parvenant a insuffler une indéniable spontanéité. Tout cela explique en grande partie l’échec du reboot féminin de 2016 et fait atteindre la véritable suite du film de Ivan Reitman par son fils Jason Reitman avec appréhension — et un tantinet d’excitation.
Mais également... Le Monde Dory sur W9. Une suite du Le Monde de Némo qui avait de quoi effrayer, Pixar n’ayant pas toujours la main heureuse dans le domaine de la suite. Ouf de soulagement, celle-ci s’inscrit bien plus dans la réussite de la saga Toy Story avec un nouvel opus entre humour et pudeur. Une aventure plastiquement enivrante qui parvient à faire passer ses messages simple, mais si important sur l’amitié et l’acceptation des différences.
Thibaut Ciavarella