Un grand merci à Pathé pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le silence est d’or » de René Clair.
« Première leçon : ne te marie jamais ! »
Émile Clément, un séduisant cinéaste quinquagénaire s'éprend d'une jeune et prometteuse actrice, Madeleine. Cependant Franck, son jeune assistant qu’il a pris sous son aile et à qui il a tout appris en matière de séduction, mais qui demeure plus sentimental et moins expérimenté, tombe également amoureux de la jeune femme...
« Cette femme n’est pas comme les autres : elle est pire ! »
Chroniqueur de la vie culturelle parisienne et compagnon de route des artistes qui animent l’avant-garde culturelle des années folles, René Clair signe ses premières réalisations au début des années 20 et s’impose en l’espace de quelques années comme l’un des réalisateurs majeurs du cinéma français. Il dirige alors les plus grands acteurs du moment (Albert Préjean, Charles Vanel, Françoise Rosay) et réussit sans encombre le passage au cinéma parlant en 1930 avec « Sous les toits de Paris ». Au début des années 30, il est l’un des rares cinéastes français dont le talent est reconnu à l’international, faisant de lui l’un des tenants de la qualité française. Mais après l’échec relatif du « Dernier milliardaire » (1934), il part se refaire une santé en Angleterre où il tourne deux films (« Fantôme à vendre » et « Fausses nouvelles »). Son retour en France aurait du avoir lieu en 1939 avec « Air pur », mais la déclaration de guerre en décidera autrement : le film restera inachevé et René Clair préfère partir à Hollywood que de rester travailler pour l’occupant. Il restera en Amérique durant toute la guerre, y tournant quatre films (dont « La belle ensorceleuse » avec Marlène Dietrich) où il renoue notamment avec son goût pour le fantastique (« Ma femme est une sorcière », « C’est arrivé demain »).
« A ton âge il ne faut jamais attendre : la jeunesse, ça ne dure pas ! »
Mais c’est par le biais de la comédie qu’il fait son retour définitif au pays en 1947, soit près de quinze années après l’avoir professionnellement quitté. Et tandis que la France, sortie exsangue de la guerre, est en pleine reconstruction, il propose avec « Le silence est d’or » une comédie romantique qui reprend très librement le canevas de « L’école des femmes » de Molière. Ici, un réalisateur d’âge mûr au tempérament de séducteur s’éprend d’une jeune apprentie actrice, de même que son jeune assistant et protégé à qui il a tout appris de l’art de la séduction. Une histoire de triangle amoureux assez classique, mais qui se retrouve contrariée du fait de l’amitié et de la loyauté qui lient les deux hommes. Toutefois, si le scénario se révèle d’une belle finesse, offrant des situations savoureuses et des dialogues très efficaces, « Le silence est d’or » vaut aussi pour sa mise en scène d’une remarquable précision, preuve que René Clair n’a rien perdu alors de son talent. Le film est aussi pour lui l’occasion d’un joli hommage au cinéma muet et à une époque de relative insouciance, où les films se faisaient de façon très artisanale. Si François Perrier et Marcelle Derrien sont parfaits de sobriété, c’est surtout Maurice Chevalier qui crève l’écran dans un rôle inhabituel de séducteur vieillissant où il fait montre d’une mélancolie assez inédite. Une belle redécouverte.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée en 4K à partir du négatif original en 2018 sous la supervision de Pathé, en version originale française (1.0). Des sous-titres français pour malentendants et anglais sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de « Un sacre en trompe-l’oeil » (Pathé, 2019, 36 min.), « Portrait du metteur en scène René Clair » (archive, 13 min.) et « Le retour au cinéma de Maurice Chevalier » (archive, 1 min.).
Edité par Pathé, « Le silence est d’or » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 23 octobre 2019.
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