Un bon artisan, deux acteurs impeccables, une course automobile légendaire qui sent l’huile et l’essence, voilà les ingrédient d’une belle réussite à l’ancienne avec Le Mans 66.
Les bons films de course automobile ne sont pas forcément très nombreux. De Le Mans avec Steve McQueen au Rush de Ron Howard, il faut vraiment réfléchir pour en trouver et ce n’est pas Michel Vaillant qui va nous contredire. Aussi quand un artisan aussi robuste que James Mangold s’intéresse au sujet avec deux acteurs du calibre de Christian Bale et Matt Damon, on se dit qu’on tient là peut-être de quoi augmenter un peu les références du genre.
Avec Le Mans 66, il ne faut pas spécialement se fier au titre américain (Ford v Ferrari), ni au titre français car au delà du simple contexte, la rivalité entre les deux écuries au moment où Ford cherche un nouveau moyen de s’imposer sur le marché européen via la course celle n’est que peu abordée.
Une amitié plus forte que la voiture
En effet, le film se concentre avant tout sur deux personnages. D’un côté Carroll Shelby (ancien pilote et choisi par Ford pour construire la voiture qui va permettre de battre Ferrari), de l’autre Ken Miles (mécano et pilote émérite). C’est avant tout leur amitié et leur volonté d’aller plus loin et plus vite avec leur automobile qui va conduire le film.
Et de ce côté, c’est réussi car au delà des interprétations impeccables de Matt Damon et Christian Bale (ce dernier n’a d’ailleurs jamais été aussi lumineux), c’est leur écriture qui importe avec une relation d’amitié parfaitement décrite, sans complexité et sans simplisme, avec un grand respect et une volonté commune d’aller plus loin et de porter leur sport et la technique au sommet.
La course qui sent l’huile de coude
Avec le profond attachement que l’on a pour les personnage, les 2h30 de film un peu longues passent du coup très bien. Il faut dire qu’il y a également de quoi explorer le milieu de la course auto des années 60 avec évidemment la petite rivalité avec Ferrari, mais surtout une grande bataille au sein même de Ford puisque Shelby et Miles doivent se mettre le patron héritier dans la poche face à des costard-cravate qui pensent plus à la belle photo qu’à la réelle innovation. Quelque chose qui résonne donc encore aujourd’hui dans de nombreuses industries et qui rendent son discours toujours actuel.
Enfin, il y a évidemment la course du titre français qui occupe une bonne place du film. A la fois parce qu’elle en est l’enjeu qui nous préoccupe pendant tout le métrage mais aussi parce qu’on la voit vraiment du point de vue de Shelby et Miles dans tout le dernier tiers. Démarrage, arrêt au stand, problèmes techniques, petits coups bas face au concurrent, tout est là mais entre les mains de Mangold et avec son scénario bien construit, tout se déroule à merveille pour nous laisser apprécier cette course avec ces anciennes voitures qui sentent le réèl tout en donnant bien la sensation de vitesse que l’on était en droit d’attendre.
Le Mans 66 est ainsi un beau film de course mais aussi et surtout un beau film d’amitié et de personnages que nous offre l’artisan James Mangold. Bref, un film à l’ancienne parfaitement réussi qui fait du bien.