6ème long métrage en tant que réalisateur pour Yvan Attal après "Le Brio" (2017) qui était le premire dans lequel il ne se dirigeait pas. Avec ce film il revient à ce qu'il fait de mieux, à savoir une sorte d'introspection et évocation plus ou moins libre de sa propre vie de famille. Ce projet date pourtant de plus de vingt ans, le producteur Claude Berri avait déjà voulu adapter ce roman éponyme (1985) de John Fante avec Peter Falk dans le rôle principal. Mais à l'époque Yvan Attal ne se sentait pas pêt : "Je l'ai lu et je suis passé à côté, peut-être n'étais-je pas assez "vieux con", pas assez en phase avec la crise ou les crises de la cinquantaine." Yvan Attal, réalisateur-scénariste-acteur, collabore avec deux scénaristes sur ce film, Dean Craig connu pour la comédie "Joyeuses Funérailles" (2007) de Frank Oz et son remake "Panique aux Funérailles" (2010) de Neil La Bute, et Yael Langmann qui était déjà sur "Le Brio"...
Henri est en pleine crise de la cinquantaine et part du principe que ses échecs, son manque de libido et son mal de dos sont la faute à sa femme et ses enfants. Il décide alors d'adopter un chien énorme, mal élevé et obsédé et l'impose au domicile au grand dam de la famille... Si ses meilleurs films sont d'inspiration autobiographiques, le réalisateur n'est pas dupe de ce mélange fiction-réalité : "Je sais bien qu'en interprétant ce couple marié depuis 25 ans avec plein d'enfants, nous jouons avec notre passé cinématographique, avec ce que les spectateurs ont lu dans la presse people, ce qu'ils croient savoir. C'est un jeu risqué mais exaltant que nous abordons par ailleurs sans calcul, presque sans y penser."... "Nous", c'est évidemment le couple que Yvan Attal forme depuis plus de 28 ans avec Charlotte Gainsbourg. Le couple joue donc tout logiquement une nouvelle fois ensemble pour leur 10ème collaborations professionnelles depuis "Amoureuse" (1991) de Jacques Doillon. Mais surtout ils incarnent tous les deux un couple en crise comme dans "Ma Femme est une Actrice" (2001) et "Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants" (2004) déjà mis en scène par Yvan Attal. On notera que leur fils aîné joue un des quatre enfants, et retrouve donc ses parents après les deux films sus-cités et "Ils sont Partout" (2016). A leurs côtés on peut également citer Eric Ruf qui retrouve Yvan Attal après (2011) de Franck Mancuso, et qui retrouve sa partenaire Pascale Arbillot après (2017) de Guillaume Gallienne... Il faut rappeler que le livre est sans concession, féroce et immoral par bien des côtés. Charlotte Gainsbourg déclare : "J'adore ça, j'aodre qu'Yvan n'ait pas voulu faire lisse, consensuel, politiquement correct avec la famille, refuge idéal et autres sucreries. Ca n'a aucun intérêt d'adapter Fante sans mordant. De ce point de vue, je trouve le film noir mais humain et sincère." Et pourtant, Attal avoue de pas avoir osé aller aussi loin que le film : "Dans le livre ce n'est qu'une femme au foyer et qui plus est, raciste ! En adaptant j'ai tenté de me réapproprier cette histoire, et forcément nos 28 années ensemble m'ont beaucoup inspiré. (...) ... Je ne pouvais pas par exemple raconter cette scène de viol conjugal ! Il y a dans le livre ce moment où sa femme vomit, elle est au bord de l'évanouissement et il la viole. Les pages sont impossibles à transposer aujourd'hui bien sûr."... Evidemment que c'est faux, Yvan Attal décide de ne pas aller aussi loin mais artistiquement et techniquement c'est possible.
Malheureusement le cinéaste a préféré édulcorer et accepter la bien pensance actuelle. On peut le comprendre mais pas forcément la justifier. C'est gros soucis du film qui s'avère justement consensuel et politiquement correct. Attal n'ose jamais aller au fond des choses, juste assez pour nous faire sourire et gratter à la surface, juste à la surface. Et pourtant il y a matière, le ton sarcastique et cynique survole le film, oscillant entre drame dépressif et comédie satirique qui offre quelques sourires et de jolies moments d'émotion. La voix Off et le chapitrage permet de nous inviter dans l'inspiration de l'écrivain. En prime une jolie photographie, soignée et en adéquation avec l'état émotionnel de l'écrivain. Par contre, on ne sent aucune osmose et/ou attachement avec et entre les enfants qui sont tous trop détachés les uns avec les autres. Les deux parents monopolisent l'écran de A à Z, le couple Gainsbourg/Attal est magnifique. Les relations intra-familiaux sont justes et Attal montre une fois de plus une acuité certaine dansce domaine. On passe donc un bon moment, mais le film reste dans le rayon de la comédie dramatique à la française de base, sans prise de risque et sans audace réelle. Dommage, on ne peut qu'imaginer ce que ça aurait pu donner avec du poils à gratter plus direct.