Un film sur le "méchant" de Batman ? Ou pas ?
Un film sur les super héros issues des comics et autre Marvel auréolé du Lion d’Or à la Mostra de Venise, çà a de quoi surprendre. Et bien pas tant que cela, les adeptes des blockbusters américains seront déçus par un film plus politique que spectaculaire ; titré Joker, il est en fait un pied de nez au cinéma dont il fait référence. L’esthétique est crade, l’hyper réalisme glauque assumé ; on est loin des super productions proprettes d’Hollywood balançant son flot continu d’effets spéciaux et de scènes d’action interminables. Todd Phillips se revendique scorcesienne et affiche clairement s’être inspiré de « Taxi Driver », et bien au-delà de l’esthétisme type New-York 80’s. Comme Scorcese, il épouse le point de vue d’un sociopathe et le suit dans sa spirale meurtrière. Même si les traits de son personnage central sont quel peu forcés ; Todd Phillips interroge la société sur sa responsabilité dans l’émergence de monstres ; on retrouve aussi çà chez Schumacher et « Chute libre » ; et comment traité ensuite le mal ; et là on pense mais plus modestement ici à « Orange mécanique » de Kubrick. Son « Joker » n’est en effet qu’un pauvre type défaillant mental au début mais les germes du mal sont en lui et la société nourrie la bête tapie dans l’ombre. Humilié à de multiples reprises, cet aspirant comique raté faisant le clown comme homme sandwich va finir par basculer du côté obscur de la force et devenir le symbole des exclus de tout bord…. Et ce bien malgré lui. Car si le film est politique, le Joker ne l’est pas ; c’est un pauvre type sans conscience politique ; mais comme reflet des relans populistes de nos sociétés, il sera le catalyseur et le symbole d’une société ne demandant plus qu’une étincelle pour s’embraser. Jusqu’à un climax final au cours d’un talk-show à grosse audience d’une violence rare, à l’image du film, qui fera couler beaucoup d’encre et qui pose bien des questions sur le choix artistique. Veut-on magnifier la justice citoyenne ou bien souhaite-t-on nous éclairer sur la nécessité de comprendre comment une victime peut se transformer en agresseur pour mieux être préventif ? Ce nez rouge du Joker comme signe de ralliement dans le film rappelle donc étrangement le gilet jaune. Mais le pied ultime, dans ce film dont l’excessivité du Joker se révèle être en fait un ballon d’oxygène, est la performance de Joachim Phoenix. Au-delà de la transformation physique très hollywoodienne, Joachim Phoenix offre une prestation hallucinante qui le place dans les grands Joker à l’image de Nicholson. Sans Phoenix, pas sûr que je sois sorti aussi enthousiaste du film ; il est le film. A voir impérativement car captivant de bout en bout ; craintifs de d’ultra violence sèche s’abstenir.
Sorti en 2019
Ma note: 18/20
Un film sur les super héros issues des comics et autre Marvel auréolé du Lion d’Or à la Mostra de Venise, çà a de quoi surprendre. Et bien pas tant que cela, les adeptes des blockbusters américains seront déçus par un film plus politique que spectaculaire ; titré Joker, il est en fait un pied de nez au cinéma dont il fait référence. L’esthétique est crade, l’hyper réalisme glauque assumé ; on est loin des super productions proprettes d’Hollywood balançant son flot continu d’effets spéciaux et de scènes d’action interminables. Todd Phillips se revendique scorcesienne et affiche clairement s’être inspiré de « Taxi Driver », et bien au-delà de l’esthétisme type New-York 80’s. Comme Scorcese, il épouse le point de vue d’un sociopathe et le suit dans sa spirale meurtrière. Même si les traits de son personnage central sont quel peu forcés ; Todd Phillips interroge la société sur sa responsabilité dans l’émergence de monstres ; on retrouve aussi çà chez Schumacher et « Chute libre » ; et comment traité ensuite le mal ; et là on pense mais plus modestement ici à « Orange mécanique » de Kubrick. Son « Joker » n’est en effet qu’un pauvre type défaillant mental au début mais les germes du mal sont en lui et la société nourrie la bête tapie dans l’ombre. Humilié à de multiples reprises, cet aspirant comique raté faisant le clown comme homme sandwich va finir par basculer du côté obscur de la force et devenir le symbole des exclus de tout bord…. Et ce bien malgré lui. Car si le film est politique, le Joker ne l’est pas ; c’est un pauvre type sans conscience politique ; mais comme reflet des relans populistes de nos sociétés, il sera le catalyseur et le symbole d’une société ne demandant plus qu’une étincelle pour s’embraser. Jusqu’à un climax final au cours d’un talk-show à grosse audience d’une violence rare, à l’image du film, qui fera couler beaucoup d’encre et qui pose bien des questions sur le choix artistique. Veut-on magnifier la justice citoyenne ou bien souhaite-t-on nous éclairer sur la nécessité de comprendre comment une victime peut se transformer en agresseur pour mieux être préventif ? Ce nez rouge du Joker comme signe de ralliement dans le film rappelle donc étrangement le gilet jaune. Mais le pied ultime, dans ce film dont l’excessivité du Joker se révèle être en fait un ballon d’oxygène, est la performance de Joachim Phoenix. Au-delà de la transformation physique très hollywoodienne, Joachim Phoenix offre une prestation hallucinante qui le place dans les grands Joker à l’image de Nicholson. Sans Phoenix, pas sûr que je sois sorti aussi enthousiaste du film ; il est le film. A voir impérativement car captivant de bout en bout ; craintifs de d’ultra violence sèche s’abstenir.
Sorti en 2019
Ma note: 18/20