De Xavier Dolan
Avec Gabriel D’Almeida Freitas, Xavier Dolan, Anne Dorval
Chronique : Après son expérience hollywoodienne pour le moins mitigée, Dolan opère un bienvenu retour aux sources et tourne au Québec une histoire d’amitié qu’un événement à priori anodin va profondément contrarier.
Un baiser « pour de faux » échangé entre deux amis devant une caméra à la veille du départ de l’un d’eux va avoir des répercussions inattendues sur leur relation et par extension sur leur entourage
Si Dolan ne s’est jamais illustré par la sobriété de son cinéma, il excelle toujours autant dans sa manière de capter la dynamique d’un groupe.
Sa mise en scène sophistiquée, riche d’effets travaillés et toujours admirablement exécutés, sert de fil conducteur à l’histoire de Matthias et Maxime. Des ralentis vaporeux, des routes qui déroulent, des scènes en accéléré, autant d’inventions visuelles au service d’un scénario qui parvient progressivement à exposer l’évolution de leurs rapports, entre incompréhension, désir refoulé, frustration et peur de tout perdre. Des questionnements intimes et humains qui pourraient faire vriller des vies d’adultes tout juste entamées.
Dolan appuie sur des ressorts dramatiques qu’il maîtrise à la perfection. La musique, évidemment, et des chansons qui collent à ses personnages et à leurs états d’âmes comme de secondes peaux, mais aussi ces réunions de bande qui créent une tension propice à ce que les non-dits ou les secrets éclatent. Et un film de Xavier Dolan ne serait pas un film de Xavier Dolan sans le rapport œdipien à la mère (formidable Anne Dorval), qui est ici particulièrement violent mais à qui le réalisateur offre une sorte de clin d’œil final, comme s’il en avait terminé avec cette thématique centrale dans son cinéma
Certes le scénario n’est pas sans quelques lourdeurs et le jeu assez inégal des acteurs vient parfois plomber une narration qui peut être un peu parasitée par le fait que le réalisateur se soit confié l’un des rôles principaux, mais Dolan parvient assez facilement à nous éblouir par quelques scènes bien senties, et surtout à nous donner envie de savoir ce que sont et seront Matthias et Maxime.
Sans atteindre les sommets de ses œuvres les plus abouties (Laurence Anyways, Juste la fin du monde), ni la parfaite sobriété de Tom à la Ferme, Matthias et Maxime est une très jolie réflexion sur l’amour, l’amitié et la frontière parfois tenues qui les sépare.
Synopsis : Deux amis d’enfance s’embrassent pour les besoins d’un court métrage amateur. Suite à ce baiser d’apparence anodine, un doute récurrent s’installe, confrontant les deux garçons à leurs préférences, bouleversant l’équilibre de leur cercle social et, bientôt, leurs existences.