Folle à te tuer

Un grand merci à StudioCanal pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Folle à tuer » d’Yves Boisset.

Folle_à_tuer

« Tu sais à quoi ça ressemble, toi, un fou ? »

Sortie d'une clinique psychiatrique, une jeune femme se nommant Julie Ballenger est placée comme gouvernante chez un riche industriel. Là, elle doit s’occuper d’un jeune garçon au tempérament tyrannique dont les parents sont récemment décédés. Mais un tueur à gages les enlève, elle et le petit garçon dont elle a la charge...

« Qui vous dit qu’un grain de sable n’est pas aussi important qu’une étoile ? »

Folle_à_tuer_Victor_Lanoux

Enfant de la seconde guerre mondiale, Yves Boisset fait d’abord ses armes dans le milieu du cinéma comme critique pour plusieurs publications avant de devenir à son tour réalisateur à compter du milieu des années 60. Là, durant près de deux décennies, il incarnera presque à lui tout seul (Jean-Pierre Mocky préférant une approche plus triviale) la frange contestataire du cinéma français. Esprit libre et épris de liberté, parfois même un peu franc-tireur sur les bords, il signera ainsi une succession de films engagés dénonçant pêle-mêle les violences policières (« Un condé »), la corruption politique (« L’attentat », « Le saut de l’ange », « Le juge Fayard dit le Shérif »), le colonialisme (« R.A.S. »), l’institution militaire (« Allons z’enfants »), la bourgeoisie (« La femme flic ») ou encore le racisme (« Dupont Lajoie »). Toutefois, entre deux brûlots, il sut aussi s’offrir quelques récréations en s’adonnant au cinéma de genre, et notamment au polar.

« Nous ne pouvons pas éviter la fréquentation des fous car nous sommes tous fous ! »

Folle_à_tuer_Tomas_Millian

Un genre que ce passionné de cinéma américain - et notamment de films noirs - affectionne tout particulièrement. Ainsi, en 1975 il signe entre « R.A.S. » et « Dupont Lajoie » « Folle à tuer », adaptation du roman « Ô dingos, ô châteaux » de Jean-Patrick Manchette. Soit l’histoire du rapt d’un enfant héritier d’un empire industriel et de sa nurse puis de leur course effrénée pour échapper à leurs ravisseurs. Une intrigue qui paraissait presque trop classique sur le papier. C’était bien sur sans compter sur le talent de Boisset, toujours prompt pour instiller à son récit une bonne dose de perversité et d’irrévérence. Et de fait, il nous convie à un récit de fous, peuplé de personnages tous plus barrés les uns que les autres. Du patron cynique à son chauffeur violeur en passant par le tueur sadique et sexuellement frustré envoyé à leurs trousses. Finalement, Boisset s’en sort par un habile pied-de-nez par lequel la jeune nurse, qu’on croyait pourtant mentalement fragile suite à son séjour prolongé à l’asile, est sans doute le personnage le plus sain et le plus humain de tous. En creux, il esquisse aussi une critique acerbe du capitalisme (ici symbolisé par cette famille de riches industriels) qui encourage la cupidité et l’individualisme au détriment de toute forme de morale. Tout juste regrettera-t-on que le scénario se fasse parfois un peu trop léger, opérant certains rebondissements un peu trop grossiers (la voiture piégée mais par qui ? Le gamin qui trouve la preuve capitale en un claquement de doigts...). D’autant plus regrettable que le film bénéficie de surcroit d’un casting impeccable (Marlène Jobert, Michael Lonsdale, Victor Lanoux et le formidable Tomas Millian).

Folle_à_tuer_Marlene_Jobert

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition, en version originale française (2.0).

Côté bonus, le film est accompagné d’une préface de Jean-Baptiste Thoret, d’un entretien avec Yves Boisset pour l’émission Cinescope (1984, 48 min.) et d’une bande-annonce.

Edité par StudioCanal, « Folle à tuer » est disponible dans la collection « Makemyday ! » (dont il est le numéro 14) en double combo blu-ray + DVD avec « Canicule » du même réalisateur.

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