El Gringo (1968) de Silvio Narizzano

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Voilà un western qui sent bon le spaghetti, connu également sous le titre de "Blue", ce "El Gringo" ajouté auy non du cinéaste pourrait faire croire à un film italien. Mais pas du tout, il s'agit d'une production américaine réalisée par un canadien dénommé Silvio Narizzano. Ce dernier est peu connu, il émigre à Londres où il travaille essentiellement pour la télévision jusqu'à remporté le BAFTA de la meilleure série dramatique pour "Court martial" (1966). Il en signe son premier long métrage qu'avec la mythique firme Hammer Films Productions pour le thriller "Fanatic" (1965). Après le drame "Georgy Girl" (1966) le cinéaste se lance dans ce western qui a, pourtant, bel et bien la saveur d'un spaghetti, un genre alors en plein boum. Les scénaristes sont Ronald M. Cohen qui venait de faire ses armes dans l'univers du far-west avec les séries TV "Jesse James" (1966) et "Shane" (1966), puis Meade Roberts connut pour son travail sur "L'Homme à la Peau de Serpent" (1960) de Sidney Lumet.

A noter qu'en réalisateur 2nde équipe et superviseur cascade on trouve un certain Yakima Canutt, légende dans son domaine, qui après avoir été champion de rodéo à développer la cascade au rang d'art de "La Chevauchée Fantastique" (1939) de à (1960) de Stanley Kubrick en passant par "Ivanhoé" (1952) de Richard Thorpe et "Ben-Hur" (1959) de Wylliam Wyller... Blue est le surnom d'un bandit blond aux yeux bleus qui a été élevé par un chef de gang mexicain, faisant à priori partit d'une famille un peu particulière. Mais après une attaque contre des fermiers au-dessus du Rio Grande, Blue s'attache à une jeune fille qui vit avec son père. Alors qu'il tente de changer de vie, son père adoptif entend bien le faire revenir dans le giron familial mexicain... Blue est incarné par Terence Stamp qui a gravit les échelons avec des films comme (1962) de Peter Ustinov et "L'Obsédé" (1965) de William Wyller. La fille est jouée par la jolie Joanna Pettet remarquée dans "La Nuit des Généraux" (1967) de Anatole Litvak et "Casino Royale" (1967) collectif dont John Huston, son père fermier est interprété par le toujours excellent Karl Malden et le "méchant", père adoptif mais aimant, est incarné par le grand acteur mexicain Ricardo Montalban, les deux hommes se retrouvant après un autre western, le chef d'oeuvre "Les Cheyennes" (1964) de John Ford... Le début du film est assez violent et âpre pour nous immerger dans un univers façon western spaghetti, avec les mexicains, la frontière, l'homme aux yeux bleus froid et mutique, tuer de sang froid... etc... Puis étonnament le film revient à un style plus hollywoodien avec cette idée de rédemption et de pardon.

Pour la mise en scène, il faut bien avouer que Narizzano n'est pas franchement inspiré et créatif, il copie clairement les maîtres comme Sergio Leone et Sergio Corbucci (gros plan notamment) et en profite pour intégrer des ralentis à la Sam Peckinpah qui ne sont pas franchement judicieux. Par contre l'évolution du récit est intéressante, et si la question de la paternité est un peu simpliste la remise en cause de Blue est beaucoup mieux construite avec une fin pas si attendue. Stamp in carne un Blue mi-ange (physique) mi-démon (morale) bien qu'un peu trop surjoué dans le côté renfrogné et muet. Plusieurs séquences marquent de par l'intensité (la fête, la confrontation père-fils) et on salue l'impressionnante dernière bataille pour son efficacité même si on a bien du mal à comprendre pourquoi les villageois se laissent aussi facilement embrigader par un homme pour qui ils ont si peu d'estime. Silvio Narizzano signe un western original dans le style avec un vrai fond malgré ses maladresses. Un bon moment. A conseiller.

Note :