La Reine des neiges 2 de Jennifer Lee et Chris Buck

Par Bobby @MissBobbyD

Libérée machin chose et après ?!

Il aura fallu près de six ans à Jennifer Lee et Chris Buck pour réaliser une suite à La Reine Des Neiges, monumental Disney hivernal au succès que l’on connait. Timing parfait pour retrouver Elsa et Anna au royaume d’Arendelle, là où trois ans seulement se sont écoulés, et partir à la découverte d’une forêt enchantée, prisonnière d’un brouillard mystérieux.

Survivrons-nous à un nouveau « Libérée, Délivrée » ?

Ah La Reine Des Neiges, ses paysages devenus automnales, sa sororité royale, son Olaf… et ses chansons ! Chaque personnage a le droit à la sienne, même Kristoff, façon clip de boys band tout droit sorti des années 90 qui en fait un summum de kitsch et d’autodérision. Un régal !

Vectrices des pensées et émotions profondes de nos héros, elles s’intègrent au récit en n’oubliant (presque) pas de le développer. Mais trop nombreuses et (heureusement ?) moins marquantes que le bien trop fameux « Let It Go », elles ont tendance, pour certaines, à simplement remplir l’espace.

En six ans, le public a bien grandi et ses héroïnes aussi. Elsa, maintenant reine d’Arendelle, cherche à déterminer l’origine de ses pouvoirs, tout en protégeant son royaume, là où Anna mûrit et gagne en responsabilités. Et même Olaf, petit bonhomme de neige de son état, se trouve confronté à de grandes questions existentielles au fur et à mesure qu’il voit son monde évoluer. Comique au possible, ses scènes n’en oublient pas d’être pertinentes en questionnant le rapport au changement, au fait de grandir ou même à la mort.

Plus mature que son prédécesseur, le film se permet d’être un tantinet plus sombre et s’éloigne du conte merveilleux pour plonger du côté de la fantaisie. L’évocation des quatre éléments sont alors prétextes à prouesses visuelles, qu’elles prennent la forme d’un cheval fait d’eau galopant sur les mers, d’un combat de géants de pierre ou des pouvoirs d’Elsa. Un écrin visuel à la beauté renversante. Les incroyables textures et couleurs chatoyantes (un rien mélancolique) de cet automne qui succède à l’hiver blanc insufflent une poésie tourbillonnante à une aventure plus profonde qu’il n’y parait. L’indépendance, le pardon, le changement climatique et la peur de l’autre sont autant de sujets évoqués, parfois trop rapidement, au fil du récit.

Car privilégiant la richesse visuelle et les chansons La Reine des neiges 2 en devient frustrant quand il ne prend pas le temps de s’attarder assez sur les éléments nouveaux de son histoire, les laissant en suspens. À l’image de cette forêt enchantée, empreinte d’un vaste passé et d’une mythologie qui resteront presque inexplorés, de ce peuple qui l’habite ou encore tout simplement de l’origine et de la nature même des pouvoirs d’Elsa.

Mais ces petites faiblesses d’écriture sont pourtant loin de nuire à cette suite enchanteresse, à la sincérité rafraichissante qui ravira petits et grands, et qui, dans mon cœur, a même réussi à détrôner son ainé.

Sortie en salles le 20 Novembre 2019.

Morgane Duval