[CRITIQUE] : The Report

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Scott Z. Burns

Acteurs : Adam Driver, Annette Bening, Jon Hamm, Maura Tierney, Michael C.Hall, Tim Blake Nelson,...
Distributeur : Amazon Prime Video
Budget : 8 million de $
Genre : Thriller
Nationalité : Américain
Durée : 2h00min

Synopsis :

Immédiatement après les attentats du 11 septembre, la CIA se lance dans la guerre contre le terrorisme et dans des pratiques extrêmes d'interrogatoire sur les détenus. Des pratiques détaillées dans un rapport de plus de 500 pages commandé par le US Senate Select Committee on Intelligence.


Critique :

Pour son 1er film, Scott Z. Burns s'offre avec #TheReport, un film exigeant, intelligent, glaçant et surtout essentiel pour ce qu’il dit de l’Amérique, de comment elle est prompte a bafouer ses valeurs et le long chemin qu'elle emprunte pour reconnaitre ses erreurs. (@Thiboune) pic.twitter.com/MFDbYqZJ7d— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) December 1, 2019

Après avoir notamment bossé avec Steven Soderbergh sur pas moins de 4 films - dont le récent The Laundromat - et avant la sortie de No Time To Die; le prochain James Bond de Cary Joji Fukunaga auquel il a participé, Scott Z. Burns s’offre un premier long-métrage avec The Report. Un thriller politique à l’efficacité certaine, mais surtout, revêtant une grande importance quant à notre définition du mot démocratie.

« democracy is messy » dit Denis McDonough (Jon Hamm), chef de cabinet de Barack Obama entre 2013 et 2017, et c’est bien ce qu’expose le tout jeune cinéaste au travers d’un récit glaçant de bout en bout. Se déroulant sur plusieurs années, dans lesquelles ont ne cesse d’aller et venir, Burns ausculte l’Amérique post-11 septembre, totalement aveuglée par la rage et salissant, au nom de la sécurité des Américains, ses propres valeurs.

Mais, l’intelligence de The Report réside dans son exigence vis-à-vis du sujet. Il est certain que l’intrigue déploie, malgré sa fluidité et son rythme soutenu, n’élude jamais la densité qui lui est propre. Le long-métrage illustre comment les mensonges de la CIA se sont lentement infusés dans l’opinion publique. Notamment au travers du film Zero Dark Thirty, dont Burns glisse une bande-annonce; afin non pas d’y critiquer l’œuvre de Kathryn Bigelow, mais de montrer comment le cinéma a pu véhiculer - sans le vouloir - la fake news de l’agence de renseignement. De plus, si la présidence Bush est égratignée, puisqu’à l’origine de la mise en place de la torture; Burns y critique également l’administration Obama, qui dans sa volonté de tourner la page veut purement et simplement étouffer le rapport mené par Daniel Jones.

Essentiel à plus d’un titre, The Report ne peut pleinement et entièrement satisfaire en partie à cause de ses personnages. En s’appuyant sur des faits réels, Burns se bute à un exercice plus proche du documentaire que de la fiction, un mal pour un bien qui entraîne un faible attachement pour ces incarnations. Si le casting fait des merveilles, Adam Driver en premier lieu, son personnage n’est au final défini qu’à travers la mission qui lui incombe. Si l’on est jamais insensible a ce qui se passe à l’écran, on n’est au fond plus inquiet par l’aboutissement de cette intrigue que par les personnages qui lui donne vie.

Pour autant, The Report est un film important pour ce qu’il dit de l’Amérique, de comment elle est prompte a bafouer ses valeurs et le long chemin afin de reconnaître ses erreurs. Un message qui revêt un caractère encore plus frigorifiant quand apparaît les textes de fin montrant que les agents impliqués dans ces actes n’ont jamais été inquiétés bien au contraire. Rien de pour cela, The Report est nécessaire.


Thibaut Ciavarella