Projet siglé Netflix (production-distribution) qui date déjà de 2013, année où il a été annoncé que le film adapté des pièces "Henri IV" (1596) et "Henri V" (1599) de William Shakespeare est écrit en duo par David Michôd et Joel Edgerton. Les deux hommes se connaissent bien,Edgerton a joué dans "Animal Kingdom" (2010) de Michôd, et les deux ont co-écrit (2014) réalisé par Michôd. Les deux amis sont également co-producteur, aux côtés d'ailleurs d'un certain Brad Pitt qui jouait dans "War Machine" (2017) de David Michôd.. Alors que le roi Henri IV, paranoïaque et belliciste, se meurt, le fils aîné surnommé Hal va devenir roi sans franchement le vouloir et devenir Henri V, un roi qui se veut l'exact contraire de son défunt père... Le roi Henri V est incarné par Timothée Chalamet aujourd'hui devenu une star après des films comme (2018) de Scott Cooper à "Un Jour de Pluie à New-York" (2019) de Woody Allen.
Henri IV est incarné par Ben Mendelsohn qui croise ainsi pour la 5ème film Joel Edgerton dont "Animal Kingdom" de Michôd, et acteur vu récemment dans le rôle de Talos dans "Captain Marvel" (2019) de Anna Boden et Ryan Fleck suivi de "Spider-Man : Far From Home" (2019) de Jon Watts. Joel Edgerton se réserve le rôle central de Falstaff. Louis de Guyenne est interprété par Robert Pattinson qui jouait déjà dans "The Rover" cité plus haut, et qu'on a annoncé comme étant le prochain "The Batman" (2021) de Matt Reeves. Catherine de Valois, future épouse du roi, est jouée par Lily Rose-Depp dans son premier film en langue anglaise depuis (2014) de Kevin Smith, puis enfin Gascoigne joué par Sean Harris surtout connu pour avoir été le méchant Solomon Kane dans "Mission Impossible : Rogue Nation" (2015) et "Mission Impossible : Fallout" (2018) tous deux de Christopher McQuarrie... Attention, au vu des critiques trop nombreuses sur les inexactitudes historiques du film, insistons sur le fait que jamais ce film n'a été déclaré comme étant un film purement historique, il est avant tout adapté de deux pièces de théâtres signées Shakespeare, auteur qui avait lui-même pris beaucoup de libertés avec les faits !... On ne peut donc pas légitimement et objectivement critiquer ce film sur ce point même si on se mord la langue quand on est passionné (aussi !) d'Histoire. D'ailleurs, dans un sens David Michôd avait déjà biaisé la réalité avec le film "War Machine" (2017) avec un certain Brad Pitt qui se retrouve co-producteur sur "The King". Dans "The King" on peut par exemple soulevé que Henri V était agressif et qu'il poursuivait la politique de ses aïeux, qu'il n'a jamais été un débauché mais par contre a été gravement blessé par une flèche lui laissant une cicatrice hideuse à la joue. Sans compter l'interventino fantaisiste de Louis de Guyenne ou l'apparition complètement inventé du personnage de John Falstaff... etc...
Mais à l'instar de Shakespeare, ce qui est intéressant ce n'est pas moins le contexte historique que le moyen de démontrer que le pouvoir corrompt les meilleures intentions. Dès le début Hal va devenir Henri V à l'insu de son plein gré comme Michael Corleone va devenir (1972) chez Coppola. Ainsi, si Hal (futur Henri V) a vu son père devenir un roi cruel et paranoïaque lui-même va se confronter aux aléas du pouvoir. La force des convictions a ses limites. Dans une reconstitution minutieuse, à la fois sombre, sobre et austère David Michôd signe une mise en scène âpre et réaliste qui est à mi-chemin entre (2015) de Justin Kurzel et la série TV "Game of Throne" ; d'ailleurs Michôd pompe littéralement une séquence mythique de la série, à savoir la bousculade sanglante dans l'épisode dit "la bataille des Bâtards". Le cinéaste se justifie en rappelant que la bataille de Azincourt fût un bourbier et qu'il fallait en montrer littéralement les effets, soit, il n'en demeure pas moins que le copié-collé est flagrant. Le scénario est en tous cas parfaitement cohérent entre coulisses politiques et batailles, restant très réalistes dans les décors et costumes à défaut de l'être dans les faits historiques relatés. On sera plus circonspect sur le personnage de Falstaff, sorte de bonne conscience du roi Henri V, mais qui reste finalement plutôt sous-exploité et surtout un peu inutile dans l'évolution du récit même si il est le déclencheur bien malgré lui de la métamorphose ultime de Hal en Henri V. En conclusion, si c'est un film historique plus solide dans la forme que sur le fond il reste un drame intelligent et une adaptation assez foisonnante pour combler nos attentes avec, en prime, des acteurs talentueux et inspirés.